Simon Chignard, saint patron de l'open data

Simon Chignard S. Chignard

 

Portrait de Simon Chignard, auteur de "Comprendre l’ouverture des données publiques" (Editions Fyp)

L’open data occupe ses journées et ses nuits. Au point d’être l’un des premiers, en France, à lui consacrer un ouvrage publié il y a plus d’un an, Comprendre l’ouverture des données publiques (Editions Fyp). Depuis, Simon Chignard parcourt la France et donne une quarantaine de conférences par an sur le sujet. "L’open data est un point de convergence où l’on trouve tous types de gens : des fonctionnaires, des entrepreneurs, des développeurs, des réutilisateurs… et surtout des militants libertaires, libéraux ou socialistes qui utilisent l’ouverture des données publiques selon leur vision du monde", constate-t-il amusé.
Pourtant, Simon Chignard eut une vie avant d’écrire sur l’open data. Il en eut même plusieurs. Sa formation d’ingénieur s’est faite sur les bancs de Télécom Ecole de Management dont il sort en 1999. Alors que ses camarades de promotion rejoignent les poids lourds du secteur (Orange, SFR…), lui va voir ailleurs : "Je ne voulais pas travailler dans les tours de La Défense ! Je suis parti à Rennes, une ville précurseur en matière d’innovation numérique. De plus, j’ai quelques racines bretonnes".

partir pour revenir

Commence alors une carrière de consultant en marketing dans le secteur numérique, d’abord en indépendant, puis avec des associés. En 2006, Simon Chignard revend ses parts et en tire… beaucoup moins d’argent que prévu. Ce qui ne l’empêche pas d’accomplir un rêve : faire le tour du monde avec sa compagne. Dans le sens ouest-est. Un périple qui le mènera de l’altiplano bolivien aux plaines d’Asie en passant par le désert californien : "Beaucoup de découvertes y compris sur soi-même. Mais ce tour du monde n’a jamais été un adieu à la France. Nous étions partis pour revenir". C’est d’ailleurs dans un cybercafé vietnamien, en 2007, qu’il négociera son contrat de travail avec son futur employeur.
Contrairement aux voyageurs qui dépriment après avoir parcouru des dizaines milliers de kilomètres, lui ne connaîtra pas les affres du retour à l’ordinaire. Il intègre immédiatement son nouvel emploi de directeur marketing. Une vie bien remplie, un temps entravée par des pépins de santé qui l’inciteront à tenir un journal en ligne. Une période faite de doute et d’écriture avant de reprendre ses activités.
A sa nouvelle vie professionnelle, s’ajoutent des activités associatives dans le domaine de l’économie solidaire et de l’accès de tous aux usages numériques : "Au sein de l’association Bug, nous avons créé un wiki territorial où les habitants eux-mêmes écrivent sur les villages ou sur l’histoire du rock à Rennes. La ville a été une pourvoyeuse de nombreux talents musicaux. Nous avons même numérisé des milliers de flyers des années 1980 et 1990 ! Je crois profondément que le web peut créer du lien social".

à Rennes, on peut tout tenter !

En 2010, la ville de Rennes se dote d’un nouvel espace dédié au numérique sur le modèle de La Cantine créée à Paris quelques années auparavant. Simon Chignard sera l’un des artisans de la création de La Cantine-Rennes. Il en assure aujourd’hui la présidence, "à titre bénévole", précise-t-il. Le lieu organise des conférences, des ateliers et accueille des développeurs, des graphistes, des journalistes. Les évènements consacrés à l’open data y sont nombreux : "Là, je vois concrètement comment se passe le mouvement d’ouverture des données publiques. C’est d’autant plus intéressant que Rennes a été la première commune à ouvrir ses données publiques"
Il est vrai que la capitale bretonne jouit d’un écosystème extrêmement favorable à l’innovation : de nombreux chercheurs, des universitaires, des étudiants… Selon Simon Chignard, à Rennes tout le monde connaît au moins une personne travaillant dans l’univers du numérique. "On y trouve cet état d’esprit trop rare en France : on peut tout tenter ! On a le droit à l’erreur…"
Au risque de surprendre son monde, il ajoute : "S’il y avait un saint patron de l’open data en France, ce serait… Lionel Jospin quand il a déclaré : "L’Etat ne peut pas tout". Il a été très critiqué pour cette phrase, mais on peut la comprendre comme une invitation lancée aux citoyens à prendre des initiatives. Dans le domaine de l’open data, c’est en cours".

Les podcasts d'Archimag
Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".