Sommaire du dossier dédié à la reconversion professionnelle :
- Archivistes, documentalistes et veilleurs : enquête sur vos projets de reconversion professionnelle
- Comment mener un projet de reconversion professionnelle ?
- Offres d'emploi : où postuler quand on est documentaliste ?
L’époque où l’on s’enchaînait à un métier toute sa vie semble révolue. La tendance d’une mobilité professionnelle croissante tend à s’accélérer ces dernières années. C’est en tout cas ce que montrent les différentes études nationales sur le sujet : 22 % des personnes en emploi ont changé de métier entre 2010 et 2015, révélait une étude du ministère du Travail en 2018. 13 % seulement des personnes âgées de 20 à 50 ans y affirmaient d’ailleurs souhaiter changer de métier.
En 2019, plus de 9 Français sur 10 déclaraient avoir déjà songé à se reconvertir et 38 % avoir franchi le pas (contre 28 % en 2017), selon une étude menée par le site Nouvelleviepro.fr, qui précise que la reconversion était choisie dans 79 % des cas.
Les professionnels de l’infodoc tentés par la reconversion
L’enquête réalisée par la rédaction d’Archimag révèle que les archivistes, les documentalistes et les veilleurs n’échappent pas à la tendance : exactement comme la moyenne des Français, 93 % d’entre eux se déclarent attirés par un changement de métier et seuls 7 % n’y ont jamais songé. Dans le détail, 16 % de ces professionnels ayant répondu à notre enquête se sont déjà reconvertis, 11 % sont en pleine reconversion, et 65 % en ont envie, mais ne se sont pas encore lancés.
Notre enquête révèle que les veilleurs obtiennent les résultats les plus extrêmes : par exemple, 27 % d’entre eux se sont déjà reconvertis et aucun d’entre eux n’est actuellement en cours de reconversion. D’ailleurs — et peut-être faut-il y voir le signe que le métier de veilleur est plutôt bien perçu par ceux qui l’exercent — 13 % des veilleurs n’ont jamais songé à la reconversion, ce qui est plus que la moyenne nationale (7 %) et que les autres métiers étudiés.
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Il semblerait également que les documentalistes se soient lancés un peu plus tardivement sur le terrain de la reconversion professionnelle puisqu’ils sont les plus nombreux à en rêver sans projet précis (69 %) et seulement 12 % (le plus faible score des professions étudiées) à avoir déjà sauté le pas. Le métier de documentaliste semble néanmoins peu satisfaire les professionnels qui l’exercent, puisqu’ils sont les plus nombreux à rêver de changer de métier : seuls 5 % d’entre eux n’y ont jamais songé.
La reconversion professionnelle attire les plus diplômés
À l’échelle nationale, l’enquête réalisée par Nouvelleviepro.fr montre que le désir de reconversion touche quasiment autant les hommes (92 %) que les femmes (96 %). Du côté des archivistes, des documentalistes et des veilleurs, l’équilibre est loin d’être atteint puisque 79 % des candidats à la reconversion sont des femmes et 21 % des hommes. De tels résultats peuvent s’expliquer en raison de la traditionnelle féminisation de ces professions.
Concernant le niveau d’études des professionnels motivés par un changement de vie, l’enquête réalisée par Nouvelleviepro.fr révélait en 2019 que les sondés les plus diplômés étaient les plus nombreux à avoir déjà fait une reconversion. Notre enquête confirme que les archivistes, les documentalistes et les veilleurs envisagent plus facilement de se reconvertir quand leur niveau d’études est élevé : 67 % des professionnels attirés par la reconversion disposent d’un bac + 4/5, 22 % d’un bac + 3, 11 % d’un bac + 2 et 1 % d’un niveau bac.
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Le désir, ou non, de changer de métier varie également selon l’expérience des professionnels sondés, mais la volonté de reconversion n’est pas réservée qu’aux seniors ayant fait le tour de leur activité. En effet, 23 % des archivistes, des documentalistes et des veilleurs attirés par la reconversion professionnelle sont en poste depuis moins de 5 ans, et 22 % depuis 5 à 10 ans. Néanmoins, sans surprise, la proportion la plus motivée par la reconversion professionnelle dispose de 10 à 20 ans d’expérience, une période certainement propice aux bilans. Seuls 16 % des professionnels attirés par la reconversion ont entre 20 et 30 ans d’expérience ; un chiffre qui tombe à 3 % quand l’expérience s’élève à plus de 30 ans.
