Un Montolivain a rendu aux archives départementales de l'Aude (11) un ouvrage du XVIe siècle qu'il avait chiné pour 500 euros en 2016 dans une librairie. Il pourra ainsi être conservé dans des conditions optimales.
Pierre Antoine Balant est un passionné d'histoire qui partage avec plaisir sa connaissance du passé local. C'est donc tout naturellement qu'il n'a pas hésité à dépenser 500 euros en 2016 pour acquérir un registre des contrats, baux à ferme et actes divers de 1543 à 1648 de l'hôpital de Limoux, repéré chez un libraire toulousain.
Un voyage dans le temps
L'ouvrage entièrement relié et recouvert de cuir impressionne par ses dimensions et son poids. L'écriture est fine et presque illisible pour les non initiés, mais Pierre Antoine Balant réussi à déchiffrer le nom de l'auteur d'une lettre prise au hasard ; le vicomte de Montségur, Arzens et Alairac, chevalier de l'ordre du roi. En tournant ses pages, on réalise un voyage dans le temps qui nous conduit au milieu du XVIe siècle.
Le document, véritable témoignage de cette époque, avait dès lors rejoint l'impressionnante collection d'objets et de documents liés à l'histoire de France qui côtoie une imprimante 3D et un ordinateur dernier cri dans le salon du Montolivain. Un choc des époques.
Volé il y a soixante ans
Finalement Pierre Antoine décide de se séparer de ce trésor historique et cherche à le vendre au cours des derniers mois. Il propose donc l'ouvrage à un libraire de Montolieu, surnommé le village du livre. Celui-ci a contacté les archives départementales pour savoir si le document pourrait les intéresser.
Après étude il s'avère qu'il s'agit d'une archive publique de l'hôpital de Limoux qui était réputé volée. «En 1957 un article paru dans la presse vantait les trésors conservés aux Archives de Limoux et cela a attiré la convoitise. Je pense que c'est quelqu'un en interne qui l'a subtilisé pour le revendre et depuis il était perdu», explique Christine Martinez, responsable des archives départementales.
Propriété des archives publiques
Pierre Antoine Balant apprend donc que le registre est une archive publique. Or le Code du patrimoine précise que «les archives publiques sont imprescriptibles» et que «nul ne peut détenir sans droit ni titre des archives publiques».
Le passionné n'a eu d'autre choix que de répondre favorablement à la requête légitime des archives départementales en remettant l'ouvrage à Christine Martinez le 24 juillet, en présence du maire de Montolieu, Laurent Bernard. «Je l'ai acheté 500 euros et il a été estimé à plus de 2000 euros donc c'est vrai que j'aurais aimé recevoir un petit dédommagement mais là au moins il sera consultable par le plus grand nombre, il retrouve sa place», confesse M. Balant dont la fierté d'avoir permis de retrouver une archive perdue ne fait aucun doute.