Article réservé aux abonnés Archimag.com

Toulouse : l'open data en mode guérilla

  • guerilla.jpg

    Les plus téléchargées sont les photos aériennes de l’orthophotoplan mises en ligne en juin 2013, les données des pistes cyclables ainsi que celles des chantiers de la ville. (Pixabay)
  • La création du portail open data du Grand Toulouse prouve qu’un projet piloté par une équipe transverse, motivée et soutenue par ses élus peut être réalisé en seulement quelques mois. Lancé en 2011, il tourne à plein régime et s’enrichit continuellement de nouveaux jeux de données. Retour sur un projet conquérant.

    Sommaire du dossier :

    Rarement projet n’aura été le fruit d’initiatives administratives et citoyennes aussi conjointes. L’impulsion du portail open data du Grand Toulouse a été donnée début 2011 par la direction du service informatique (dsi) de la ville. La démarche de sa mise en œuvre a été grandement facilitée par la lettre ouverte envoyée à peine un mois plus tard par un collectif citoyen réclamant justement l’ouverture de ces données ; un intérêt justifiant toutes les validations internes pour le lancement du projet.

    Il n’aura fallu que quelques mois pour que ce projet transversal aboutisse. En effet, le portail du Grand Toulouse était en ligne dès octobre 2011, et ce grâce à la mobilisation de la DSI, de la communication digitale et du développement économique. « Entre mai et octobre, nous nous sommes mis en mode guérilla, se souvient Delphine Mathon, responsable du service administratif à la DSI de Toulouse et chef de projet open data ; et nous n’avons pas rencontré d’obstacle particulier puisque nous avons constitué un groupe projet rassemblant les personnes les plus motivées et qualifiées possibles sur tous les sujets. Avec le soutien des élus, ce projet a eu toute la légitimité nécessaire pour avancer ».

    31 comme la Haute-Garonne

    La réflexion sur les questions juridiques a été menée très en amont. Au sujet notamment de la licence choisie (open database license ou ODBL) qui rend les données disponibles gratuitement. La sensibilité de certaines d’entre elles s’est également posée, en particulier celles touchant de près ou de loin à une personne physique, ou celles rendues confidentielles pour des raisons politiques. Cet arbitrage nécessaire a rendu particulièrement utile la double casquette de Sandrine Mathon, également juriste et correspondante Cnil pour la collectivité.

    Aucune sélection n’a été opérée sur les 31 premiers jeux de données publiés sur le portail ; 

    un nombre prédestiné pour la préfecture de la Haute-Garonne. C’est par la suggestion des services ou par les demandes formulées par les réutilisateurs que le portail s’est enrichi. « Il fallait avant tout qu’ils s’intègrent dans le système d’information tel qu’il existait, poursuit Delphine Mathon ; en effet, il a été développé sur la base de Liferay de Beorn Technologies, comme tous les sites de la ville de Toulouse. Nous n’avions pas les ressources internes disponibles à ce moment-là pour faire appel à un nouveau prestataire ». À force d’évangélisation au sein de tous les services, le portail a grossi petit à petit, au point de compter aujourd’hui 172 jeux de données.

    Les grandes étapes de cet enrichissement ont été notamment la mise à disposition des données en temps réel de l’opérateur de transport toulousain Tisséo en août 2012 ou encore la mise en ligne récente des données des horaires de levées des boîtes aux lettres de rues par La Poste.

    concours de réutilisation

    Les plus téléchargées sont les photos aériennes de l’orthophotoplan mises en ligne en juin 2013, les données des pistes cyclables ainsi que celles des chantiers de la ville. « Certaines données, telles que celles du budget ou de la comptabilité, ont été réclamées et publiées dans un souci de transparence administrative, poursuit la cheffe de projet ; mais elles sont très peu téléchargées ». En plus de quelques rendez-vous informels et réguliers entre les réutilisateurs et les services producteurs de données, le Grand Toulouse a également lancé en 2012 un concours annuel de réutilisation de données, en partenariat avec des entreprises locales. « Parmi les lauréats, on peut citer Coovia, qui se positionne sur le covoiturage ou encore Calendeev, qui concerne, lui, la découverte d’événements culturels locaux », ajoute Delphine Mathon.

    En plus des 20 000 euros investis au moment de la constitution du portail et de 30 000 euros annuels, Toulouse souhaite poursuivre sa démarche en faveur de l’open data. L’ensemble des directeurs de la collectivité ont par exemple décidé début octobre de développer un open data interne dédié aux services. Poursuivant l’enrichissement de son portail, destiné à l’origine aux réutilisateurs de données brutes, la ville souhaite également le rendre plus accessible aux usagers grâce à la mise en place de systèmes de data visualisation.

    Cet article vous intéresse? Retrouvez-le en intégralité dans le magazine Archimag !
    Avec l’ouverture des données par les collectivités locales, on allait voir ce que l’on allait voir. Plus d’informations, plus de transparence et aussi une mise à profit attendue du côté des start-up pour créer des applications et de l’activité.
    Acheter ce numéro  ou  Abonnez-vous
    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
    Publicité