Se reconvertir professionnellement, source de satisfaction
Qu’en est-il de ceux qui ont sauté le pas de la reconversion professionnelle ? Regrettent-ils leur choix ou leur ancien métier ? Certes, 39 % des « reconvertis » déclarent manquer de recul pour se prononcer. Néanmoins, il est à noter que la grande majorité (61 %) de ceux qui ont donné une nouvelle direction à leur carrière s’en disent satisfaits. Précisons d’ailleurs qu’aucun des répondants ayant changé de métier ne déclare regretter ce choix.
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La reconversion professionnelle est protéiforme
La reconversion professionnelle englobe de multiples types de projets. C’est pourquoi nous avons souhaité en savoir plus sur les aspirations des documentalistes, des veilleurs et des archivistes qui veulent changer d’horizon professionnel. Si 18 % des répondants à notre enquête ignorent encore le type de reconversion auquel ils aspirent, force est de constater que rares sont ceux à vouloir quitter leur métier pour un autre au sein de la même organisation (5 %) ou abandonner un secteur professionnel pour se tourner vers celui de l’infodoc (11 %), qui semble donc peu attractif. Évoluer vers une autre facette de leur métier initial (13 %) ou changer de métier à l’intérieur du secteur de l’infodoc ne semble pas non plus mobiliser les foules. En réalité, 40 % des archivistes, des documentalistes et des veilleurs souhaitant se reconvertir veulent changer radicalement de carrière (secteur ou métier différent).
Dans le détail, les documentalistes semblent les moins avancés dans leur projet de reconversion, puisque 21 % d’entre eux n’ont pas encore d’idée précise du type de reconversion qu’ils souhaitent. Néanmoins, ils semblent les moins attirés par une évolution de leur carrière au sein de leur organisation ou entreprise.
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De leur côté, les veilleurs semblent avoir une idée plus précise du type de reconversion à laquelle ils aspirent puisque seuls 8 % d’entre eux se disent dans l’expectative. Ce sont d’ailleurs ceux qui semblent se sentir le mieux dans le secteur de l’infodoc puisque 23 % d’entre eux se verraient bien y rester et ils ne sont que 31 % à souhaiter faire carrière dans un autre secteur.
À l’inverse, les archivistes semblent vouloir changer radicalement d’horizon : seuls 6 % d’entre eux souhaitent se reconvertir dans leur domaine et près d’un archiviste sur deux (48 %) déclare justement vouloir quitter son métier pour un autre secteur.
Les compétences utiles pour une deuxième carrière
Les archivistes, les documentalistes et les veilleurs intéressés par un changement de vie disposent, comme premier bagage, des compétences acquises durant leur formation initiale et leur expérience dans l’infodoc. Mais, d’après eux, lesquelles leur seront utiles dans leur nouveau métier ? Sans surprise, la recherche d’information (64 %) et les compétences informatiques (56 %), utiles dans des secteurs d’activités multiples, arrivent en tête. Elles sont suivies par la médiation et le contact avec le public (39 %) et la rédaction (34 %). Enfin, le classement ou l’indexation (25 %) et le management (22 %) ferment la marche, plus secondaires pour leur nouvelle carrière.
Les motivations de la reconversion professionnelle
Si l’on se penche maintenant sur les raisons qui motivent l’envie ou les projets de reconversion professionnelle des archivistes, des documentalistes et des veilleurs, deux raisons principales arrivent en tête, et de loin : l’envie d’autre chose (66 %) et le besoin de rebondir professionnellement (51 %). Il est à noter que les chiffres de l’enquête nationale menée par Nouvelleviepro.fr se distinguent radicalement de la nôtre sur ce point précis : alors qu’un Français sur dix déclare vouloir changer de carrière pour éviter de voir son emploi menacé, plus d’un professionnel des archives, de la documentation et de la veille sur deux invoque cette raison comme moteur de son envie (ou de son besoin ?) de changement.
