Depuis plusieurs années déjà, les régions françaises se convertissent à l’intelligence territoriale. Conseils régionaux, conseils généraux et communautés d’agglomérations mettent en oeuvre des stratégies d’intelligence économique prometteuses. Sans oublier les pôles de compétitivité qui font appel à des professionnels de la veille pour collecter l’information et mutualiser les connaissances. Objectif : inciter les régions à prendre leur place dans l’économie mondialisée.
Recenser toutes les initiatives dédiées à la veille Intelligence économique.
">i et à l’intelligence territoriale reviendrait à faire un tour de France au moins aussi long que la célèbre épreuve cycliste. En quelques années,c’est une véritable constellation de projets qui ont vu le jour. En Bretagne, dans le Nord-Pas de Calais, dans le Limousin, en Franche-Comté, en Champagne-Ardenne, en Normandie, dans le Centre, en Ile-de France, en région Rhône-Alpes…On ne compte plus ces réalisations qui font de la France un pays atypique dans le domaine de l’intelligence économique. Atypique parce que sensibilisé depuis peu et de façon encore incomplète aux enjeux de l’intelligence économique (IE), notre pays affiche un réel dynamisme en matière d’intelligence territoriale.
Ainsi que le rappelle Philippe Clerc, directeur de l’intelligence économique à l’Assemblée des Chambres françaises de commerce et d’industrie, « l’originalité de la stratégie de France, c’est l’intelligence territoriale, cette déclinaison locale d’une stratégie nationale d’intelligence économique publique et privée à destination des PME sur tout le territoire ». Si l’intelligence territoriale s’est développée en France, c’est probablement à un ensemble de facteurs convergents qu’elle le doit : remise du rapport du député Bernard Carayon au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (2003), loi relative à l’autonomie financière des collectivités territoriales (2004), création d’un poste de haut responsable de l’intelligence économique confié à Alain Juillet (2004), lancement des pôles de compétitivité(2005)… Autant d’initiatives qui ont permis de sensibiliser les entreprises et les décideurs locaux aux enjeux de la maîtrise de l’informationi et de la veille. Le territoire français s’en est trouvé irrigué, mais de façon inégale si l’on en croit certains observateurs qui soulignent que dans telle ou telle région « on en est encore à découper des journaux aux ciseaux »… Les éditeurs de solutions de veille gardent donc un oeil sur ce qui se passe en région bien que ce marché peu extensible soit moins porteur que celui des entreprises. D’ailleurs, leurs logiciels ne proposent pas de briques estampillées « intelligence territoriale » [voir éditeurs et prestataires proposent des solutions génériques mais adaptées au cas par cas.]
l’État précurseur
On le voit, le rôle de l’Etat a été déterminant dans la déclinaison de l’intelligence économique à l’échelle territoriale. On pourrait même ajouter qu’il a été précurseur puisque, dès 1992, l’Etat créait l’Agence pour la diffusion de l’information technologique (Adit), chargée de « maîtriser les informations mondiales dans les domaines technologiques, industriels, commerciaux et stratégiques ». Parmi les missions confiées à l’ADIT, l’intelligence territoriale figure en bonne place avec un pôle dédié. Son directeur général, Thierry Ferrari, précise que « les premières actions d’intelligence territoriale ont été lancées vers 2000. À l’époque ils’agissait de fournir de l’information aux PME ; depuis deux ou trois ans, en plus de ces entreprises, ce sont les collectivités territoriales qui sont demandeuses d’informations ». Les prestations proposées par l’Adit portent sur la veille et l’analyse d’informations quel que soit leur sujet (aéronautique, agroalimentaire, automobile… – et quelle que soit leur nature – juridique, technologique, environnementale… L’ Agence peut compter sur environ soixante consultants en interne ainsi que sur un réseau d’informateurs disséminés en France et à l’étranger. De plus, les chambres de commerce internationales et les postes diplomatiques français (la France possède le deuxième réseau diplomatique mondial) contribuent également à la collecte et à la mutualisation d’informations. Selon Thierry Ferrari, les PME régionales ont des besoins informationnels qu’elles ne peuvent combler seules :« Elles sont confrontées à des problèmes d’identification de sources et de contacts surtout lorsqu’elles veulent se développer dans certains pays difficiles d’accès tels que la Chine. Nous leur apportons alors une information que nous analysons et contextualisons. Nous ne nous contentons pas de copier-coller ».
benchmarkingi
Depuis qu’elles sont associées au développement économique des territoires, les collectivités sont devenues des consommatrices d’informations. C’est le cas du Conseil régional du Nord-Pas de Calais qui, en 2008, devrait demander environ six cents missions de veille à l’Adit dans les filières traditionnelles de la région : secteur textile, domaine ferroviaire, santé... C’est également le cas de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Essonne très gourmande en informations liées à la recherche et développement dans les filières technologiques. Il est vrai que le département regorge d’universités, de laboratoires et d’entreprises de pointe : l’École polytechnique, le Commissariat à l’énergie atomique, le plateau de Saclay, le campus d’Orsay…Mais la demande des collectivités ne porte pas exclusivement sur des prestations de veille stricto sensu. Ces dernières sont également très intéressées par lesétudes de benchmarking qui leur permettent de comparer ce qui a été fait en France et à l’étranger en matière d’infrastructures. L’attractivité des territoires repose également sur une qualité d’équipement susceptible de séduire les investisseurs étrangers.
synthèse en quatre pages
Qui dit collecte d’information dit diffusion de l’information. Selon Thierry Ferrari, « la restitutioni d’informations doit se faire de façon synthétique : la tendance à la concision est très nette parmi les PME qui apprécient le format quatre pages. Et au-delà de ces bulletins de veille, les entreprises et les collectivités peuvent accéder à des plates-formes internet">i sécurisées qui sont régulièrement mises à jour par nos consultants. Quatre pôles de compétitivité utilisent déjà ces sites ». Dernière tendance observable, l’intelligence territoriale n’est plus l’apanage des seuls conseils régionaux. On constate désormais, à l’échelon communal, des besoins naissants. C’est ainsi que la Communauté d’agglomération de Nice-Côte d’Azur a fait procéder à un benchmarking national et international pour disposer d’informations sur la mise en oeuvre de certaines infrastructures. Cela permet à la communauté de savoir si ces réalisations ont été des réussites tant du point de vue du financement que de leur fonctionnement.