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[En direct de Documation] Surprise. Déception. Parmi les exposants du salon Documation, rares sont ceux qui ont accepté de partager avec nous leurs actions et engagements en faveur d’un numérique, voire d’une dématérialisation écoresponsable. Peut-être n’avons-nous pas eu de chance et ne sommes-nous pas tombé.e.s sur les bons interlocuteurs ?
Une chose est sûre : il va falloir que les éditeurs de solutions s’emparent très rapidement de cette question, ne serait-ce que pour répondre aux nouvelles lois sur la sobriété numérique ainsi qu'à la demande croissante de leurs (futurs) clients.
Il faut admettre que si l’écoresponsabilité est de tous les débats, de toutes les promesses, l'écoresponsabilité de la dématérialisation n’en est encore qu’à ses balbutiements. Certes, certains cabinets de conseil se sont spécialisés sur le sujet de la dématérialisation écoresponsable et des organismes de formation continue ont ouvert des stages dédiés....
Mais seuls 12 % des organisations ont d’ores et déjà réalisé leur bilan carbone. 3,4 % d’entre elles seulement ont inclus le numérique dans leurs calculs et 0,68 % la dématérialisation !
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Serda Conseil : un référentiel dédié à la dématérialisation écoresponsable
Rien d’étonnant à cela : jusqu’ici, aucune donnée ne mesurait réellement les émissions de gaz à effets de serre des flux de dématérialisation (numérisation, impressions, boîte d'archives, stockage chaud et froid, usage de signature électronique, de parapheurs, etc). Pierre Fuzeau, co-président de la Permaentreprise Serda-Archimag présente en avant-première, lors de cette conférence, le premier Référentiel 2022 des indicateurs clés de la dématérialisation écoresponsable, élaboré conjointement par Serda Conseil et La Coopérative Carbone et disponible dès à présent en open source.
On y apprend par exemple qu’une lettre recommandée au format papier est à peu près aussi respectueuse de l'environnement (voire plus) qu'une lettre recommandée électronique (entre 35 et 105 grammes équivalent CO2 pour le papier contre 12 et 120 grammes pour l'électronique), que numériser une page A4 avec reconnaissance de caractère pèse entre 23 et 57 grammes d'équivalent CO2, et qu’apposer une signature électronique sur un document numérique pèse entre 20 et 85 grammes équivalent CO2.
“Les organisations ont besoin de pouvoir mesurer pour se donner ensuite des objectifs chiffrés”, explique-t-il ; “ces 21 indicateurs, qui couvrent les usages de la chaîne de la dématérialisation à 360° à travers les flux entrants, circulants et sortants, constituent un outil d’accompagnement très concret pour les organisations qui souhaitent s’engager vers une dématérialisation écoresponsable”.
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La Rochelle : la dématérialisation écoresponsable comme démarche de territoire
“Avant de réduire, il faut mesurer”, confirme Guillaume Vola, chef de projet dématérialisation et archivage électronique pour l’Agglomération de La Rochelle, qui s’est lancée dans un projet de neutralité carbone d’ici 2040. Baptisé La Rochelle Territoire Zéro Carbone (RTZC), ce programme ambitieux réunit 130 partenaires et mise sur des projets d'innovation de séquestration carbone avec la Coopérative Carbone. Cette société coopérative d'intérêt collectif, agrège et accompagne les porteurs de projets, évalue le « gain carbone » ou les économies d’énergie de leurs actions et porte, entre autres, les démarches administratives de labellisation.
“La dématérialisation écoresponsable s’inscrit dans une démarche de territoire” précise Guillaume Vola, qui présente le bilan carbone numérique de l’agglomération : 673 tonnes de CO². “Ce n’est pas énorme, mais considérable tout de même”, précise-t-il. Dans le détail, l’achat et la fabrication de matériel représentent plus de 50% des émissions et les usages plus de 35 %. “La dématérialisation permet d’économiser du papier et des transports mais nécessite des investissements informatiques qui consomment de l’électricité”, poursuit Guillaume Vola, qui présente les chiffres croisés des émissions ajoutées et évitées grâce à la dématérialisation : au final, 37 tonnes de Co² par an ont été évitées, soit les émissions moyennes de 3 Français par an. “Soit ce que stockent en moyenne 9 ha de forêt par an en France”, conclut-il.
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Quelques pistes d’amélioration de son bilan carbone numérique
Car la question de l’état des lieux est en effet primordiale avant d’envisager d’éventuelles actions. Ce que confirme Romaric David, ingénieur de recherche à l’Université de Strasbourg : “Derrière la dématérialisation écoresponsable se cache du numérique et des datacenters”, explique-t-il ; “les plus gros impacts sur l’environnement sur lesquels il faudra jouer sont la consommation d’énergie de ces datacenters (25 % des émissions de GES du numérique), les transferts de données sur le réseau (28 %) et les terminaux - ordinateurs, tablettes, smartphones - utilisés pour initier les flux (47 %)”.
Il avance quelques pistes d’amélioration : réduire la consommation d’énergie pour le refroidissement des data centers (“un data center bien conçu consomme deux fois moins qu’un data center standard”, insiste-t-il), réduire la consommation des serveurs informatiques. Côté matériel, Romaric David recommande de privilégier les périodes de garantie longue (au moins 5 ans) lors de l’achat et de favoriser le réemploi (pour lutter contre l’obsolescence programmée).
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