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Explosion des usages du numérique
Le numérique poursuit aujourd’hui une croissance exponentielle : dématérialisation massive accélérée par notre contexte sanitaire et de télétravail, multiplication des objets connectés (puces, voitures, prises, etc.) et ouverture des voies rapides pour le transport des data (5G ou câbles fibrés transocéaniques).
De fait, un ado américain passe 7 heures 22 par jour devant un écran, dont 3 heures à regarder Netflix et autres plateformes de séries et de films et 1 heure sur les réseaux sociaux ! Se calmera-t-il en devenant adulte ? Aucune raison que cela s’arrête !
Le numérique est un des éléments du problème à résoudre collectivement : pour la fabrication des matériels technologiques (12 % du cuivre et 7 % de l’aluminium par exemple, plus des terres rares), pour le développement des applications (jusqu’à 400 millions de lignes de code informatique pour une voiture autonome, 61 millions de lignes pour Facebook), pour les usages (on prévoit d’ici 4 ans 5 000 interactions, clics, like, par jour et pas personne). (Lire : La guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique de Guillaume Pitron, Les Liens Qui Libèrent, 2018)
En outre, les data centers ont besoin aujourd’hui de 10 % de l’électricité mondiale et de beaucoup d’eau pour leur refroidissement. Reste enfin les déchets à recycler.
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Évaluer l'impact réel du numérique grâce à l'empreinte carbone
Il est donc critique de pouvoir évaluer l’impact réel du numérique, ne serait-ce que pour disposer d’un repère pour engager les actions de réduction et de compensation !
L’exercice peut sembler complexe. L’une des méthodologies privilégiées consiste à mesurer l’empreinte carbone de vos activités numériques dans le cadre de vos activités, puis d’identifier les leviers structurants de réduction de l’empreinte carbone.
Pour rappel, l’empreinte carbone est l’« unité de mesure de l’impact des activités humaines sur les changements climatiques » (Source : www.goodplanet.org), le CO2 correspondant à la quantité de gaz à effet de serre (GES) émise lors d’une action. Ainsi, réaliser son bilan carbone revient à comptabiliser l’ensemble des émissions de GES directes ou indirectes induites par les activités d’une personne, d’une société, d’un pays.
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Calculer l'empreinte carbone sur l'ensemble du cycle de vie d'un objet
Cette approche prend en compte l’ensemble du cycle de vie d’un objet. Ainsi, si vous souhaitez calculer l’empreinte carbone d’un PC portable, il convient de considérer les émissions de GES à chaque étape, extraction des composants du matériel, assemblage, transport, temps d’utilisation, recyclage éventuel.
Afin d’élaborer son propre bilan carbone, il est important de structurer sa démarche et de s’appuyer sur les référentiels existants. L’exercice consiste à définir son périmètre d’étude, élaborer sa méthodologie, évaluer l’empreinte carbone des principaux centres d’émission, identifier les leviers de réduction et mettre en application via des mesures de diminution ou de compensation carbone à court, moyen et long termes.
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Feuille de route pour le calcul de l'empreinte carbone
En premier lieu, il convient de sensibiliser l’ensemble des collaborateurs à la démarche entreprise, communiquer sur les enjeux et objectifs et apporter une visibilité à la réalisation de ce projet.
Pour ce faire, l’élaboration d’une feuille de route ou plan d’action permet de structurer votre démarche et de positionner les étapes et jalons attendus et les moyens associés.
Ce plan d’action doit inclure des enjeux à moyen et long termes (par exemple, devenir contributeur carbone positif), mais également des étapes et des objectifs à courts termes afin d’apporter une approche concrète à votre démarche.
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La première phase consiste à définir le périmètre de votre démarche : ensemble des activités, services, personnes, centres d’émission carbone de votre société. Cela vous amène ensuite à bâtir votre méthodologie d’évaluation. Afin de structurer et professionnaliser votre démarche, il est indispensable d’appliquer des méthodologies reconnues.
À ce titre le « Bilan Carbone », élaboré par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), constitue un outil de référence définissant la méthode de comptabilisation des émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre.
L’identification des principaux postes ou facteurs d’émission carbone constitue un des éléments centraux de votre approche. Ces postes dépendent nécessairement de la nature de vos activités (primaire, secondaire, tertiaire).
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Les principaux facteurs d’émission carbone
Toujours en se basant sur la méthodologie de l’Ademe, des facteurs d’émissions ont été classifiés et regroupées en trois grandes catégories appelées « scopes » :
- scope 1 : émission générées par l’activité d’une organisation ou d’un territoire ;
- scope 2 : émissions associées à la consommation électrique ou chaleur ;
- scope 3 : émissions indirectes.
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Une société de service va générer des émissions émanant seulement de certains facteurs d’émissions principalement sur les scopes 2 et 3.
Constituez-vous ensuite une base comme référentiel des postes d’émission concernés avec unités de mesures des facteurs d’émission : à titre d’exemple l’envoi d’un mail simple, sans pièce attachée, correspond à 4 g de CO2 (Source : www.bilans-ges.ademe.fr/fr/accueil (20615 version 18)). Là encore des bases de données de références régulièrement mises à jour sont disponibles sur internet, il convient pour certaines informations de croiser avec différentes sources.
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Collecter des données de métriques sur les facteurs d'émission de gaz à effet de serre (GES)
La dernière étape consiste à collecter des données de métriques (variables selon votre périmètre précédemment défini) sur les facteurs d’émission précédemment identifiés (voir schéma : collecte des données de métriques et calcul de l’empreinte carbone).
Un fichier de calcul de recensement des facteurs d’émission, le référentiel de base avec traduction en CO2, l’implémentation des données collectées est fortement conseillé.
Néanmoins la réalisation de votre bilan carbone ne constitue pas la finalité de la démarche, elle n’est qu’une étape intermédiaire permettant de converger vers une identification des postes d’émission structurants.
Les objectifs sont d’élaborer ensuite un plan d’actions de réduction des émissions sur les postes significatifs identifiés. La réutilisation de votre méthodologie d’estimation de l’empreinte carbone vous permettra de mesurer les réductions éventuelles et l’efficacité de vos actions effectuées.
Les actions de compensation carbone
Vous pouvez également recourir à des mesures de compensation existantes afin de réduire votre empreinte carbone. L’étude de vos émissions carbone, la mise en application de mesures de réduction de ces émissions et des actions de compensation vous permettront potentiellement à moyen et long termes d’avoir un bilan carbone neutre voire de devenir contributeur positif.
Dans cette démarche, il est important de considérer certains points d’attention. Le premier risque identifié concerne l’éparpillement et le manque de méthodologie dans la démarche. Pour ce faire, il est important de s’appuyer sur des référentiels, méthodologies et acteurs existants et reconnus. Les volets d’accompagnement, de sensibilisation et de communication sur les enjeux, la démarche et les finalités sont également des éléments importants de la démarche. Ces actions vous permettront de faciliter les étapes de définition du périmètre, recensement des données, identification des actions de réduction d’émission carbone.
Vous pouvez également vous faire accompagner par des sociétés spécialisées ou vous rapprocher d’associations professionnelles dans la réalisation de ces travaux. Néanmoins, le green IT constitue un secteur en plein essor nécessitant une évaluation du sérieux des acteurs. À ce titre la certification Iso 14064 est un élément structurant de la démarche.
Pierre Fuzeau
Coprésident du Groupe Serda-Archimag
Olivier Mollet
Consultant senior, Serda Conseil