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Sommaire du dossier sur la valorisation des archives :
- Archives numériques : les bonnes pratiques de valorisation
- Comment réussir sa valorisation d'archives en 10 points clés ?
- Archives nationales du monde du travail (ANMT) : une valorisation multicanale
- Service historique de la Défense (SHD) : le site web et les réseaux sociaux comme vitrine
- Entre2prises, une mémoire audiovisuelle régionale partagée
- Archives de Saint-Gobain : la valorisation numérique à grande échelle
« Quand on entre dans la filature, on est tout de suite inspiré ! On voit le charme de ce que c'était à l'époque ». Olivier Pacicca, technicien de maintenance au sein de Savoie Transmissions (société spécialisée dans les transmissions mécaniques, électromécaniques et électroniques), est intarissable sur l'histoire de son entreprise, de son travail et de sa région.
Son témoignage figure parmi plusieurs dizaines d’autres mis à disposition des internautes sur la plateforme du projet Entre2prises.
> Lire aussi : Entre2prises, un projet d'archives audiovisuelles de l'industrie
Construire une mémoire audiovisuelle
À l’origine de ce programme, la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain créée par des passionnés de cinéma amateur et désireux de construire une mémoire audiovisuelle de la région. Son objectif : collecter, sélectionner, numériser, indexer et valoriser un patrimoine audiovisuel méconnu.
« Notre ambition est de documenter l'histoire industrielle des territoires par le regard des cinéastes amateurs », explique Géraldine Broquin, coordinatrice de projets européens au sein de la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l'Ain.
Les métiers spécifiques à la région sont ainsi mis sous les feux des projecteurs : lunetiers de l’Ain, fabricants de jouets en bois, manufacturiers de skis de Savoie et de Haute-Savoie...
> Lire aussi : Les 6 points clés pour numériser, gérer et valoriser son patrimoine audiovisuel
Critères géographiques, techniques et artistiques
À ce jour, 10 000 documents ont déjà été collectés puis indexés sur une base de données. Leur sélection répond à une multitude de critères : géographiques (des films réalisés sur le territoire ou des films produits par des réalisateurs locaux), des films sortis avant les années 1950, des réalisations ayant une valeur patrimoniale ou liées à des événements historiques…
Leur qualité technique et leur valeur esthétique sont également prises en considération. « Sans oublier, bien sûr, leur dimension artistique avec un regard singulier ou un souci de l'intime », précise Géraldine Broquin.
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Des fichiers numériques dédiés à la conservation et la diffusion
Pour l’essentiel, ce patrimoine audiovisuel est conservé sur des supports argentiques : 70 % de supports films, 26 % de supports vidéo et 3 % de bandes-son. Le plus ancien film date de 1907, soit moins de quinze ans après l’invention du cinéma ! Ce patrimoine documentaire doit donc faire l’objet d’un chantier de numérisation réalisé en interne grâce à un scanner capable de numériser de nombreux formats de films (films 8 mm, Super 8, 16 mm, Super 16, 9.5 mm, 17.5 mm) ainsi que les formats vidéo.
Le volet documentation, quant à lui, est assuré par une archiviste-documentaliste spécialisée dans l'audiovisuel et formée à l’Ina. Cette dernière est également chargée de la gestion des droits.
Ces différentes tâches représentent un travail souvent sous-estimé : une heure de film brut nécessite pas moins de sept heures de travail (nettoyage, remise en état, numérisation, visionnage, documentation…) pour produire les fichiers numériques qui seront utilisés à des fins de conservation et de diffusion.
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Archives orales
Lancé en 2019, le programme Entre2prises ne se limite pas à la collecte de documents.
« Nous avons également procédé à des interviews d’entrepreneurs et d’ouvriers comme Olivier Pacicca qui évoquent leurs conditions de travail. Ces personnes sont très attachées à leur métier, à leur entreprise et à leur territoire. Ces archives orales demandent cependant un important travail en amont. Ce temps accordé aux personnes est très important pour réussir un projet de valorisation », constate Géraldine Broquin.
La valorisation passe aussi par des actions connexes comme la projection de films et le recours aux réseaux sociaux. Autre voie : la formation professionnelle pour sensibiliser les dirigeants et les responsables des ressources humaines à la question de l’archivage audiovisuel des entreprises.