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Ecologie : quand les bibliothèques passent au vert

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    Quelles sont les bibliothèques vertes ? A Sainte-Luce-sur-Loire (Loire-Atlantique), par exemple, la médiathèque René Goscinny s’inscrit dans une démarche de haute qualité environnementale. (DR)
  • En quelques années, le thème de l’écologie s’est imposé dans le monde des bibliothèques. En France et à l’étranger, quelques établissements font figure de précurseurs et ouvrent la voie. Enquête.

    Temps de lecture : 5 minutes

    La question écologique s’invite partout. A-t-elle également sa place au sein des bibliothèques ? Comparées au transport aérien, à l’industrie textile ou à l’exploitation minière, les bibliothèques font figure d’enfant de chœur en matière d’impact environnemental.

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    La responsabiblité sociale des bibliothèques

    "Et pourtant qu’elles le veuillent ou non, les bibliothèques ont une responsabilité sociale, et leur performance écologique se mesure en émission de CO2 ou en surface productive nécessaire pour répondre à la consommation de ressources et aux besoins d’absorption de déchets", explique Joachim Schöpfel, maître de conférences en sciences de l’information et de la documentation à l’université de Lille 3 ;

    Il ajoute : "d’ailleurs, un nombre croissant de bibliothèques prend conscience de cette responsabilité et se lance dans la démarche d’une bibliothèque verte. D’autres y sont obligées puisque leur tutelle — municipalité, département, ministère, université… — mène une politique en faveur du développement durable et met tous les services à contribution pour la réussite de son plan d’action locale “agenda 21”".

    Comme tout site, les bibliothèques ont en effet une empreinte environnementale qui se calcule sur la base de plusieurs indicateurs : consommation d’eau, consommation d’énergie de chauffage, consommation d’électricité, production de déchets, émission de dioxyde de carbone (CO2)…

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    Réaliser un audit énergétique

    "L’empreinte environnementale des bibliothèques est multiple", précise Manon Le Guennec, conservatrice des bibliothèques et auteure d’un mémoire d’études à l’Enssib ; "elle dépend de facteurs très divers d’une bibliothèque à l’autre : du type de bibliothèque, de sa taille, de son amplitude horaire, de ses bâtiments, etc. Et de facteurs dont on peine à définir précisément l’empreinte écologique globale (fabrication du livre, impact du numérique). Difficile donc d’évaluer l’empreinte environnementale des bibliothèques en général".

    Pour autant, la communauté des bibliothécaires s’empare progressivement de la thématique environnementale. Cela doit cependant se faire de façon méthodique :

    "Il s’agit de réaliser un audit énergétique, ou encore une étude de la gestion des déchets par exemple. C’est souvent le point de départ d’actions qui visent à réduire l’empreinte environnementale des bibliothèques", explique Manon Le Guennec.

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    Des écogestes pour l'environnement

    Une fois cet audit réalisé, d’autres actions peuvent être mises en place :

    "On peut agir sur les bâtiments (rénovation pour réduire la dépense énergétique par exemple), sur le circuit des déchets (mise en place du recyclage), sur les produits d’entretien, sur les écogestes pour les personnels et les publics (inciter à utiliser de la vaisselle réutilisable, à réduire la consommation d’eau, d’énergie…)".

    La prise de conscience écologique en bibliothèque n’est pas récente. Dès 2008, Alain Caraco, conservateur général des bibliothèques, estimait que "les bibliothèques ne peuvent pas rester indéfiniment en dehors de la question environnementale. Leur impact écologique est typique des activités tertiaires : les bibliothèques occupent des bâtiments, génèrent des transports, effectuent des achats et produisent des déchets". Une douzaine d’années plus tard, son appel a été entendu.

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    Quand l’Ifla décerne son prix de la bibliothèque verte

    En France, plusieurs établissements ont décidé de monter en première ligne. La bibliothèque universitaire centrale du Havre et la médiathèque l’Alpha d’Angoulême sont dotées de bâtiments qui visent à réduire leur empreinte.

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    A Sainte-Luce-sur-Loire (Loire-Atlantique), la médiathèque René Goscinny s’inscrit aussi dans une démarche de haute qualité environnementale : ventilation à double flux, éclairage naturel, peintures minérales, chaudière à condensation, végétation filtrant l’eau de pluie sur le toit.

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    Plus modestement, la bibliothèque de la Canopée, au cœur de Paris dans le quartier des Halles, a mis en place une séance de travail dédiée à la question environnementale.

    Rien qu’en France, 82 établissements ont pris la décision de s’inscrire dans l’Agenda 2030, le programme de développement durable à l’horizon 2030, lancé par l’Onu en 2015. Parmi eux, on compte des bibliothèques municipales et universitaires, mais aussi des centres de documentation spécialisés, y compris scolaires.

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    Des bibliothèques vertes à l'étranger

    A l’étranger, la bibliothèque municipale Daniel Guillard de Cali (Colombie) a récemment reçu le prix de la bibliothèque verte décerné chaque année depuis 2016 par l’Ifla. La Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques a récompensé l’établissement pour son projet Gaia destiné à faire prendre conscience du concept de durabilité. Les usagers se sont vu proposer une série d’actions concrètes : cours d’artisanat à partir de matériaux recyclés, ateliers radiophoniques consacrés à la nature, club de théâtre sur des thèmes liés à l’environnement, lectures…

    Avant la bibliothèque Daniel Guillard, l’Ifla avait déjà récompensé des établissements chinois (Foshan), allemand (Stadtbibliothek Bad Oldesloe) et mexicain (San Cristobal de las Casas). Le montant de ce prix est modeste (500 euros), mais l’Ifla entend marquer le coup et “promouvoir le développement des initiatives des bibliothèques écologiques au niveau local et mondial”.

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    Enseigner la question écologique aux bibliothécaires

    Et si la question écologique était enseignée dans la formation des bibliothécaires ? C’est en partie le cas, estime Manon Le Guennec :

    "Des centres de formation proposent des sessions de formation continue consacrées à ces questions. En juin 2019, Mediat Rhône-Alpes a organisé une demi-journée de formation continue sur la thématique des enjeux environnementaux en bibliothèque. Par ailleurs, depuis deux ans, un atelier consacré à ce sujet est proposé en formation post-concours BIBAS classe normale à Mediadix (université Paris Nanterre)".

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    On pourrait ajouter la journée d’étude organisée par l’association Languedoc-Roussillon Livre et Lecture. Au programme : un retour d’expérience tiré de la construction de la médiathèque Montaigne de Frontignan (Hérault) qui a bénéficié de terrasses végétalisées. Résultat : une ventilation naturelle par une "boîte à vent" permet de rafraîchir naturellement le bâtiment.

    Reste à décliner ces formations continues dans le cadre des formations initiales des bibliothécaires.

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