CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°382 - Les éditeurs face à l’IA : comment vos outils se réinventent
Sommaire :
- Dossier : Les éditeurs face à l’IA : comment vos outils se réinventent
- Les fraudeurs utilisent l’IA, les éditeurs antifraude aussi
- Comment les solutions de gestion documentaire embarquent l’IA
- IA et digital workplace : une révolution maîtrisée par les éditeurs
- L'IA, alliée des logiciels de veille
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En mai 2024, le mastodonte californien Meta (anciennement Facebook) annonçait la fin progressive de Workplace, son application de digital workplace. Son objectif ? Orienter en priorité ses investissements vers les technologies d’intelligence artificielle (IA) et de métavers qui, selon son porte-parole auprès de Reuters, "vont fondamentalement remodeler la façon dont nous travaillons".
Pourtant, l’IA s’intègre bien à la "logique digital workplace" et les éditeurs du secteur n’hésitent pas à clamer haut et fort l’avenir commun de ces deux technologies. "L’intelligence artificielle est un vieux sujet remis au goût du jour tous les dix ans, avec des vagues de plus en plus fortes", indique Alain Garnier, CEO de Jamespot. "L’arrivée de l’IA générative représente cependant un basculement", précise-t-il. "Ces outils en langage naturel sont universels, accessibles à tous et savent mimer les capacités humaines (avec plus ou moins d’erreurs et d’hallucinations). Aujourd’hui, toutes les fonctionnalités des digital workplaces peuvent être “body buildées” à l’IA !".
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Travailler avec l’IA
"L’IA et l’IA générative permettent une toute nouvelle manière d’accéder à l’information et d’interagir avec elle, du fait même de sa capacité à comprendre et à générer du langage naturel", confirme Hoang-Anh Phan, directrice marketing & transformation chez Jalios. "Cela change complètement la donne pour les professionnels de l’information qui doivent apprendre à travailler avec cette IA pour redéfinir leurs missions et ainsi en maintenir le sens."
Pour les utilisateurs de digital workplace, les fonctionnalités boostées à l’IA se développent donc de manière exponentielle. "Se positionner sur cette technologie est devenu incontournable, compte tenu de la valeur ajoutée qu’elle apporte", confirme Lionel Roux, directeur général chez Wimi. Et pour cet éditeur, c’est à ce niveau que tout se joue : "il y a eu des “hype” autour du métavers ou d’autres technologies et cela peut paraître amusant. Mais quelle est l’utilité finale et cela améliore-t-il la productivité ? Avec l’IA, nous sommes certains de ne pas nous tromper : intégrer de l’IA permet à nos clients de rester compétitifs dans leur secteur d’activité."
"Nous devons tirer les leçons de la transformation digitale", poursuit Hoang-Anh Phan. "En particulier s’assurer qu’elle reste centrée sur l’utilisateur, faire en sorte que la technologie soit mise au service des besoins réels, avec des usages utiles et raisonnés. Parallèlement, il faut un dispositif d’accompagnement et d’appropriation, et surtout un sponsoring fort de la direction pour démystifier ce que l’IA peut faire et ses limites, sachant que celles-ci sont loin d’être figées dans le temps."
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Contextualiser les usages
Les cas d’usage sont multiples : génération, reformulation ou encore enrichissement de texte, aide à l’indexation, super moteur de recherche, transcription de réunion, création de chatbots, outil pour automatiser ses tâches… Et l’IA agentique fait partie de la feuille de route de nombreux éditeurs.
Jamespot s’est offert la start-up Mr-Smith.ai pour permettre à ses utilisateurs de bénéficier de chatbots Rag (Contrairement aux LLM, le Rag (ou retrieval augmented generation) associe l’extraction d’informations pertinentes issues des bases de données d’une organisation à la génération de contenus.). "La fonctionnalité est en cours de déploiement chez nos premiers clients", déclare Alain Garnier. Le CEO de Jamespot annonce aussi la très prochaine option pour la création d’extrabots, auxquels les utilisateurs pourront confier des missions et aller plus loin dans l’automatisation. "Nous sommes à l’aube d’une révolution ! Ces nouveaux agents seront des aides précieuses, des coachs, des membres supplémentaires dans l’équipe", poursuit Alain Garnier.
