Subtilisés par l’ancien directeur des manuscrits de la Bibliothèque nationale de Suède, les ouvrages avaient traversé l’Atlantique après avoir été vendus aux enchères en Allemagne à des clients américains. Les Etats-Unis réparent aujourd’hui le préjudice.
Si un atlas du XVIIème siècle avait déjà repris le chemin de Stockholm l’année dernière, retrouvé après avoir été mis aux enchères à New-York en 2011, ce sont cette fois-ci deux nouveaux ouvrages qui seront rendus aujourd’hui à la directrice de la Bibliothèque nationale de Suède lors d’une cérémonie à Manhattan : Description de la Louisianne (1683) du missionnaire et explorateur français Louis Hennepin, ainsi qu’une collection allemande d’illustrations du Missipi réalisée par le peintre Henry Lewis et imprimée à Dusseldorf entre 1854 et 1858. Leur valeur atteindrait les 100 000 dollars.
FBI
Au total, 56 ouvrages avaient été dérobés à la Bibliothèque nationale de Suède par l’ancien directeur de la section des manuscrits, Anders Burius. Les vols se sont produits entre 1995 et 2004, date à laquelle Anders Burius a finalement choisi de se suicider, rongé par la culpabilité. Vendus aux enchères en Allemagne, certains de ces livres avaient été achetés par des clients américains : cette piste étant ouverte, les agents du FBI ont été mobilisés.
Dérober le patrimoine d’une nation
Le chemin parcouru par ces manuscrits a fait l’objet d’une longue enquête, laquelle est finalement remontée jusqu’à un libraire de l’Etat du Maryland, spécialisé dans les livres anciens. Celui-ci avait acheté les deux livres au milieu des années 1990 avant de les revendre peu de temps après. Ce n’est que l’année dernière, lorsque les agents du FBI le contactent et lui apprennent l’origine des deux ouvrages, qu’il décide de retrouver ses anciens clients et de leur racheter, sur ses propres deniers, les deux manuscrits : "Nos clients aiment les livres et les gens qui aiment les livres veulent essayer de faire les choses dans les règles, donc ils étaient heureux de me revendre ces ouvrages", a-t-il confié ; tous les vols sont condamnables, mais pour moi les vols culturels sont les pires, parce que vous dérobez le patrimoine d'une nation"