Les autorités irakiennes lancent un vaste chantier de numérisation afin de préserver un patrimoine considéré comme "impie" par les combattants de Daech.
Six mois après le pillage de la bibliothèque de Mossoul (Irak) par les combattants de l'Etat islamique, le gouvernement irakien a décidé de lancer un vaste chantier de numérisation des ouvrages de la Bibliothèque nationale d'Irak. Objectif : conserver la copie numérique d'une collection qui, si elle tombait entre les mains de Daech, serait probablement détruite. Les troupes de l'Etat islamique ont en effet pris l'habitude d'anéantir toutes les oeuvres culturelles qu'elles jugent "impies".
L'initiative de la Bibliothèque nationale d'Irak se fait dans une certaine urgence mais obéit à quelques règles : "lorsque nous aurons restauré les documents de l'époque ottomane vieux d'environ 250 ans, nous commencerons à numériser ceux qui sont aujourd'hui conservés sur micro-films" déclare le directeur du département micro-film Mazin Ibrahim Ismail à l'agence Associated Press. D'autres documents, victimes de malveillance ou de dégradation naturelle, font l'objet d'un traitement à jet de vapeur afin de décoller et nettoyer les pages.
Les copies numériques ne seront cependant pas immédiatement mises à disposition du public. Pour Bagdad, la priorité est de constituer une version numérique de la bibliothèque et assurer ainsi une transmission aux futures générations.
Vers un nouveau bâtiment en 2016
Depuis sa conception par les Britanniques en 1920, la Bibliothèque nationale d'Irak a connu une vie très mouvementée. Elle avait été très sévèrement endommagée lors de l'invasion du pays par les Etats-Unis en 2003 : 25 % de ses livres et 60 % de ses archives avaient alors été détruits. Puis une destruction des canalisations avait provoqué l'inondation du bâtiment et la destruction de 400 000 pages de documents et d'environ 4 000 ouvrages.
En visite à Bagdad, une équipe de la Bibliothèque du Congrès de Washington a récemment préconisé de construire un nouveau bâtiment. D'une superficie de 45 000 m², ce nouvel équipement pourrait voir le jour dès 2016.