Véritable serpent de mer au sein de la communauté des bibliothécaires, l’ouverture dominicale des bibliothèques continue de susciter des discussions passionnées. Malgré les écueils humains, budgétaires et organisationnels, le débat est plus que jamais utile.
Alors qu’il n’était encore que candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy dénonçait « le poids des habitudes, des conservatismes et des statuts archaïques, comme celui qui ferme les bibliothécaires universitaires le dimanche ». C’était le 18 janvier 2007 lors d’un discours prononcé sur le plateau de Saclay (Essonne) devant les étudiants de l’École supérieure d'électricité (Supélec). Quelques semaines plus tard, devant un public de professionnels de la culture, le futur président précisait sa pensée : « Je veux que parmi les chantiers présidentiels, si je suis président de la République, le premier d’entre eux soit d’offrir à chaque grande université, dans chaque région, un campus de dimension européenne. Avec des choses invraisemblables comme des bibliothèques ouvertes le dimanche – un truc à vous assassiner un candidat ! ». Non seulement le candidat n’a pas été assassiné, mais il a été élu haut la main.
la BPI, victime de son succès
Les habitués du quartier Beaubourg à Paris connaissent bien la longue file des lecteurs qui attendent, parfois des heures, une place à la Bibliothèque publique d’informationi. Disposant de 2 200 places assises, la BPI se voit dans l’obligation de réguler l’accès à ses salles de lecture en particulier le dimanche quand le public se presse en masse au Centre Pompidou. La BPI est en effet le seul établissement à pratiquer l’ouverture dominicale avec la Bibliothèque nationale de France. Mais, si la BPI offre la gratuité, l’accès à la BNFSite web de la BnF">i est soumis à un tarif d’entrée ou à une accréditation. Selon les statistiques fournies par la BPI, le pic de fréquentation, et donc d’attente, s’étale le dimanche de 11 heures à 17 heures. Ouverte tous les jours de l’année sauf les mardis et le 1er mai, la Bibliothèque publique d’information atteint une amplitude horaire hebdomadaire de 62 heures, soit bien plus que les 40 heures pratiquées en moyenne par les autres établissements. Lors d’une communication faite devant le Congrès de l’ABF en 2006, Isabelle Dussert-Carbone, adjointe au directeur de la BPI, soulignait que « le personnel est très attaché à ces larges horaires d’ouverture et ressent toute réduction ou fermeture comme une atteinte au service public ». Pour autant, elle précisait que l’extension des horaires devait être envisagée « sans se focaliser sur l’ouverture le dimanche ».