Parce que, chers bibliothécaires, vous êtes de fait les premiers défenseurs des biens communs de la connaissance.
A défaut de domaine public, c'est sur la place publique que s'est invitée Anne Frank, enflammant notamment les blogs et les réseaux sociaux. Entre révolte et indignation, les esprits s'y ébrouent depuis la publication la semaine dernière d'un communiqué du Fonds Anne Frank, détenteur des droits patrimoniaux du célèbre Journal. Selon ce dernier, fondé en 1963 par le père de la jeune auteur qui fut déportée et tuée au camp de Bergen-Belsen en 1945, le Journal ne tombera pas dans le domaine public au 1er janvier 2016, soit 70 ans après la mort d'Anne Frank, comme le prévoit la loi. Les droits d'exploitation pourraient courir jusqu'en 2030, au minimum, voire jusqu'en 2051.
2016, 2030, ou... 2051 ?
- Selon la loi, la disparition d'Anne Frank en 1945 devrait entraîner la bascule dans le domaine public français et européen de son Journal au 1er janvier 2016. Le rendant, de fait, gratuitement accessible à tous.
- De son côté, le Fonds Anne Frank estime que Le Journal est une oeuvre posthume, publiée après la mort de la jeune fille, et qu'il ne devrait donc rejoindre le domaine public qu'en 2030.
- Un autre raisonnement avance, lui, la date de 2051, en raison des modifications sur le texte original opérées par Otto Frank, le père d'Anne, lequel avait "censuré" certains passages jugés choquants ou trop intimes du Journal. Estimant que cette version épurée constitue "une nouvelle oeuvre", le Fonds affirme qu'il pourrait en conserver les droits jusqu'en 2051, soit 70 ans après la mort d'Otto Frank.
Émotion sur le web
La presse et la toile se sont émues de cette annonce du Fonds Anne Frank. Certains blogueurs influents et défenseurs des biens communs de la connaissance, ont pris ouvertement (et parfois illégalement) position. Au premier rang desquels Olivier Ertzscheid, maître de conférences en Sciences de l'information, lequel a publié le 7 octobre une lettre à Anne Frank, dans laquelle il a décidé de mettre en ligne deux versions du Journal (la version intégrale publiée dans les années 80 et la version "censurée" par Otto Frank, publiée aux Pays-Bas en 1947) : "Puisque le domaine public t’est refusé, puissions-nous collectivement avoir l’intelligence de t’offrir enfin la lumière que tu mérites, celle que ton journal mérite, celle de l’espace public".
Et les bibliothécaires ?
Les réseaux sociaux se sont pleinement emparés de la polémique. On ne compte plus les tweets criant au scandale et prônant l'ouverture des droits du Journal d'Anne Frank au 1er janvier 2016. Un tweet en particulier a retenu notre attention, interpellant les bibliothèques sur le sujet, jusque-là plutôt silencieuses (certaines ont malgré tout choisi elles aussi de proposer les fichiers epub du Journal sur leur site internet) :
les bilbiothèques restent quand même très silencieuses aussi sur #AnneFrank, je trouve http://t.co/G3A4gtaCyy
— Daniel Bourrion (@dbourrion) 11 Octobre 2015
Alors, chers bibliothécaires ou associations de professionnels, faites entendre votre voix et prenez position dans le sondage ci-dessous ainsi qu'en commentaire de cet article. Nous souhaitons vivement entendre vos opinions sur le sujet et aimerions les rassembler sur cette page : puissent-elles ainsi grossir les rangs de la contestation. Et faire le poids.
Important : vous avez été plus de 250 à voter ce matin sur le premier sondage mis en ligne. Malheureusement, la version gratuite de SurveyMonkey a limité le nombre de réponses à 100. A 13h, vous étiez 84% à avoir répondu "oui". Le compteur reprend à partir de maintenant.
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