Dans les usages, Jalios mise également sur la personnalisation. "Nous développons une approche no code qui permet à tous les métiers de personnaliser et contextualiser leurs usages de l’IA", détaille Hoang-Anh Phan. "Cela leur permet ainsi d’en maximiser l’utilité, en l’intégrant dans leur processus. Par exemple, il s’agira de générer un billet de bienvenue à un nouveau collaborateur à partir de son CV, selon un modèle défini par les RH et propre à l’organisation."
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Investir et innover dans l’IA
Mais sous le capot, comment les éditeurs se sont-ils positionnés pour mettre en place ces nouvelles fonctionnalités ? Ont-ils créé de A à Z les LLM, chatbots et autres outils d’IA qui boostent aujourd’hui leurs plateformes ? D’autant que la question de la souveraineté se pose naturellement.
"Pour nos solutions collaboratives, nous disposons d’une panoplie d’outils qui permettent de lutter efficacement contre les cyberrisques, tels que des antivirus, des antifishing, des outils de lutte contre l’usurpation d’identité avec des systèmes d’authentification poussés, des stratégies de backup, etc.", détaille Lionel Roux. "La sécurité des données est une problématique centrale". Wimi affirme se positionner dans le prolongement de cette logique face à l’IA et a fait le choix d’internaliser l’hébergement des LLM qu’il utilise. "De plus, nous sommes en cours de processus d’achat de GPU pour pouvoir être complètement indépendants et permettre à l’IA de fonctionner dans notre contexte sans compromettre la souveraineté des données de nos clients."
L’éditeur a budgétisé l’investissement dans cette avancée vers l’IA entre 800 000 euros et 1 million d’euros. "Cela ne prend pas en compte l’entraînement des modèles, qui ne fait pas partie de nos compétences et qui reste très onéreux à internaliser." Une vision que partage aussi Alain Garnier, qui considère que "ce n’est pas à nous de construire des LLM et ce n’est pas la tendance".
Laisser aux utilisateurs le choix du modèle d’IA fait aussi partie des stratégies mises en place par les éditeurs de digital workplace. "Nous sommes transparents sur les fournisseurs et les modèles de langage utilisés, et nos clients peuvent choisir celui qu’ils souhaitent, privilégier un fournisseur de LLM cloud ou on-premise, selon le cas d’usage, et ainsi optimiser les coûts et les performances de l’IA", reprend Hoang-Anh Phan. "D’autre part, dans notre approche no-code, les documents et contenus auxquels accède l’IA sont explicités. C’est un outil essentiel de gouvernance des usages de l’IA. Et cet accès est soumis aux règles de gestion des droits et des règles de classification : l’utilisateur final ne peut accéder via une IA à des informations pour lesquelles il n’est pas habilité. Ce volet est particulièrement important pour la sécurité des données, notamment dans le contexte de la mise en place de NIS2."
"Nous devons montrer que nous gardons la main"
Dans les tuyaux des éditeurs, d’autres innovations sont attendues dans les prochaines années. "Nous nous intéressons à l’évolution multimodale de l’IA", indique Hoang-Anh Phan. "Même si nous proposons déjà certaines fonctionnalités, comme le sous-titrage, la transcription, le chapitrage, nous prévoyons d’aller plus loin sur ce volet. Enfin, nous avons également identifié tout un axe d’hyperpersonnalisation et d’interaction multiple avec l’IA, que nous souhaitons intégrer dans nos produits."
Mais, comme tout bouleversement technologique, une phase d’acculturation est nécessaire. "Il nous semble que l’IA bouscule davantage l’angle philosophique", conclut Alain Garnier. "Notre job est d’accueillir les réticences, de ne pas les encourager ni de les nier. Si l’effet d’accélération peut faire peur, nous devons montrer que nous gardons la main."