CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°376
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L’essor des initiatives facilitant l’accès et la consultation à distance de ressources culturelles invite à repenser la manière d’aborder les documents d’archives et de construire un rapport au temps. La mise en ligne d’expositions virtuelles d’archives participe de cette transition des pratiques.
Au moment de sa visite virtuelle, l’internaute se tient entre passé et présent, happé par l’accélération des flux d’information à travers lesquels le temps paraît tout emporter. Avec mon mémoire, j’ai étudié comment les archivistes tentent de guider les visiteurs à travers ces secousses temporelles à l’aide de parcours de médiation adaptés.
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Des expositions interactives et ludiques
L’analyse centrée sur trois expositions virtuelles révèle un important travail des archivistes sur l’ergonomie de la navigation en ligne afin de laisser les internautes s’approprier pleinement l’expérience temporelle qui naît de la rencontre avec les archives. Les dispositifs virtuels sont de taille réduite et mettent en avant un parcours libre, qui reste toutefois balisé par une contextualisation des documents, anticipant la réception et l’interprétation du passé par le visiteur. Ils maintiennent également une certaine distance entre l’utilisateur et les archives, puisque l’interface reste visible.
Les archivistes offrent aux visiteurs la possibilité de manipuler et d’interagir directement avec les documents présentés, par exemple, en jouant sur les sept différences avec des effets de superposition. Ceci crée une certaine proximité avec les archives et conduit à une prise de conscience de l’internaute qu’il s’inscrit dans une continuité temporelle qui le dépasse, tout en attirant par ailleurs le regard de nouveaux publics, plus habitués à l’environnement web.
Transposer une exposition d’archives dans l’univers numérique, c’est aussi adapter la mise en récit des documents à de nouvelles contraintes et l’occasion de compléter, voire améliorer l’offre physique. Cette approche est donc complémentaire. Avec les expositions virtuelles, il devient par exemple possible de distinguer des détails jusqu’à présent invisibles grâce à un écran qui fait office de microscope. Les expositions virtuelles représentent donc une opportunité de renouveler l’attrait pour les archives en montrant les usages qui peuvent en être faits et en soulignant leur résonance avec le temps présent.
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Le modèle des réseaux sociaux
L’étude de trois expositions virtuelles a ainsi montré que le modèle des réseaux sociaux inspire grandement les archivistes et que la culture web imprègne la culture archivistique. Certaines expositions virtuelles reprennent les usages de l’environnement dans lequel elles s’inscrivent, s’inspirant par exemple de certains groupes Facebook qui rassemblent des communautés autour de souvenirs communs du passé d’une ville, selon une esthétique numérique de la nostalgie.
La valorisation numérique des archives peut aussi parfois passer par la production de mèmes qui détournent le contexte original du document pour commenter le présent de manière humoristique, ce qui témoigne de l’inscription sociale singulière des archives et de leurs nouvelles compréhensions par les archivistes.
Les images du passé sont dans ce cas valorisées par et pour ce qu’elles permettent de dire du présent, à travers un passé présenté comme intemporel. La forme virtuelle de l’exposition d’archives enrichit donc les manières d’être au temps des individus, en proposant un voyage vers un ailleurs temporel, qui mêle impressions d’accélération, de fuite du présent et inscription dans le temps long.