Huit mois après son lancement, le service unique d'identification se répand sur les sites de l'administration française. D'abord présent sur les sites de l'administration centrale, le bouton FranceConnect est désormais embarqué sur les sites des collectivités qui peuvent ainsi faciliter la vie des usagers au niveau local. Retours d'expérience à Montpellier et dans les Alpes-Maritimes.
Cela fait désormais plus de huit mois que le bouton FranceConnect a fait son apparition sur certains sites de l'administration. Depuis le mois d'avril 2016, ce système unique d'identification permet aux usagers de se connecter aux sites de l'e-administration sans devoir nécessairement disposer d'un compte auprès d'eux. Il leur suffit de s'authentifier une fois pour toutes auprès de l'un des trois fournisseurs d'identité officiels (Impots.gouv.fr, Ameli.fr ou La Poste) pour ensuite accéder aux différents services de l'administration.
Chaque usager doit transmettre une seule fois six éléments biographiques pour bénéficier d'un identifiant : nom, prénom, sexe, date, lieu et pays de naissance.
"Sur la base de ces éléments, l'usager est reconnu par le fournisseur de service", explique-t-on chez FranceConnect.
Avantage : l'usager n'est plus obligé de jongler avec une multitude d'identifiants et de mots de passe pour communiquer avec l'administration.
Bonne nouvelle : FranceConnect ne sert pas seulement à se connecter aux sites de l'administration centrale comme la Caisse nationale d'assurance vieillesse ou l'Agence nationale des titres sécurisés, par exemple. Le bouton FranceConnect est progressivement déployé dans les collectivités. C'est notamment le cas à Montpellier Méditerranée Métropole (MMM) qui l'a mis en place au mois de juin dernier.
Médiathèques, conservatoires, régie des eaux
"La métropole de Montpellier fait partie des premières collectivités à engager d'abord un partenariat avec Mon.service-public.com pour une fédération nationale d'identité, explique Philippe Giffet, directeur adjoint des ressources informatiques au sein de MMM ; dans cette démarche de simplification des accès et des parcours de ses usagers, elle participe aujourd'hui au projet FranceConnect".
Concrètement, les usagers montpelliérains qui possèdent déjà un compte auprès de Montpellier Méditerranée Métropole peuvent lier ce compte à FranceConnect. De là, ils peuvent accéder aux différents services proposés par la métropole ou les communes membres : médiathèques, conservatoires, régie des eaux... Quant aux nouveaux utilisateurs, ils peuvent accéder aux services en cliquant sur un bouton facilement reconnaissable avec son visage stylisé de Marianne inséré dans un hexagone sur fond bleu. Leur compte est alors créé sur la base des six informations biographiques déjà évoquées.
Simplification du parcours de connexion
Pour quels bénéfices ? Ils sont au nombre de deux selon Philippe Gippet :
"Le premier est déjà atteint avec une simplification du parcours de connexion des usagers leur permettant de n'utiliser qu'un seul dispositif de connexion et la création simplifiée pour un nouveau compte. Au passage, c'est aussi l'assurance pour la collectivité d'une niveau de confiance élevée concernant l'identité des utilisateurs de ses services".
Le second bénéfice verra le jour prochainement avec la transmission de données nationales en cours de mise en oeuvre par FranceConnect. La métropole de Montpellier envisage en effet d'utiliser des API (interfaces de programmation) fiscales de la DGFIP (Direction générale des finances publiques) par exemple pour remplacer les demandes de pièces justificatives exigées pour l'inscription à certains services sociaux ou liés à la petite enfance.
Plusieurs semaines après son déploiement, et sans opération de communication particulière, la métropole de Montpellier dénombre une centaine de connexion via FranceConnect par semaine. Soit de 5 à 10 % des accès connectés aux portails de MMM et ses communes.
