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Charlotte Henard s’est vue propulsée sur le devant de la scène du jour au lendemain. Recevoir le prix de la bibliothécaire francophone 2020 l’a obligée à sortir de sa zone de confort et c’est tout en réserve qu’elle accepte de partager son engagement, très ancré.
Devenir bibliothécaire
Il faut dire que sa vocation est née très tôt, dès le collège de Châtenay-Malabry, en région parisienne, où elle grandit. Ni la plage, qu’elle fréquente ensuite entre deux cours au lycée d’Arcachon, ni sa forte sensibilité pour l’art, qui fait partie intégrante de sa vie, ne suffisent à détourner cette lectrice assidue de son objectif. « Devenir bibliothécaire me permettait de ne jamais cesser d’apprendre », explique-t-elle.
C’est à Lyon - sa « ville de cœur » - qu’elle passe son diplôme de bibliothécaire et est embauchée le soir même à la bibliothèque municipale par Patrick Bazin, le directeur de la lecture publique de l’époque. « Sa vision a imprimé durablement mon parcours », confie-t-elle.
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"Le métier tel qu'il se pratique"
Elle y expérimente le web dès 1995 et considère dès lors que son accès doit être le plus ouvert possible, « sans limites ni jugement de valeur ». Charlotte Henard, qui s’attache à changer de poste tous les quatre ou cinq ans, participe notamment à la départementalisation de la bibliothèque municipale de la Part-Dieu, avant d’atterrir à Toulouse sur le projet de construction de la médiathèque José Cabanis.
Elle y sera par exemple responsable du pôle actualités (« la presse est un enjeu majeur en bibliothèque ! ») et y créera le service accueil. Aujourd’hui, Charlotte Henard est responsable des services au public de la médiathèque et de la politique d’accueil du réseau.
« J’ai commencé avec un CDD », explique-t-elle ; « j’ai ensuite été assistante, bibliothécaire, puis conservatrice. Je connais le métier tel qu’il se pratique à tous les étages. Cela m’a construite en tant que professionnelle et explique mon attention aux équipes ».
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Bibliosphère et bibliotourisme
Agile avec le numérique, Charlotte Henard affirme qu’il a changé sa vie. « L’apparition de Twitter et ma découverte de sa bibliosphère en 2008 fut un vrai tournant », confie-t-elle ; « j’apprécie cette liberté d’échanges et de partage ».
Et il est un autre terrain sur lequel cette passionnée de « road trips » s’investit : le bibliotourisme. « Nous visitons beaucoup de bibliothèques en famille », explique-t-elle ; « comme cela intéressait les gens, j’ai mis les images à disposition sur Flickr en creative commons ».
Aujourd’hui, sa collection compte 20 000 images de bibliothèques, classées, taguées et consultées en moyenne 3 000 fois par jour. « J’aime photographier les détails - toujours positifs - qui ont attiré mon regard de professionnelle ».
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Transmission et engagement
Pour cette bibliothécaire avide d’apprendre, une bascule s’est opérée avec les années : « Je me suis à mon tour investie sur la question de la transmission ».
Si le rôle de « shadow partner » lui convient bien, pour relire des textes ou préparer ses collègues à des entretiens, elle s’implique dans la formation en bibliothèque, en France et en Afrique francophone, où elle se rend régulièrement. « J’ai constaté que les problématiques sont les mêmes qu’en France, mais avec bien sûr des réponses adaptées au contexte. Cette expérience m’a confirmé ce qui a toujours conduit mon action : que la bibliothèque doit être faite pour et avec tous les publics ».
La somme de ces engagements vaut à Charlotte Henard de diriger la 13e édition du « Métier de bibliothécaire », une référence pour la profession : « Je souhaitais y faire écrire des jeunes et des femmes pour que cette référence soit accessible et rédigée par des gens qui pratiquent le métier », explique-t-elle.
Le prix de la bibliothécaire francophone, décerné par l’AIFBD, la bouleverse encore. « J’ai été touchée par cette validation de mes pairs », confie cette passionnée qui n’a jamais marché à l’ambition.
Investie dans l’« advocacy » des bibliothèques et dans les associations professionnelles, elle y voit une nouvelle façon de se mettre au service de la profession, et pour faire connaître le rôle des bibliothèques toujours plus « ouvertes et en prise avec la société ».
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Elle like
- Son émission de radio préférée : « Les pieds sur terre » sur France Culture. Rien n’est laissé au hasard dans cette émission aux paroles singulières.
- Son titre de presse préféré : Les Jours, pour sa forme originale et l’engagement de ses journalistes.
- Ses bibliothèques préférées : L’atelier de Pechbonnieu, près de Toulouse, parce qu’il est dynamique, atypique et plein d’humour. La rénovation de la bibliothèque de Dunkerque est également une vraie réussite.