Belgique : au coeur de l’infodoc

Paul Otlet DR

 

À l’heure où se tient le salon Documation Bruxelles, rencontre avec les acteurs de l’information documentation du « plat pays ».

l’Histoire et la géographie ont voulu que la Belgique devienne le coeur politique de l’Europe. Un statut privilégié qui a apporté au Royaume l’honneur d’héberger le siège de la Commission européenne et ses 27 000 membres. Parmi eux, plusieurs milliers d’agents travaillent au sein des divers services dédiés à l’information- documentation : Bibliothèque centrale de la Commission européenne, 400 centres de documentation installés dans les universités et instituts de recherche européens, 480 centres d’informations sur l’UE répartis dans les 27 pays membres… La Bibliothèque centrale de la Commission européenne est ouverte aux fonctionnaires de la Commission ainsi qu’aux visiteurs externes après une demande d’inscription. Fondée en 1958 en même temps que les institutions européennes, elle abrite de très riches collections consacrées à la construction politique et économique de l’Europe. Les 400 centres de documentation sont amenés à travailler avec des universités et des instituts de recherche dans le domaine de l’intégration européenne. Quant aux 480 centres d’information, leur objectif est de fournir des informations d’ordre général sur l’Union européenne et de répondre aux questions des particuliers.

multilinguisme

Qui dit institutions européennes dit multilinguisme. En la matière, la Belgique sait y faire : trois langues officielles sont reconnues par l’État (néerlandais, français, allemand). Cela a-t-il un impact sur le travail des documentalistes belges ? Pour Guy Delsaut, éditeur des Cahiers de la documentation, « la plupart des documentalistes dans le monde gèrent des documents dans plusieurs langues. En Belgique, les études de bibliothécaires-documentalistes ont un programme de cours de langue assez important. Les professionnels de l’infodoc ont donc le réflexe de chercher aussi dans d’autres langues selon le sujet qu’ils traitent, même dans les institutions officiellement unilingues ».

« information scientist »

Comme en France, la convergence entre les métiers de l’infodoc – documentalistes, bibliothécaires, archivistes, veilleurs… – fait débat. Lors de la journée d’étude Inforum tenue à Bruxelles le 29 avril 2010, des représentants de chacun de ces métiers ont échangé leurs impressions : la dématérialisation semble avoir rapproché les métiers de bibliothécaire et de documentaliste vers une fonction désignée sous le vocable de information scientist. À la question de savoir à quoi ressembleront ces professions dans 15 ans, certains estiment que tous les professionnels de l’infodoc devront développer leurs compétences informatiques ; d’autres estiment que la révolution numérique se manifestera par des équipes de plus en plus multidisciplinaires ; d’autres, enfin, constatent que l’évolution constante des métiers est l’un des charmes de ces professions…

 

Rencontres Documation de Bruxelles 3 février 2011. Six conférences : archivage du courrier électronique, dématérialisation des bulletins de salaires, gouvernance documentaire… Nombreuses démonstrations de solutions dédiées à l’informationdocumentation. www.devcom.be

 

Paul Otlet

Son nom n’est connu que de rares bibliophiles, pourtant Paul Otlet mériterait la reconnaissance de tous les professionnels de l’infodoc. Né à Bruxelles en 1868 et mort en 1944, il est à l’origine d’outils bibliographiques incontournables : créateur, avec Henri La Fontaine, un autre Belge, de la classification décimale universelle toujours utilisée par les bibliothécaires du monde entier; inventeur du format standard des fiches bibliographiques (125 x 75 mm)… À la fin de XIXe siècle, Paul Otlet consacrera son énergie au Mundaneum conçu comme « un centre de documentation à caractère universel ». Il poursuivra cette idée fixe avec le projet de Cité mondiale dont l’objectif était de rassembler les grandes institutions intellectuelles : bibliothèques, universités, musées… L’homme qui voulait classer le monde.- Françoise Levie.- Éditions Les impressions nouvelles.- Bruxelles, 2006.

 

Les podcasts d'Archimag
Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".