"Ce que nous vivons aujourd'hui fera l'histoire de demain". Cette phrase, que l'on peut lire sur l'appel à récits de "Mémoires de confinement", pourrait résumer à elle seule le projet. Lancé alors que nous traversons une période hors du commun, enfermés chez nous pour freiner la pandémie de Coronavirus (Covid-19) qui traverse la France, "Mémoires de confinement" exhorte tous les volontaires à décrire leur expérience et à prendre le temps de l'introspection.
>Lire aussi : Coronavirus : les bibliothécaires et les documentalistes témoignent (ou s'interrogent)
Les récits de confinement édités puis valorisés
"Quelques lignes par jour, par semaine, ou beaucoup plus au gré de votre inspiration...", est-il indiqué sur l'appel à témoignages ; "et envoyez vos récits à l'adresse collecte@aqlo.fr".
Cette collecte est portée par Aqlo, la future "banque de la mémoire", encore en préparation, qui permettra bientôt à tous les citoyens de déposer et sécuriser les documents qui leur sont le plus cher (textes, photos, vidéos, son, etc.).
>Lire aussi : Coronavirus : Les services d'archives ferment leurs portes pour une durée indéterminée
Sélectionnée pour rejoindre la nouvelle promotion du programme Mediastart de l'incubateur Paris&Co, avec le soutien du ministère de la Culture, de la Bnf et de l'Ina, Aqlo permettra également à ceux qui le souhaitent de valoriser leurs documents en les mettant au service de la connaissance et de la recherche à la faveur d'une "rencontre" des mémoires individuelles et collective.
"Dire l'histoire en train de s'écrire"
Sur le même modèle, "Mémoires de confinement" éditera les textes reçus, qui seront remis à l'Apa (Association pour l'autobiographie et le patrimoine autobiographique). Ils seront ensuite valorisés, avec l'accord de leur auteur, sur la plateforme Aqlo et via des lectures publiques, lorsque la crise sanitaire sera passée.
>Lire aussi : Grèves et Coronavirus dopent le télétravail
"La chercheuse Sylvie Le Clech (également enseignante en Arts et Médias, Intelligence des patrimoines et membre du Parlement des Ecrivaines francophones) connaissait Aqlo, explique l'éditeur Edouard Boulon-Cluzel, fondateur du projet. Elle m'a contacté et m'a proposé d'organiser ensemble cette collecte de textes pour 'dire l'histoire en train de s'écrire'".
Edouard Boulon-Cluzel s'est ensuite rapproché de l'association Apa, dédiée à l'autobiographie et fondée par Philippe Lejeune, qui archive depuis 1992 les mémoires des "anonymes". "Je leur ai proposé de leur confier le manuscrit final, poursuit-il ; une fois ma plateforme conçue, je les mettrai en ligne avec l’accord de leurs auteurs".
>Lire aussi : Archivistes, révisez vos classiques pendant le confinement !
D'autres projets pour archiver et documenter le confinement
Mémoires de confinement n'est pas le seul appel à récits destiné à rassembler les témoignages des Français confinés à leur domicile et à documenter la façon dont ils traversent cette période de pandémie. Il en existe de nombreux autres, lancés à l'initiative de services d'archives, d'associations, de groupes de recherche, de médias ou d'anonymes.
En voici quelques-uns (si vous souhaitez nous signaler une autre initiative de ce type, n'hésitez pas à nous la signaler en commentaire) :
- #Mémoiredeconfinement : collecte lancée par les Archives départementales des Vosges. L'institution invite les volontaires à envoyer leurs témoignages, récits, photos (pdf et jpg de 200 ko maximum) ou des vidéos (20 Mo) par mail à l'adresse vosges-archives@vosges.fr.
- Vivre confinés : blog "à vocation temporaire" lancé à l'initiative de l'Apa.
- Confinements : "carnet de confinement partagé" qui rassemble les "regards et expériences de chercheur-es en SHS". Il "vise à raconter les changements provoqués dans notre vie quotidienne, professionnelle, sociale, ou encore intellectuelle via nos sens de chercheur-es et de citoyen-nes". Collaboratif, il propose à "chaque chercheur-e en SHS, jeune ou confirmé-e [de] participer en envoyant une contribution à l’adresse confinements.hypotheses@gmail.com (maximum 1000 mots par billet)".
- Journal du confinement : série d'articles réalisés par Livres Hebdo, qui donne la parole à différents professionnels du livre pour témoigner de leur expérience du confinement et de leurs réflexions sur le secteur du livre, menacé, comme beaucoup, par la crise actuelle.
- Enfants du passé : Collecte de récits d'enfants lancée par la professeure d'histoire-géographie et docteure en Sciences de l'éducation Laurence de Cock sur son blog Mediapart Conseils de classe. Les récits sont à envoyer à l'adresse suivante : enfantsdupasse@gmail.com. Laurence de Cock précise : "On verra si ça marche", précise Laurence de Cock ; "Peut-être qu'on commencera avec un seul petit récit et qu'on arrivera à des milliers ? Et alors on fabriquera un livre !".
- CODE-VIRUS : Appel à constitution d’un collectif de travail interdisciplinaire en SHS pour l’étude de l’impact sociétal du Covid-19 lancé par la MSH-Alpes (Maison des Sciences de l'Homme) de l'Université Grenoble Alpes. Il vise à "suivre, documenter et anticiper collectivement et de manière interdisciplinaire les conséquences de la pandémie sur nos modes de vie, nos organisations et nos territoires".
- Chroniques du confinement : lancé par Le Parlement des écrivaines francophones. Six chroniques ont déjà été publiées. La dernière en date du 20 mars 2020 a été rédigée par la cinéaste et femme de lettres Laurence Gavron, depuis Dakar. Elle s'intitule "Récit de pré-confinement sénégalais".
- Pneumatic Cinema : chaîne YouTube collective lancée le 18 mars 2020 qui rassemble des "home-movies de temps de confinement". "On filme, on monte vite, on diffuse. Au jour le jour, et film par film", précise la chaîne qui compte à ce jour une vingtaine de contributeurs, 75 vidéos et 127 abonnés.
>Lire aussi : #Culturecheznous : accédez gratuitement à la culture en ligne pendant le confinement !
Archiver le Coronavirus sur internet
Signalons également que le service Archive-It d'Internet Archive a lancé avec l'International Internet Preservation Consortium (IICP ou Consortium international de préservation de l'internet, en français) et le Content Development Group (CDG) un archivage des ressources publiées sur le web relatives à l'épidémie en cours de coronavirus, de tous les pays et dans toutes les langues (origines du virus, informations sur la propagation de l'infections, efforts de confinement, aspects scientifiques, sociaux, économiques et politiques).
>Lire aussi : Coronavirus : des cartes pour suivre l'évolution de la pandémie en temps réel
Commentaires (1)