Une semaine après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme, la situation politique au Sénégal n'en finit pas de se dégrader. Victimes collatérales des violences qui déchirent le pays, les archives de la faculté des lettres de Dakar ont été incendiées. Selon le responsable des archives, Lamine Diabaye, près de 200 000 documents couvrant la période 1957-20210 ont été ravagées par les flammes.
"Il a fallu des brouettes, des chariots, et trois jours de travail pour sortir le tout de la vaste salle des archives, complètement noircie" explique Abdourahmane Kounta, conservateur et archiviste à la faculté. Dans un témoignage recueilli par l'Agence France Presse, il dénonce "cet acte ignoble et inconscient qui va impacter toute une génération de parcours académiques. C’est tout un pan de l’histoire de l’université qui a été brûlé ". Devenue l'un des principaux foyers de la contestation, l'université disposait d'un centre d'archives dédié à l'activité de l'institution. Ces archives sont notamment constituées de dossiers scolaires d’étudiants mais aussi de mémoires et de thèses.
Trier, reclasser et conditionner ce qui peut l'être
Peu après l'attaque contre le service d'archives, une trentaine d’étudiants de l’École de bibliothécaires, archivistes et documentalistes (Ebad) se sont portés volontaires pour reconstituer ce patrimoine documentaire. "Il faudra trier, reclasser, et conditionner le tout" constate Souleymane Diallo, un des volontaires de l'Ebad. Un chantier complexe qui exige beaucoup de "minutie et de précaution pour ne pas abîmer davantage les documents " explique Lamine Diabaye.
"Le cas de l’université doit être une alerte pour les autorités pour qu’elles s’occupent définitivement de la conservation de ce patrimoine national" explique Fatoumata Diarra, directrice des Archives nationales du Sénégal. Depuis son indépendance en 1960, le pays n’a jamais disposé d’un édifice national pour la conservation de ses archives.