De quelle façon les bibliothèques, mobilisées pour aider la population à faire face à l'épisode caniculaire qui traverse actuellement la France, s'adaptent-elles à ces mesures ? Des professionnels répondent.
En raison d'un "épisode caniculaire précoce et durable", vingt-six départements ont été placés en vigilance orange par Météo France à partir de ce mardi 30 juin, 14 heures. Pour aider la population à affronter cette chaleur, le gouvernement, par l'intermédiaire de sa ministre de l'Ecologie et du Développement durable Ségolène Royal, a promis la "mobilisation" des espaces publics climatisés de toutes les communes : à l'instar des galeries commerciales ou des cinémas, les bibliothèques sont particulièrement concernées par ces mesures.
"C'est devenu une tradition"
La bibliothèque municipale de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, propose cet accueil spécifique depuis la grande canicule de 2003. A cette époque, si aucun des bâtiments publics de la ville n'était équipé de climatiseurs, les deux étages en sous-sol de l'établissement étaient alors les seuls endroits où la population pouvait venir se protéger de la chaleur. "La ville nous transmet des consignes à chaque épisode caniculaire, explique Muriel Charton, directrice de la Bibliothèque municipale de Sceaux ; c'est devenu une tradition avec le temps".
Sachant réagir en amont, le personnel de l'établissement sait faire preuve de prévention auprès des personnes fragiles et les accueillir au mieux. "Nous avons des relations privilégiées avec les personnes âgées qui viennent nous voir, poursuit-elle ; nous les connaissons bien et n'hésitons donc pas à les questionner ou à les conseiller pour nous assurer qu'ils supportent bien la chaleur".
Pas d'augmentation de la fréquentation
Si la bibliothèque n'observe généralement pas d'augmentation significative de la fréquentation en cas de canicule, Muriel Charton a constaté que certaines personnes, notamment les plus âgées, s'y rendaient spécifiquement ces jours-là pour se rafraîchir, heureuses de bénéficier d'une fraîcheur qu'elles ne trouveraient pas chez elles.
Du côté de la Bibliothèque centrale de Bordeaux, où 41 degrés sont attendus ce mardi, des consignes similaires ont été données : "Des mesures de sûreté ont été mises en place par la mairie, nous a expliqué un bibliothécaire préférant rester anonyme ; la population a en effet été avertie qu'elle pouvait gagner des lieux rafraîchis comme notre établissement en cas de forte chaleur".
"Nous bénéficions de cycles de formation"
La bibliothèque centrale de la ville étant la seule équipée de climatiseurs, elle restera donc ouverte ces jours-ci, tandis que les bibliothèques de quartiers fermeront à titre préventif. Le bibliothécaire se sent de son côté tout à fait opérationnel pour accueillir les personnes les plus fragiles souhaitant venir se rafraîchir dans l'établissement : "Nous bénéficions régulièrement de cycles de formation, explique-t-il, notamment sur l'accueil des différents publics en fonction de leur typologie ou de conditions d'accueil particulières. Nous saurons gérer au mieux cet épisode".
Nous entretenir à ce sujet avec des bibliothécaires parisiens a été difficile ce matin. Seule l'une d'entre eux, exerçant dans le 18ème arrondissement de Paris, a finalement accepté de nous répondre, anonymement. "Ce n'est pas la première fois que la population est appelée à se rendre dans les bibliothèques en cas de forte chaleur, explique-t-elle ; nous savons comment accueillir ces gens et n'hésitons pas à les sensibiliser sur la façon dont ils doivent se protéger".
A Paris, ni brief ni formation
Mais le retour du public n'est pas aussi enthousiaste qu'attendu : "Les personnes âgées nous disent que venir à la bibliothèque est un tel effort en soi, aggravé par le soleil et les températures, qu'elles n'ont souvent même pas la force de se déplacer jusqu'à chez nous", explique la bibliothécaire.
Et cette professionnelle déclare n'avoir jamais reçu la moindre formation ni le moindre brief sur le sujet. C'est d'ailleurs comme tout le monde qu'elle a appris par les médias hier que les bibliothèques allaient être mobilisées ces jours-ci. "Il faut dire que nous devons nous-mêmes faire face à des conditions de travail parfois difficiles, poursuit-elle ; notre clim tombant régulièrement en panne, nous devons déjà gérer nos propres problèmes techniques".