Elle aurait pu faire des mathématiques, de l’anthropologie ou de l’ethnologie. Mais la carrière professionnelle de Véronique Mesguich l’a finalement menée vers d’autres rives : la veille et la recherche d’information.
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Découverte des bibliothèques
« Étudiante, j’étais une littéraire contrariée ! J’ai finalement opté pour des études de mathématiques parce que j’aimais cette discipline et parce que cela permettait d’ouvrir toutes les portes. J’y ai trouvé des raisonnements qui me servent aujourd’hui pour comprendre le web de données ».
Étudiante à l’université de Paris 7 - Jussieu, il lui arrivait de sécher des cours pour se précipiter dans les salles de cinéma du Quartier latin à la recherche « de films de l’âge d’or du cinéma ». De son propre aveu, elle ne fréquentait alors guère les bibliothèques.
C’est au cours d’un séjour d’une année à Oxford qu’elle découvre les « british libraries » :
« La bibliothèque spécialisée en mathématiques était accueillante, calme, chaleureuse et efficace. Je me souviens d’une grande qualité de service dans cette bibliothèque universitaire. Cette expérience est restée ancrée en moi ».
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Nouvelle génération de médiathèque
De retour en France, elle passe le certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire (institué en 1951 et disparu aujourd’hui). D’une pierre deux coups : elle y apprend les fondamentaux du métier… et elle y rencontre son futur époux.
Sa première affectation ressemble à une page blanche. Recrutée à la Cité des sciences et de l’industrie qui vient d’ouvrir ses portes (en 1986), elle intègre la médiathèque :
« Il s’agissait de créer une nouvelle génération d’établissements avec une forte volonté de vulgarisation scientifique. Nous avons vu arriver un public qui ne fréquentait pas spontanément les bibliothèques. En proposant des supports innovants pour l’époque (le vidéodisque, par exemple) et des ateliers de formation, cette médiathèque fut l’une des premières à faire de la médiation ».
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Les débuts de la veille et de l'intelligence économique
Après deux années passées dans le quartier de La Villette, Véronique Mesguich négocie un virage professionnel. Elle passe du public au privé et rejoint le cabinet de veille technologique Innovation 128. Nous sommes à la fin des années 80 : un temps où peu de gens parlaient de veille et d’intelligence économique.
« À l’époque, peu d’entreprises pratiquaient ces deux disciplines. Cette expérience, très centrée sur les transferts de technologie, m’a passionnée. Nous menions alors la veille sur des bases de données et les langages d’interrogation étaient très complexes. Quelques mois plus tard, j’ai décidé de créer ma propre entreprise avec une associée : Diagram. Notre initiative était un peu inconsciente car nous avions peu d’expérience et encore moins de réseau ! Mais cela a bien fonctionné pendant six années ».
Prix de l’intelligence économique
Dans les années 90, Véronique Mesguich rejoint l’infothèque du pôle universitaire Léonard de Vinci à La Défense. Une nouvelle expérience qui se déroule dans un bâtiment flambant neuf et à l’aune d’une pédagogie qui plaide pour un enseignement opérationnel associant université et entreprises.
Ces passages dans le public et le privé lui ont permis d’acquérir une vision globale de la recherche d’information qu’elle a formalisée dans un ouvrage coécrit avec Armelle Thomas : « Net recherche » (éditions ADBS). Publié pour la première fois en 2006, ce livre en est aujourd’hui à sa cinquième édition et a valu aux deux auteures de recevoir en 2010 le Prix de l’intelligence économique.
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Coprésidente de l'ADBS
Depuis 2012, Véronique Mesguich se consacre à l’enseignement et à l’écriture. Elle a également assuré la coprésidence de l’Association des professionnels de l’information et de la documentation (ADBS) pendant trois ans et en a tiré une leçon :
« Je suis persuadée que les métiers de l’infodoc ont un rôle à jouer dans la vérification et l’analyse des sources d’information ».
Elle like :
- Sa ville préférée : Rome, pour ce mélange unique de sacré et de dolce vita.
- Son film préféré : « L’homme qui voulut être roi » de John Huston, car c’est l’histoire d’une quête impossible.
- Son disque préféré : Heroes de David Bowie, pour son univers musical composite.
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