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Dans le détail, ce sont les archivistes qui semblent les plus las de leur quotidien, puisque plus de trois sur quatre souhaitent se reconvertir pour en découvrir un nouveau. Ils apparaissent d’ailleurs comme les moins menacés professionnellement, n’étant que 36 % à vouloir se reconvertir par nécessité. Leur reconversion semble donc davantage choisie que celle des documentalistes, dont plus de la moitié souhaite changer de métier pour échapper à une menace. Les veilleurs, eux, sont plus raisonnablement partagés entre l’envie d’autre chose et le besoin de rebondir. Il apparaît néanmoins que leur travail n’interfère que peu avec leur vie familiale puisqu’aucun d’entre eux n’a mentionné cette raison comme une motivation pour la reconversion.
Pourquoi ne sautent-ils pas (tout de suite) le pas ?
Nous l’avons vu, les archivistes, les documentalistes et les veilleurs aspirent à se reconvertir. Mais pourquoi sont-ils si rares à sauter le pas ? Quels sont les freins au changement ? En premier lieu, la peur de ne pas y arriver. En effet, plus d’un professionnel des archives, de la documentation et de la veille sur deux souhaitant se reconvertir invoque un manque de motivation ou de confiance en soi qui le freinerait dans la mise en œuvre de son projet (48 %).
Vient ensuite la crainte de voir ses revenus baisser (45 %), suivie par le fait de ne pas savoir par où commencer et à qui s’adresser (40 %). Le manque d’information sur leurs droits tels que l’accès à un bilan de compétences, à la formation ou à l’allocation chômage (26 %) et la crainte de devoir changer de ville ou de région (8 %) constituent des freins plus secondaires.
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La formation, un passage obligé ?
En plus des freins évoqués précédemment, chacun sait qu’une reconversion professionnelle s’effectue rarement en un claquement de doigts. Car celle-ci peut impliquer une formation, un changement de statut, voire même un déménagement.
Côté formation, s’il est à noter que plus d’un professionnel sur deux a d’ores et déjà identifié le besoin d’acquérir de nouvelles compétences pour mettre en œuvre son projet de reconversion, près d’un sur trois ignore encore s’il est apte à changer de vie. Cette incertitude, plus modérée chez les veilleurs (17 %) et les archivistes (23 %) concerne tout de même 39 % des documentalistes tentés par une reconversion.
Ceci confirme l’une de nos interprétations précédentes : les documentalistes semblent disposer, en moyenne, de projets de reconversion moins matures. Par ailleurs, 65 % des archivistes savent déjà qu’il leur faudra élargir l’éventail de leurs compétences pour envisager concrètement leur reconversion, ce qui confirme également nos observations précédentes : c’est bien vers des métiers éloignés de l’infodoc et de leurs missions actuelles qu’ils souhaitent se tourner majoritairement. Du côté des veilleurs, moins radicaux dans leurs perspectives de changement de métier, ils semblent déjà bien se situer sur le terrain de la formation (17 % seulement ignorent s’ils devront en effectuer) et un professionnel sur trois n’estime d’ores et déjà pas nécessaire d’en suivre une.
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Se reconvertir rime-t-il avec changer de vie ?
Devenir son propre patron n’apparaît pas comme un passage obligé pour les professionnels des archives, de la documentation et de la veille en vue de leur éventuelle reconversion. En effet, plus d’un professionnel sur deux ne l’envisage pas nécessairement quand 20 % d’entre eux ambitionnent de créer leur entreprise ou d’embrasser le statut de travailleur indépendant. Il est intéressant de noter que si 42 % des archivistes et 23 % des documentalistes ignorent s’ils pourraient avoir à le faire, seuls 8 % des veilleurs sont dans l’incertitude à ce sujet. Ceci explique que s’ils sont les plus nombreux (33 %) à s’imaginer renoncer au statut d’employé ou de salarié, ils constituent également le plus gros vivier de candidats à la création d’entreprise (58 %).
Enfin, les rêves de reconversion professionnelle des archivistes, des documentalistes et des veilleurs n’impliquent pas nécessairement de mutation géographique. Un professionnel sur deux déclare même ne pas avoir à changer de région pour concrétiser son projet quand seulement 13 % ont d’ores et déjà identifié cette nécessité. Les veilleurs apparaissent comme les plus sédentaires (75 % estiment ne pas avoir à changer de région) quand 47 % des documentalistes, une fois de plus dans plus d’incertitude, l’ignorent encore. Plus d’un archiviste sur deux (58 %) n’envisage pas non plus de devoir rompre avec son environnement actuel.
(1) Enquête menée en ligne du 22 novembre 2019 au 6 janvier 2020, 352 répondants.