un moteur avant le banc d’essai

 

Le programme Quaero ambitionne d’être bien plus qu’un simple moteur de recherche. Ses applications visent internet, mais aussi la télévision et la téléphonie mobile. Il n’en a pas moins été éreinté par quelques critiques au vitriol.

 Pas encore né et déjà décrié, le futur moteur de recherchei européen Quaero est attendu au tournant. Depuis l’annonce conjointe du projet en avril 2005 par le président Jacques Chirac et l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, Quaero a fait l’objet de multiples attaques. La première salve a été tirée par Loïc Le Meur, directeur général pour l’Europe de Six Apart, un acteur mondial des logiciels de blogi et blogueur influent qui, dans un billet du mois de mai 2006, a énoncé les « dix raisons pour lesquelles le moteur de recherche franco-allemand va échouer ». La liste évoquait pêle-mêle la maladresse dans le choix de la marque, difficile à épeler, un projet centralisé et fermé, une galaxie d’acteurs qui se sont peu illustrés dans les dernières innovations webi, une initiative trop franco- française. Ce dernier argument est d’ailleurs repris par de nombreux professionnels de la netInternet">iéconomie qui estiment qu’internet">i doit être pensé à l’échelle globale, plutôt qu’au niveau français ou même européen. Jusqu’au Canard Enchaîné, allé de son cancan moqueur...
 
partisans et détracteurs

Aussi, les initiateurs de Quaero se sont-ils empressés de répondre à leurs détracteurs à l’occasion d’une table ronde organisée par le Club Sénat. Selon eux, le projet n’a pas vocation à incarner une concurrence frontale avec les géants de la recherche sur internet, tels Google ou Yahoo, mais doit être compris comme « un programme d’investissement mutualisé visant à créer une filière autour de l’indexationi, de la traduction, de la recherche, de la sécurisation et de la distribution des contenus numériques ». En termes plus simples, Jean-Luc Gauvain, directeur de recherche au CNRS, souligne que « le but de Quaero n’est pas tant de remplacer Google que d’offrir de nouveaux moyens de recherche dans les données multimédias, notamment audio et vidéo ».
 
à l’ombre d’un projet qui voit loin

De son côté, François Bourdoncle, PDG et fondateur du moteur de recherche Exalead, jouant un rôle central dans Quaero, n’y va pas par quatre chemins : « Le billet de Loïc Le Meur est très mal informé et peu rigoureux. Il cause beaucoup et finit par dire n’importe quoi. C’est une attitude typiquement française qui consiste à critiquer un projet avant de le connaître ». La polémique autour du nom Quaero semble bien vétilleuse à François Bourdoncle, sachant que Quaero n’est pour l’instant qu’un projet d’appellation. Le fondateur d’Exalead ajoute qu’il faut envisager « Quaero comme un programme ombrelle plutôt que comme un projet. Il permet de créer une filière industrielle et de faire travailler ensemble de nombreuses PME réputées pour leurs réalisations. Car, contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs, les participants sont très performants. Sans Quaero, ils n’auraient probablement jamais atteint ce niveau de concertation et de collaboration ». En tout état de cause, les jeux ne sont pas encore faits. L’avenir de la net-économie est suffisamment ouvert et imprévisible pour que Quaero se hisse, sinon parmi les leaders de l’indexation numérique, au moins parmi les réalisations prometteuses. La variété de ses futures applications peut créer des niches à succès inattendues. En son temps, le supersonique Concorde s’est révélé un échec commercial mais ses retombées technologiques ont fait la bonne fortune d’Airbus.
 
tout un programme

 
Créé à l’initiative du groupe de travail franco-allemand Coopération économique et installé par les ministres de l’économie allemand et français le 16 novembre 2004, le programme Quaero proposera un ensemble d’applications qui peuvent être classées en trois grandes catégories :
Des outils de recherche multimédias pour le grand public via l’ordinateur, la télévision ou le téléphone public (émissions télévisées, vidéos, photographies, baladodiffusions …)
Des solutions professionnelles permettant la recherche et la gestion des flux audiovisuels
Des solutions de gestion du patrimoinei culturel basées sur la structuration des archivesi audiovisuelles et des bibliothèques numériques.
Les innovations majeures de Quaero portent sur l’extension de la capacité de recherche à tous les contenus – vidéos, images fixes, éléments radiophoniques, oeuvres musicales –, la description textuelle de documents multimédias – transcription de bandes son de films –, la capacité à naviguer dans de très grandes quantités de données et la convergence des procédures de recherche et d’accès professionnel et personnel à l’informationi. A terme, Quaero débouchera sur la création de portails, de moteurs de recherche, d’applications pour la télévision interactive, d’environnements professionnels pour la production et la postproduction de contenus multimédias, ainsi que la mise en ligne de bibliothèques numériques, livres, films, émissions télévisuelles...
Fondé sur un partenariat des deux côtés du Rhin, Quaero réunit des industriels (Thomson, France Télécom, Arvato), des PME (Jouve, Exalead, Bertin Technologies, Vecsys, Synapse Développement, LTU Technologies), des laboratoires de recherche (LIMSICNRS, l’Ina, l’Inria) ainsi que diverses institutions publiques (Délégation générale pour l’armement, Bibliothèque nationale de France, Laboratoire national de métrologie et d’essai), entre autres.
Quaero dispose d’un budget de 250 millions d’euros pendant cinq ans, dont 90 millions d’euros octroyés par l’Agence de l’innovation industrielle.
 
 
 

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Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.