Article réservé aux abonnés Archimag.com

Vá​clav Havel​ : la bibliothèque durable

 

Sommaire du dossier :

 

La bibliothèque Vá​clav Havel est emblématique de la Halle Pajol, un nouvel éco-quartier du nord de Paris. Préfigurant ce que pourrait être la bibliothèque de demain, elle a été conçue comme un lieu de vie éco-responsable destiné à s'adapter durablement aux usages de ses habitants.   


Cet article a été publié en juin dans le n°295 d'Archimag. L'actualité de ces derniers jours nous oblige à préciser que la bibliothèque Vàclav Havel est restée fermée du 17 au 28 juin 2016, suite à l'installation d'un campement de migrants improvisé sur l'esplanade Nathalie-Sarraute, devant la Halle Pajol. Il y a tout juste un an, le quartier avait connu une situation comparable, à la même époque, mais l'établissement était alors resté ouvert. Vous pourrez lire le témoignage des professionnels de Vàclav Havel, ayant alors offert un accueil à ce public spécifique et oeuvré pour une cohabitation sereine entre riverains et migrants, ici.


La Halle Pajol fait figure d'ovni, dans cette petite portion du 18e arrondissement de Paris. Imposant et élégant, fait de bois, d'acier et de verre, cet entrepôt de la SNCF des années 20 a été entièrement réhabilité en un immense bâtiment à énergie positive de 10 000 m².

Inaugurée en 2013, cette halle est un véritable modèle d'éco-quartier parisien à dimension économique, culturelle et sociale, qui accueille aujourd'hui une auberge de jeunesse, une salle de spectacle, des commerces, des bistrots, des bureaux, un immense jardin de 9 000 m² et surtout, sous le shed nord... la bibliothèque Vá​clav Havel.

Identité et autonomie

Côté organisation, la bibliothèque a été conçue différemment des autres espaces.

"La bibliothèque a une position géographique importante, confirme Raphaëlle-Laure Perraudin, membre du cabinet Jourda Architectes qui a dessiné et conçu la halle ; elle crée une articulation entre le jardin nord, couvert, et le grand corps du bâtiment. Elle dispose d'un volume indépendant, qui confirme son identité et son autonomie, tout en faisant partie d'un tout".

​Comme l'ensemble des équipements de la halle, les besoins en énergie de la bibliothèque sont entièrement couverts par les 496 MWh d'électricité accumulés chaque année par le bâtiment. Et ce grâce aux 3 500 m² de panneaux photovoltaïques qui recouvrent les pans sud de son toit, faisant de la halle Pajol la plus grande centrale solaire urbaine de France. 

"Ce projet était totalement inédit et un véritable objet de recherche pour nous, explique Raphaëlle-Laure Perraudon ; le résultat est un objet complexe disposant d'un degré d'innovations techniques élevé".

Astuces écolo-architecturales

Il faut dire que le bâtiment fourmille d'astuces écolo-architecturales : d'abord, il dispose d'une enveloppe performante surisolée, grâce à sa géométrie compacte, à sa structure en bois et béton très épaisse (jusqu'à 47 cm d'épaisseur) sans perte thermique, et à ses fenêtres triple vitrages. 

150 m² de panneaux solaires thermiques installés à l'est de la halle ainsi que les récupérateurs de calories dans les descentes de douche permettent de préchauffer l'eau alimentant l'auberge de jeunesse. 

Pour la ventilation, un système à double flux récupère la chaleur produite par le bâtiment pour le chauffer en hiver et diffuse en été un air rafraîchi par un puits canadien (ou échangeur air-sol) installé sous le jardin. Celui-ci est d'ailleurs arrosé grâce à la récupération de l'eau de pluie, stockée dans ses bassins. 

Les architectes ayant souhaité limiter au maximum l'empreinte écologique du nouveau bâtiment, un énorme effort a été porté sur la traçabilité du bois de mélèze, posé "brut de sciage", sans aucun traitement. Cette surveillance a permis d'assurer sa provenance de forêts certifiées éco-gérées. Par ailleurs, les autres matériaux de finition (peinture, sols linoléum, etc.) ont été choisis en fonction de leur faibles émissions de composés organiques volatils (COV). 

La bibliothèque du futur ?

C'est justement parce qu'elle appartient à un ensemble que la bibliothèque s'est immédiatement fondue dans la vie du nouveau quartier, dont l'essor fut instantané : 

"La bibliothèque est associée aux autres programmes de la halle, confirme Raphaëlle-Laure Perraudin ; et c'est leur synergie qui leur donne à chacun une ampleur incomparable". 

Selon l'architecte, cette mise en commun de moyens et d'espaces, gérée à l'échelle du bâtiment entier, pourrait, si elle était encore plus poussée, être la préfiguration de LA bibliothèque du futur : un véritable lieu de vie. "La bibliothèque devrait être mise en commun avec d'autres espaces à usages mixtes hébergeant l'enrichissement et l'empilement des activités humaines, explique-t-elle ; car les bâtiments doivent pouvoir accueillir les mutations de la société". 

Cet article vous intéresse? Retrouvez-le en intégralité dans le magazine Archimag !
Tiraillées entre les demandes d’extension de leurs horaires et la question du prêt numérique, les bibliothèques se bougent pour faire évoluer autant leurs murs que la manière de les aménager et de les outiller.
Acheter ce numéro  ou  Abonnez-vous
À lire sur Archimag
Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
Publicité

sponsoring_display_archimag_episode_6.gif