Alors que Paris vient de décrocher l’organisation des Jeux Olympiques 2024, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé s’associe avec l’Insep pour redonner vie aux amours précoces du cinéma et du sport au travers un événement baptisé “Sport et cinéma - Une enfance partagée”. Une manifestation réunissant une programmation de films muets en ciné-concert qui a duré tout au long du mois de septembre 2017 et une exposition d’images rares présentée jusqu’au 18 novembre 2017.
Ce sont les rouages de cette programmation qui seront décortiqués par Nora Ouaziz (Fondation Jérôme Seydoux-Pathé), Julien Faraut (Insep) et Anne Sigaud (Musée Départemental Albert Kahn) lors de l'événement organisé par l’Ina et Archimag le 3 octobre prochain à l'hippodrome d'Auteuil, à l’occasion du lancement de SMASH (Séminaire dédié au Management des contenus Audiovisuels du Sport de Haut niveau).
Quel sera exactement le thème de votre intervention lors de cet évènement organisé avec l’Ina ?
Nous évoquerons le partenariat que nous avons noué avec l’Insep pour mettre sur pied cette programmation de films muets qui retrace l’histoire commune entre sport et cinéma au début du XXème siècle. Nous présenterons aussi la collaboration avec le Musée Départemental Albert Kahn, notamment le travail d’identification et de valorisation d’archives sportives en provenance de leur collection de photographies et de films « Les archives de la planète ».
Quels films ont été présentés lors de cette programmation ?
Il s’agissait de films d’instructions et d’actualités sportives, de courts-métrages comiques produits par Pathé dans les années 1910 avec, entre autres, le comédien Max Linder, des fictions sur la boxe, le rugby ou le cyclisme comme le ciné-roman Le roi de la pédale de Maurice Champreux (1925). Les films ont été projetés et accompagnés au piano dans la salle Charles Pathé de la Fondation, à raison de 9 séances par semaine. Notre ambition était de montrer comment l’industrie cinématographie et l’institutionnalisation du sport en France se sont développées et enrichies réciproquement, et comment le sport s’est saisi des techniques cinématographiques pour ses propres besoins (analyses des mouvements, apprentissage sportifs, instructions, etc.).
Si aujourd’hui, le sport est étroitement lié à la télévision, il y a un siècle c’était avec le cinéma…
En effet, à l’époque, le sport était déjà un sujet porteur, permettant d’attirer un large public dans les salles obscures. Le cinéma, de son côté, a offert au sport un formidable outil d’étude, d’instruction et de propagande. Les affiches et les photographies publicitaires des films présentées lors de cette exposition retracent ainsi la naissance de l’homme moderne et montrent comment certains athlètes se sont mués en héros de cinéma, à l’image des boxeurs Georges Carpentier ou Jack Dempsey. Grâce au cinéma, certaines disciplines sportives sont devenues très populaires, comme la boxe, le cyclisme ou l’escrime.
Racontez-nous en quelques mots l’histoire de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé ?
Reconnue d’utilité publique, elle a été créée en 2006 et a pour mission de conserver les archives de la société Pathé et les mettre à disposition de tous. Ce sont des archives non-films (documents juridiques, administratifs, scénarios, affiches, photos, etc.), mais depuis 2015 elle conserve aussi les archives films de la production muette du catalogue Pathé. Ce patrimoine représente l’histoire d’une industrie cinématographique fondée par Charles Pathé en 1896, une histoire des métiers, des techniques, du développement d’un art et d’un loisir qui font partie de l’histoire du cinéma.
Depuis 2014, un bâtiment édifié par Renzo Piano a ouvert au public et met en valeur ce patrimoine à travers des salles d’expositions permanente et temporaire. La Fondation possède également la salle Charles Pathé, dédiée au cinéma muet. Tous les films sont accompagnés au piano en partenariat avec les élèves de la classe d’improvisation de Jean-François Zygel, du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, qui jouent à chaque séance.
Que peut-on voir dans cette exposition qui sera présentée jusqu’au 18 novembre ?
Une centaine de documents inédits issus des collections de la Fondation et de l’Insep, conçus à partir des années 1880, jusqu’à la fin des années 1930. Notamment les chronophotographies réalisées par Georges Demenÿ à l’Ecole normale de gymnastique et d’escrime de Joinville dès 1893. Elles constituent les premiers outils d’analyse du mouvement des sportifs. Grâce à leur proximité géographique, les usines Pathé et l’Ecole de Joinville ont très tôt collaboré à la création de prises de vues. Le sport a ainsi profité des progrès techniques des caméras et le cinéma a œuvré à la retransmission d'événements tels que les Jeux Olympiques.
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé - 73 avenue des Gobelins 75013 PARIS