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Comment est née l’idée d’écrire ce livre consacré au lancement d’une start-up ?
Ce livre en est à sa deuxième édition et nous avons souhaité, avec mon coauteur Samir Zazoum, nous intéresser à toutes les start-up, pas seulement à celles qui évoluent dans la filière numérique. L’idée nous est venue en 2016.
Nous voulions nous adresser aux personnes désireuses de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale avec l’idée de les accompagner. Cela concerne notamment des personnes en reconversion ainsi que des jeunes en quête d’autonomie qui ne souhaitent pas forcément s’intégrer dans le cadre d’une entreprise classique. Toutes ces personnes sont demandeuses d’information sur le fonctionnement des start-up. Nous leur montrons qu’il faut de la souplesse sans pour autant négliger la performance.
Ce livre est largement tiré de notre propre expérience que nous avons voulu partager car tout n’est pas rose dans le milieu des start-up. C’est un ouvrage pratique et très accessible notamment pour les personnes qui ne connaissent pas ce milieu.
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Faut-il obligatoirement avoir une idée géniale pour lancer une start-up ?
Non, car il est difficile d’avoir des idées géniales ! Je pense cependant que la crise sanitaire que nous venons de vivre va donner naissance à de bonnes idées. Les périodes de crise ont souvent accouché d’inventions comme après la crise économique de 1929 où sont apparues les fameuses baskets Converse. À l’époque, elles étaient très bon marché pour répondre à la crise économique ; aujourd’hui elles sont à la mode !
Les start-up n’ont pas toutes révolutionné la planète. À mes yeux, la notion d’innovation est primordiale et il faut proposer un produit ou un service susceptible d’apporter une innovation même à la marge. Il peut s’agir d’une innovation de niche. Il n’y a pas d’obligation d’être sur une innovation de rupture pour se lancer.
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Vous conseillez à ceux qui sont tentés par l’aventure d’utiliser l’approche « lean start-up ». De quoi s’agit-il ?
Le « lean start-up », inventé en 2008 par l’entrepreneur Eric Ries, consiste à tester une idée, un produit ou un service de la manière la plus directe possible. Il s’agit de confronter une idée au marché de la manière la plus simple et la plus économe afin d’économiser du temps, de l’argent et de l’énergie. Il faut savoir s’adapter à un environnement qui est à l’état de changement permanent. Pendant la crise du Covid-19, on l’a vu avec des start-up qui ont pivoté leur modèle pour répondre aux besoins du marché.
Dans le monde des start-up on dit souvent que l’idée est un marché : si vous avez une idée géniale qui ne rencontre pas son marché, cela ne sert à rien ! Il faut donc adapter son produit ou son service en procédant à des tests utilisateurs et à des itérations. Certaines start-up se rendent alors compte que leur idée de départ n’était pas aussi bonne que ça : elles pivotent. Cela demande de la souplesse et de l’agilité.
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La question du financement est vitale pour le succès d’une jeune pousse. Quels sont vos conseils ?
Cette question de financement est en effet vitale car le taux de mortalité est extrêmement fort : 9 start-up sur 10 ne survivent pas à terme ! Cela peut s’arrêter au bout d’un mois, d’un an ou de trois ans. La question du financement est donc primordiale pour une start-up qui souhaite se développer. Le passage à l’échelle a besoin de fonds pour se réaliser.
Sans argent, Mark Zuckerberg n’aurait jamais pu faire de Facebook le géant qu’il est devenu aujourd’hui. Les fonds qu’il a levés lui ont permis d’embaucher des compétences et d’acheter des plateformes pour stocker la masse de données de son réseau social. Sans argent, une bonne idée a peu de chance de grandir car il est probable que quelqu’un a eu cette même bonne idée à l’autre bout du monde. Dans un marché très globalisé, cela fait la différence.
Il existe différentes formes de financement en fonction de la phase de développement de la start-up. Au moment de lancer une start-up, il existe des fonds d’amorçage qui peuvent être proposés par des institutions ou des réseaux d’entrepreneurs.
N’oublions pas que le marché des start-up est un marché risqué. Or le circuit bancaire traditionnel n’aime pas trop les risques…
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Vous insistez sur l’importance du réseau professionnel pour réussir. Comment faut-il s’y prendre ?
Dès la sortie de mes études, j’ai été convaincu de l’utilité des réseaux professionnels en recourant aux services des anciens élèves de mon école. Aujourd’hui, j’anime moi-même un réseau d’acteurs du numérique car je considère qu’il faut rencontrer la bonne personne au bon moment. Il faut entretenir un réseau utile au développement de la start-up.
Je conseille de bien cibler sa prise de contact plutôt que d’approcher une multitude de personnes qui ne seront pas utiles au développement de votre start-up.
Au moment de la création d’une start-up, il faut entrer en contact avec cinq types de personnes : les mentors (qui apportent leur retour d’expérience), les influenceurs dans votre secteur d’activité, les pairs, les personnes importantes dans votre région, et les investisseurs.
Je constate que l’art du réseau n’est pas toujours maîtrisé par les gens qui démarrent. LinkedIn est très utile, mais il ne faut pas négliger le monde réel où l’on peut créer des liens plus forts que sur les réseaux sociaux.
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Est-il nécessaire d’investir les réseaux sociaux pour communiquer et trouver de nouveaux clients ?
Oui, car les réseaux sociaux permettent à tout le monde de communiquer sur ses produits et ses services. Mais attention : lancer un produit, ça se prépare et ça s’orchestre avec un plan de communication.
Depuis 2012, j’utilise la technique du « growth hacking » qui consiste à activer la croissance par un ensemble de techniques de marketing web.
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L’e-réputation peut-être une source de succès, mais aussi de déconvenue pour une entreprise. Comment la maîtriser ?
Dans notre précédent livre consacré à cette question, nous écrivions qu’il est impossible de maîtriser sa réputation numérique à 100 %. Ce que l’on peut faire, c’est gérer sa e-réputation. Ce que vous maîtrisez, c’est ce que vous publiez sur le web : c’est l’identité de votre start-up (textes, illustrations…).
En revanche, vous n’avez pas de prise sur ce que les internautes disent de votre start-up. Nous conseillons donc d’avoir a minima une stratégie sur les contenus mis en ligne, comme la date de lancement d’un nouveau service ou d’un nouveau produit par exemple.
Dans certains secteurs d’activité, il convient de protéger ses idées et de ne pas communiquer trop tôt avant d’avoir déposé un brevet : ces signaux faibles peuvent en effet être captés par des concurrents. D’une façon générale, les start-up sont moins exposées au bad buzz que les grandes marques.
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Comment rebondir si un projet de start-up se solde par un échec ?
Dans le monde des start-up, très imprégné par le monde anglo-saxon, on ne parle pas d’échec, mais d’expérience. Dans la Silicon Valley, un entrepreneur qui s’est planté ne sera pas perçu comme un perdant, mais comme quelqu’un qui a acquis une expérience. Le taux de mortalité étant fort, l’échec fait partie de la vie. La plupart des gens qui se lancent ont cela à l’esprit et font preuve de souplesse pour pivoter et s’adapter à une nouvelle situation.
Par ailleurs, le partage de retours d’expériences est très courant dans le milieu des start-up et permet de collecter de l’information utile en matière technique ou juridique. Le réseautage permet également de sortir de l’isolement dans lequel on peut se trouver après ce genre d’expérience.
J’ajoute qu’à la suite de la crise sanitaire du Covid-19, le gouvernement a annoncé le déblocage de plus de 600 millions d’euros à destination de la French Tech.