"Mais ces derniers vont offrir de plus en plus de services à valeur ajoutée nécessitant des connexions sécurisées comme ceux destinés aux familles et à la petite enfance", explique Philippe Gippet.
Les Alpes-Maritimes, département précurseur
Sur la Côte d'Azur, le département des Alpes-Maritimes peut se targuer d'avoir été le premier département français à mettre en place le bouton FranceConnect. Celui-ci a fait son apparition sur le site départemental dès la fin du mois de septembre 2015 :
"Nous avons participé aux ateliers de création de FranceConnect et joué un rôle de précurseur, se souvient Alexandre Cieux, chargé de mission au sein du programme de modernisation numérique e-zy 06 ; le département a l'ambition de devenir un département tout numérique et a lancé un vaste programme de transformation numérique destiné à améliorer le service public pour l'usager. Cette ambition a rencontré le programme FranceConnect au moment où celui-ci se mettait en place. Aujourd'hui, le programme e-zy 06 compte une quarantaine d'actions liées notamment à la dématérialisation et à la simplification administrative".
A ce jour, les usagers azuréens peuvent par exemple accéder à l'état d'avancement du dossier des aides réservées aux personnes âgées et handicapées.
La Cnil est également intervenue pour veiller à l'usage qui est fait des données :
"Nous devons décrire le parcours des usagers et expliquer ce que nous faisons des données. Nous ne pouvons par exemple pas les croiser avec d'autres données. La Cnil nous permet de récupérer uniquement les données utiles pour la démarche de l’usager et nous demande de conserver des traces de connexion face à d'éventuelles usurpations d'identités", explique Alexandre Cieux.
Vitesse de croisière
Dans les Alpes-Maritimes, le service FranceConnect n'est pas figé.
"Notre prochaine étape consistera à récupérer via des API des données non encore "libérées". Cela se fera avec l'accord de l’usager, bien entendu, qui au lieu d’envoyer une photocopie par voie postale pourra autoriser la récupération numérique et immédiate de sa pièce justificative. Demain, avec le concours de FranceConnect, la plupart des informations demandées seront directement récupérées en ligne auprès des impôts, d’Ameli ou de la Caf. Au final, le processus d’inscription sera dématérialisé en tout ou partie", souligne Alexandre Cieux.
Après plusieurs mois d'exploitation, FranceConnect est encore loin d'avoir atteint sa vitesse de croisière. A la fin du mois de septembre 2016, le service était utilisé par 180 000 utilisateurs uniques. Pour Vincent Berdot (secrétariat général pour la modernisation de l'action publique), ce n'est qu'un début :
"Nous comptons à ce jour une quarantaine de fournisseurs de services "FranceConnectés". Notre objectif est d'atteindre une centaine pour la fin de l'année".
De FranceConnect à "l'Etat plateforme"
L'Etat n'en finit pas de se projeter dans les territoires numériques. Alors que FranceConnect se déploie progressivement sur les sites de l'administration et des collectivités, c'est au tour de "l'Etat plateforme" d'être mis en avant pour améliorer les services publics. "C'est à l'administration de réunir les différentes données de l'usager et de lui offrir en retour de nouveaux services publics numériques", explique le secrétariat général pour la modernisation de l'action publique (SGMAP).
L'Etat souhaite notamment développer pour l'usager "des services centrés sur ses besoins, et non issus du découpage organisationnel des structures administratives. Ainsi, pour une demande d'inscription en crèche, l'agent en mairie devrait pouvoir récupérer auprès des administrations compétentes l'avis d'imposition de l'usager, son justificatif de domicile ou le livret de famille". L'Etat plateforme aura vocation à traiter toutes les démarches administratives (fiscal, social, santé, titres d'identité...) et s'adresse à la fonction publique au sens large : administration centrale, territoriale et hospitalière. "Voire même, à terme, aux entreprises semi-publiques et à certains acteurs privés, amenés soit à ouvrir des API (des justificatifs de domicile par exemple), soit à en exploiter".