Cette bibliothèque refuse de se transformer en lieu d'accueil pour personnes sans-abri.
Lire quelques pages d'un livre est parfois le prélude d'une bonne petite sieste. Et il faut admettre que les bibliothèques sont généralement des lieux plutôt calmes et cosy, où on sombrerait facilement dans les bras de Morphée. Certes, mais la bibliothèque publique d'Edmonton, au Canada, ne l'entend pas de cette oreille. Celle-ci a décidé de sévir en interdisant au gens de dormir dans l'établissement dès le 1er mai prochain. En effet, ses bibliothécaires ont constaté que nombre de leurs usagers ne fréquentaient pas la bibliothèque pour y lire, mais pour y dormir. Toute la journée.
500 dormeurs en deux semaines
Les professionnels de la bibliothèque publique d'Edmondon pensaient au départ que les gens s'assoupissaient pour des siestes n'excédant pas 10 à 20 minutes. Ils ont finalement été confrontés à une situation bien plus difficile : "Nous avons tenu des comptes durant deux semaines en novembre dernier, explique Pilar Martinez, la directrice générale adjointe de la bibliothèque publique d'Edmonton ; et nous avons trouvé près de 500 personnes en train de dormir, seulement sur cette période". Pourtant, loin de petites siestes de confort, il semblerait que la plupart des "dormeurs" soient des sans-abris de la ville, venant justement se reposer à la bibliothèque à défaut d'avoir un autre endroit pour dormir.
Face à cette situation qu'elle estime "difficile", la bibliothèque a souhaité prendre des mesures radicales : dès le 1er mai prochain, il sera donc interdit de venir dormir dans l'établissement. "Nous ferons tout de même preuve de souplesse dans l'application de cette politique, relativise Pilar Martinez ; notre personnel est habitué à tapoter sur l'épaule d'un dormeur ou à le pousser un peu du pied pour s'assurer que tout va bien. Nos agents devront désormais leur faire savoir qu'ils ne sont plus autorisés à dormir dans la bibliothèque".
Pas assez de lieux d'accueil pour les sans-abris
Cette situation pose la question du manque criant de lieux d'accueil pour les personnes sans-abris de la ville. "Certes, la bibliothèque a un rôle social à jouer au sein de la communauté, poursuit Pilar Martinez ; mais elle ne peut le faire toute seule". La question est désormais posée au niveau des différentes institutions de la ville, afin que le problème de l'itinérance soit pris à la base et devienne ainsi une affaire globale, gérée par ses différents services publiques.