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15,4 % de la population française est en situation d’illectronisme. Si ces chiffres publiés par l’Insee en 2023 semblent encourageants (2 points de moins qu’en 2019), ils se confrontent à d’autres études qui témoignent des difficultés numériques rencontrées par des publics pourtant considérés comme "connectés" :
- un Français sur quatre (25 %) ne maîtrise pas suffisamment les outils numériques pour les utiliser pleinement selon le "Baromètre du numérique - équipements et usages" réalisé par l'Arcep et l'Arcom en mai 2024 ;
- et un tiers des Français de plus de 18 ans (31,5 %, soit 16 millions de personnes) serait même concerné par le phénomène d’éloignement du numérique d'après l'étude de l'Agence nationale de la cohésion des territoires datant de 2023, intitulé "La société numérique française : définir et mesurer l’éloignement numérique".
Avec les mairies, les médiathèques et les bibliothèques sont les lieux d’accompagnement numérique les plus connus par les Français, loin devant les espaces France Services ou les associations de proximité (toujours selon l'étude réalisé par l'Arcep et l'Arcom en mai 2024). "Dans tous les contextes, il s’agit d’accompagner le citoyen dans ses pratiques numériques afin de lui permettre d’accéder à l’autonomie, de dédramatiser l’usage du numérique, de faciliter la prise en main des outils", confirme une enquête récente menée sur les médiateurs numériques "hors et en bibliothèque" par la Commission numérique de l’Association des bibliothécaires de France (ABF).
Cette transmission de compétences couvre tous les enjeux du numérique : technique, éducatif, social et culturel. "Deux aspects sont à distinguer : les professionnels et les usagers", précise Julia Morineau-Éboli, responsable de la Commission numérique de l’ABF et directrice de la médiathèque départementale de la Haute-Loire (43). "Pour les deux, cela nécessite un travail d’acculturation et d’encapacitation numérique. Notre rôle s’inscrit dans un processus de transmission dont les objectifs sont la compréhension et la maîtrise du numérique afin de rendre chacun autonome dans ses usages".
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Ateliers pratiques et cafés numériques
Dans son enquête, la commission numérique de l’ABF met en avant les "offres de services collectives, notamment autour d’ateliers pédagogiques à dimension culturelle et créative" proposées par les établissements. En la matière, le réseau de bibliothèques Plaine Commune, en Seine-Saint-Denis (93), met à disposition de nombreux ateliers autour du numérique. "Ces ateliers de différents niveaux sont de deux types", explique Pierrick Longatte, responsable numérique des médiathèques de La Courneuve. "Pratiques, avec les tables tournées vers le formateur comme à l’école, ou des "cafés numériques", sous forme de questions-réponses, avec les tables disposées en "U" pour favoriser le dialogue".
Les ateliers pratiques se déroulent sur différents types de supports et proposent de nombreux exercices aux usagers afin de les faire pratiquer au maximum. Mais ce sont les "cafés numériques" qui rencontrent le plus de succès. "Nous ne répondons pas à une urgence numérique", précise Pierrick Longatte. "Nous accompagnons les usagers pour qu’ils gagnent en autonomie sur les appareils et les sujets qui les intéressent". Une vraie réflexion est portée sur la pédagogie : "nous assurer que les techniques d’animation ou les sujets choisis soient pertinents constitue l’un de nos défis", poursuit-il. "Par exemple, nous ne prenons jamais le clavier et la souris de l’usager à sa place".
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Équipements numériques
Permettre l’accès des publics de leurs territoires aux outils numériques fait partie des nombreuses missions des bibliothèques départementales. Elles fournissent aux bibliothèques communales des équipements que leurs usagers peuvent ensuite utiliser ou emprunter (liseuses, tablettes, consoles de jeux, etc.). "Cela concerne aussi des outils destinés aux ateliers numériques créatifs", précise Julia Morineau-Éboli. "Nous prêtons notamment un parc de matériel de type FabLab comme des imprimantes 3D, des brodeuses numériques, etc.".
Par ailleurs, les bibliothèques départementales disposent d’un parc d’ordinateurs équipés notamment de logiciels libres. "Cela fait partie de la culture numérique que nous cherchons à transmettre", poursuit Julia Morineau-Éboli. "Nous voulons sensibiliser les usagers à cette valeur de bien commun qu’ils peuvent ensuite réutiliser plus facilement en dehors de la bibliothèque".
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Ressources numériques
En plus des outils qu’elles proposent, les bibliothèques départementales fournissent des ressources numériques qui constituent de véritables viviers d’informations et de divertissements. "Aujourd’hui, la majorité des offres de portails mis à disposition par les bibliothèques départementales permettent d’accéder à des films, des séries, des livres, de la musique, de la presse et même des autoformations", énonce Julia Morineau-Éboli.
Concernant l’accès à l’information, les bibliothèques départementales se mobilisent sur des actions relatives à l’éducation aux médias et à l’information. "Nous devons rappeler aux usagers que l’accès à l’information dans un contexte numérique requiert l’apprentissage de la détection de la véracité des informations, ou encore, la connaissance du fonctionnement d’un algorithme, notamment des bulles de filtres", poursuit-elle.
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Former les bibliothécaires au numérique
L’enquête de l’ABF sur les médiateurs numériques souligne par ailleurs l’importance de la "mission de formation des autres agents de la bibliothèque" dans l’optique de partager les bases d’une culture numérique commune. Justement, former au numérique les professionnels et les bénévoles de leur réseau fait aussi partie des missions des bibliothèques départementales. "Nous mettons à disposition un médiateur numérique qui transmet les clés de la médiation ainsi que l’appropriation des outils numériques aux membres du personnel des autres établissements du territoire", confirme Julia Morineau-Éboli. "C’est indispensable si nous voulons accompagner la montée en compétences".
Aujourd’hui, le rôle de médiateur numérique fait partie intégrante des métiers des bibliothèques. Et les intitulés des postes liés à la médiation numérique varient : agent de médiation culturelle, chargé de ressources numériques, conseiller numérique France Service, coordinateur informatique et multimédia, référent numérique, etc. Pour y accéder, les médiateurs interrogés pour l’enquête de l’ABF soulignent l’importance de la formation du personnel en donnant des perspectives d’évolutions. Ils souhaitent une "clarification des missions et des compétences des différents acteurs de la médiation numérique", mais aussi le développement "des objectifs de formation". Selon un médiateur interrogé, "dans le futur, tous les bibliothécaires seront de fait des médiateurs numériques".
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Socle commun de compétences
Pour épauler les bibliothèques, la Commission numérique de l’ABF a mis en place une feuille de route dans laquelle figure plusieurs objectifs, notamment ceux d’assurer une veille, d’informer et de conseiller la communauté professionnelle sur les bonnes pratiques à adopter concernant le numérique en bibliothèque. "C’est une première action qui rejoint l’enjeu de la culture numérique commune des bibliothécaires et d’un socle commun de compétences", soutient Julia Morineau-Éboli.