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Cet article est issu du dossier "Covid-19 : les bibliothèques confinées, et après ?" du numéro de mai-juin d'Archimag. Voici le sommaire du dossier :
- Covid-19 : du confinement au déconfinement des bibliothèques, comment l'ABF traverse la crise
- Bibliothèques et bibliothécaires transformés par le Covid-19 et le confinement
- Raphaëlle Bats de l'Enssib : "Le séminaire Biblio-Covid a rencontré son public"
- Covid-19 : une hausse historique pour la consultation des ressources numériques des bibliothèques
- Covid-19 : à l'étranger, comment se passe le déconfinement des bibliothèques ?
- Covid-19 : la filière du livre, en danger, cherche à rebondir
Moins 97 % pour les guides touristiques, moins 90 % pour les livres d'art, moins 84 % pour les sciences humaines, moins 76 % pour la bande dessinée, moins 59 % pour la littérature générale… L’effondrement des ventes de livres pour cause de Covid-19 et de confinement ressemble à un désastre.
Selon une étude de l'institut GFK pour nos confrères de Livres Hebdo, le marché du livre a connu une baisse historique de 66 % en valeur et de 58,5 % en nombre d'exemplaires sur la période du 16 mars au 12 avril 2020 par rapport aux quatre mêmes semaines de 2019.
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La chaîne éditoriale française menacée
Une calamité ne venant jamais seule, c’est toute la chaîne éditoriale française qui est menacée. Pour Antoine Gallimard, PDG de Madrigall (troisième groupe éditorial français), les effets de la pandémie vont se payer en argent sonnant et trébuchant, mais pas seulement :
"On a perdu presque 90 % de notre chiffre d’affaires. Les conséquences ne sont pas simplement la disparition d'un mois et demi de chiffre d’affaires, cela va beaucoup plus loin. Le monde de l’édition, c’est presque 25 000 salariés. Avec les imprimeurs papier et les distributeurs, on arrive à 50 000. C’est tout ce monde-là qui est bloqué".
Même son de cloche pour le Syndicat national de l’édition :
“La crise sanitaire du Covid-19 a et aura des conséquences dramatiques pour l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre. Editeurs, auteurs, libraires, mais aussi imprimeurs et compositeurs sont déjà et vont continuer à être fortement affectés”.
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Soutien de l’Etat pour l'édition
Heureusement, les acteurs de l’édition pourront - sous conditions - profiter des mesures de soutien économique annoncées par le gouvernement : délais de paiement d’échéances fiscales, remises d’impôts directs, rééchelonnement des crédits bancaires, activité partielle simplifiée…
Le Centre national du livre, quant à lui, a d’ores et déjà lancé un plan d’urgence doté d’une première enveloppe de 5 millions d’euros pour répondre aux difficultés immédiates des éditeurs, des auteurs et des libraires.
Au-delà des aides de l’Etat, la filière peut aussi compter sur ses propres ressources. La crise sanitaire a en effet provoqué un regain de curiosité pour le livre numérique. La plateforme Youboox annonce avoir multiplié par 4 le nombre de ses nouveaux abonnés depuis le confinement. Quant au spécialiste de la bande dessinée numérique Izneo, son trafic enregistre une hausse de 150 % depuis la mi-mars.
Le livre dématérialisé a par ailleurs été largement mis à contribution par certaines enseignes qui n’ont pas hésité à offrir des fichiers à télécharger gratuitement. La Fnac, Cultura et le Furet du Nord ont mis des centaines de titres à disposition des internautes. Un geste commercial bienvenu qui ne résout cependant pas le problème du manque à gagner.
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Les libraires sauvent les meubles
Du côté des libraires, le système D a permis de sauver les meubles. A Besançon, deux librairies ont rivalisé d’inventivité pour maintenir un minimum d’activité. Les Sandales d'Empédocle ont fait appel à une boulangerie - autorisée à ouvrir - pour distribuer des livres préalablement achetés sur son site.
Chez Réservoir Books, c’est le principe du "click and collect" qui a été retenu : commande d’ouvrages via le site de la librairie et retrait sur le pas de la porte du magasin. Une procédure qui a permis au libraire d’assurer près de 30 commandes par jour pour un montant de 3 500 euros en une semaine soit 80 % du chiffre d’affaires hebdomadaire d’avant la crise sanitaire.
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Au-delà de ces deux initiatives, ce sont près de 800 librairies qui ont rejoint le projet “Je soutiens ma librairie” qui recense les actions destinées à aider la filière : participer à une cagnotte, s'offrir des bons d’achat à utiliser dès la réouverture, choisir un libraire plutôt qu’Amazon…
“Ce sont autant de petites actions qui vous permettent d’aider votre librairie à se maintenir financièrement à flots durant cette période difficile”, explique le promoteur du projet.