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Les bibliothèques universitaires mettent le cap sur le développement durable

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    “Par essence, les BU pratiquent le développement durable, car elles achètent des ressources documentaires pour le plus grand nombre”, explique Hélène Pouilloux, directrice du Service commun de documentation. (freepik/BillionPhotos)
  • En quelques années, les bibliothèques universitaires (BU) se sont emparées de la question écologique pour mieux l’intégrer dans leurs pratiques quotidiennes.

    enlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°377
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    C’est un signe qui ne trompe pas. La question écologique est devenue si importante qu’elle sera au centre des débats du congrès de l’ADBU qui se tiendra à Dijon du 9 au 11 octobre 2024.

    Les congressistes seront invités à plancher sur le thème suivant : "Valorisation des initiatives en matière de développement durable, sobriété et logique circulaire dans les bibliothèques universitaires".

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    "Les BU sont les bâtiments les plus ouverts et fréquentés sur un campus", constatent Aurore Cartier (Université Jean Moulin Lyon 3) et Nelly Sciardis (Université Polytechnique Hauts-de-France), en charge de l’organisation de cette journée d’étude. "Elles se sont ainsi retrouvées au cœur des enjeux de la sobriété énergétique. Par exemple, comment rafraîchir en été et chauffer efficacement en hiver des constructions vieillissantes (pour la plupart construites dans les années 1970) alors que les coûts énergétiques ont explosé ces dernières années ?". 

    À leurs yeux, de nombreux établissements sont désormais acculturés à la question environnementale. À des degrés divers, des initiatives ont vu le jour ici et là : mise en place de groupes de travail, réorientation des politiques d’achat de fournitures, acquisition de fonds spécialisés sur le développement durable, usage plus raisonné des ressources (papier, eau, électricité, consommable, etc.).

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    Logique circulaire

    Face à ces enjeux, les bibliothécaires universitaires s’inspirent de ce qui se passe ailleurs, notamment dans la sphère économique, avec le concept de logique circulaire. "C’est un parallèle que nous souhaitions faire avec l’économie circulaire, qui est un des ressorts du développement durable et qui consiste à partager, réutiliser, réparer et recycler les produits et les matériaux existant le plus longtemps possible", poursuivent Aurore Cartier et Nelly Sciardis. "Depuis quelques années, certaines BU ont commencé à développer de nouveaux types de prêts basés sur cette même logique circulaire : prêts longue durée d’ordinateurs portables aux étudiants, de chargeurs et de matériel informatique, de papeterie, d’objets du quotidien (cuisine, bricolage, électroménager, loisirs, etc.), d’instruments de musique, d’œuvres d’art, etc." Ces services sont très souvent adossés à des dons (de réemploi ou de reconditionnement) de matériel ayant déjà eu un usage antérieur.

    Autre action concrète recommandée par l’ADBU, la révision des horaires d’ouverture et des fermetures partielles ou complètes des espaces de travail. "Une optimisation de l’occupation des mètres carrés peut être réalisée sur un campus en privilégiant l’ouverture des bâtiments les plus fréquentés, en favorisant les logiques de "chronotopie" ou encore en réfléchissant à la complémentarité des horaires d’ouverture de différentes bibliothèques sur un territoire plus large qu’un campus". De même, des actions transversales peuvent être entreprises, comme le déploiement du tri sélectif ou des opérations de végétalisation et de protection des écosystèmes naturels présents sur les campus.

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    Label "Développement durable & responsabilité sociétale"

    À Besançon, cela fait une dizaine d’années que les bibliothèques de l’Université de Franche-Comté sont engagées dans une trajectoire de développement durable. "Cela a commencé par une série de petites actions, comme la récupération du papier brouillon et l’extinction des lumières lorsqu’un espace est inoccupé", explique Hélène Pouilloux, directrice du Service commun de documentation. "Par essence, les BU pratiquent le développement durable, car elles achètent des ressources documentaires pour le plus grand nombre. Un même livre peut ainsi servir à plusieurs dizaines de personnes. Au-delà de la BU, l’Université de Franche-Comté travaille par ailleurs à l’obtention du label DD&RS (Développement durable & responsabilité sociétale)".

    Au niveau bâtimentaire, une série de changements sont en cours : remplacement des luminaires par des Led, travaux d’isolation, limitation du chauffage à 19°… Autant d’actions qui permettent aux dix BU de l’université de candidater au Label Services Publics + qui vise à soutenir "la dynamique d’amélioration continue" de l’État. La BU peut également s’appuyer sur le travail de trois référents écoresponsabilité.

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    Réduire la plastification des livres

    La place des ressources documentaires a également fait l’objet d’une réflexion. De nombreux ouvrages consacrés au développement durable sont mis en avant par les bibliothécaires. Les livres promis au désherbage sont recyclés ou remis en circulation via des partenaires du livre d’occasion. Surtout, la plastification des livres a été considérablement réduite en raison de son impact écologique.

    Résultat : le budget dédié à la plastification a baissé de 50 % en l’espace de quelques années. "Cette somme n’est pas négligeable, car nous pouvons la consacrer à des acquisitions plus intéressantes que l’achat de films de protection. Et cela facilite le recyclage des ouvrages ", précise Hélène Pouilloux.

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    Troc parties

    Autre initiative, des "troc parties" permettent de donner des objets (ustensiles de cuisine, fournitures de bureau, vêtements…) aux étudiants grâce à la générosité d’un réseau de donateurs. En 2021, ce sont plus de 10 000 objets qui ont pu être échangés par ce biais. Alors que trop d’étudiants vivent dans la précarité, une autre opération est particulièrement appréciée : le prêt de 150 ordinateurs pour une durée de 24 heures ou d’un semestre.

    "Au sein de l’Université de Franche-Comté, la notion de développement durable est perçue à l’aune des 17 objectifs énoncés par l’Onu dans son Agenda 2030. Au-delà de la réduction de son impact écologique, l’institution mène des actions en faveur de l’égalité des chances et de la lutte contre les discriminations " souligne Hélène Pouilloux.

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    Bilan carbone

    Dans un ouvrage paru il y a quelques mois, Fanny Valembois, cheffe de projet Livres et Éditions au sein de l’association The Shift Project, rappelait que les BU peuvent procéder à leur bilan carbone. Ainsi, sur la base d’un établissement de 16 000 m² répartis en trois bâtiments rénovés et chauffés au gaz ainsi que par réseau de chaleur, les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont estimées à environ 800 tonnes par an. "Les bilans carbone font ressortir l’énergie et les immobilisations comme premières sources de GES", explique Fanny Valembois.

    Rappel de définition : un bilan carbone est un outil permettant de calculer les GES d’une organisation. Il prend en compte les émissions directes (utilisation de pétrole et d’électricité, par exemple) et les émissions indirectes (achat, déchets…). Son objectif est d’identifier les principales sources d’émissions de GES et de les atténuer. "Comme tout outil, le bilan carbone n’est pas parfait. Il ne mesure que les impacts sur le climat, laissant de côté les enjeux de pollution, de biodiversité, de ressource en eau", tempère Fanny Valembois.

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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