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Sommaire :
- Anne Burnel, directrice des archives du Groupe La Poste
- Marie Jenner, consultante AMOA pour le cabinet Serda
- Antoine Meissonnier, chef du département des archives, de la documentation et du patrimoine au sein du ministère de la Justice
- Eleonora Moiraghi, cheffe de projets numériques au sein du département services aux usagers de Sciences Po
- Laurent Veyssière, directeur de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD)
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Anne Burnel, directrice des archives du Groupe La Poste
Je garde de l’École le souvenir d’une formation originale, alliant l’érudition issue de la tradition savante du 19e siècle à des préoccupations scientifiques très actuelles autour de la gestion de l’information.
Par cette double approche, qui n’est finalement pas si paradoxale qu’il peut y paraître à première vue, l’École illustrait dans ses enseignements l’essence du métier d’archiviste, basé sur une constante réflexion croisée entre analyse experte des sources et conception de solutions de gestion documentaire innovantes pour répondre aux besoins actuels et futurs des services producteurs.
Cet apprentissage, incluant les cours de mes chers professeurs de classes préparatoires au concours d’entrée à l’École, forge une discipline intellectuelle faite de rigueur et de goût de l’exactitude, qui m’est fort utile dans le traitement des problématiques professionnelles qui sont les miennes aujourd’hui (gestion documentaire, archivage numérique…). Cette formation précieuse m’a aussi donné la chance de développer un profond attachement à notre histoire nationale dans toutes ses dimensions.
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L’impression de me noyer
Mon souvenir à la fois le plus angoissant et le plus stimulant de cette époque est le choc que fut l’immersion dans le principal fonds que je devais exploiter pour ma thèse lorsque j’entamai les premiers dépouillements : l’impression de me noyer dans une masse d’informations émiettées, dont je me demandais comment je parviendrais à en extraire une synthèse structurée, mais aussi le plaisir d’une intimité absolue avec le matériau brut de l’histoire.
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Marie Jenner, consultante AMOA pour le cabinet Serda
Le projet qui m’a le plus marqué lors de mon passage à l’École des chartes fut de travailler sur les testaments des poilus de la Grande Guerre, lors du centenaire en 2017.
En lien avec les Archives nationales, ce projet très complet, tant sur le plan patrimonial qu’archivistique, nous demandait de comprendre la structure d’un testament, d’identifier les noms des personnes, de rechercher les « morts pour la France », et développait nos compétences en paléographie et en encodage en XML-TEI pour la publication.
L’exploration dans des archives si personnelles que des testaments écrits dans l’incertitude de la possible mort au combat, empreintes de la gravité du moment, et la participation à un projet d’ampleur nationale tel que « Mémoire des hommes » étaient passionnants. Entrer dans la grande Histoire par les histoires personnelles est l’exercice quotidien des archivistes.
Aller jusqu’à la publication sur le web pour la diffusion au plus grand nombre est l’enjeu d’aujourd’hui.
Ce souvenir me permet aujourd’hui de comprendre l’importance de mon métier de consultante en archivage électronique au jour le jour, pour les générations futures !
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Antoine Meissonnier, chef du département des archives, de la documentation et du patrimoine au sein du ministère de la Justice
Je crois garder de mon passage à l’École nationale des chartes le goût des sources, l’esprit critique et la méthode pour tenter de comprendre des pans de l’activité humaine peu compréhensibles à première vue.
Quand vous êtes face à un texte ancien, ou plus largement face à n’importe quel document d’archives, vous devez accepter de ne pas comprendre en premier lieu, pour mieux vous plonger dans un contexte humain, institutionnel, linguistique, graphique… dont vous ignoriez peut-être tout ou partie, peu de temps auparavant.
L’École m’a permis d’éprouver cette méthode directement sur un sujet de recherche. Mais j’ai le sentiment que c’est aussi cette méthode qui me pousse à toujours approfondir les sujets parfois peu attractifs auxquels un archiviste est aujourd’hui confronté dans ses fonctions, en droit et en informatique notamment, dans un monde dont le niveau de complexité ne cesse de progresser.
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Eleonora Moiraghi, cheffe de projets numériques au sein du département services aux usagers de Sciences Po
« J’aurais plein de choses à raconter si je devais parler du temps que j’ai passé à l’École : les nocturnes au Louvre, les balades dans les archives, dans les magasins des bibliothèques, la vue des premiers daguerréotypes dans le département des estampes et de la photographie de la BNF…
En effet, la plupart des cours sont donnés au 65 rue Richelieu, mais il y a une vraie proximité avec les institutions ; de nombreuses visites sont proposées aux élèves pour découvrir le patrimoine dans toute sa variété.
Après j’ai des souvenirs plus liés à l’enseignement et aux réalisations : les cours d’histoire du livre, les examens de reconnaissance de tableaux et monuments, les premiers fichiers TEI et EAD, la mise en œuvre d’une bibliothèque numérique, les matinées sur le web sémantique, les semaines où on pouvait passer du modèle OAIS aux BDD relationnelles, aux feuilles XSLT et puis, bien sûr, les visioconférences réconfortantes avec Gautier Poupeau, mon directeur de mémoire lors d’un stage à Londres…
Quatre ans plus tard, je considère mon passage à l’École nationale des chartes comme un véritable privilège.
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Laurent Veyssière, directeur de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD)
Je retiens avant tout de mon passage à l’École des chartes la qualité et la rigueur des enseignements.
La “méthode chartiste”, qui comporte divers aspects comme la recherche de l’exhaustivité des sources écrites ou non, la variété et l’originalité de celles-ci, et enfin leur critique approfondie, m’a profondément marqué, aussi bien comme historien que comme archiviste.
Elle s’applique à toutes formes de document, du parchemin au papier, de la photographie au fichier numérique, et permet ainsi de s’adapter à des fonctions variées, mais aussi des recherches sur des périodes différentes.