La famille de Monfreid a légué, mardi 13 novembre, de précieux documents retraçant 100 ans d'Histoire de France et d'Afrique aux archives départementales de l'Aude.
Les archives départementales héritent d'un don inestimable de la part de la famille Monfreid. 400 kg de lettres, notes, journaux de bord, manuscrits, photos retraçant les aventures de l'écrivain audois Henry de Monfreid (1879-1974) retrouvent ainsi leur terre natale.
Né le 14 novembre 1879 "au pied de La Franqui" dans l'Aude, Henry de Monfreid est depuis longtemps entré au panthéon des grandes figures de la littérature française. Navigateur, passionné par l'Afrique, journaliste et aventurier, Henry de Monfreid a été particulièrement bavard dès la seconde moitié de sa vie.
L’appel de l’aventure
"A trente ans, écoeuré des éternels recommencements de l'existence paisible, je m'affranchis du troupeau et m'enfuis vers les contrées dites sauvages...", raconte-t-il dans "L'envers de l'aventure". Il ira d’abord en Ethiopie puis, en 1913, à Djibouti.
Il sera tour à tour pêcheur de perles, trafiquant d'armes, de haschich et de cocaïne. Il ne rentrera en France qu’en 1947, où il commencera son énorme travail d’écriture.
Ce sera le romancier français Joseph Kessel qui lui conseillera de raconter sa vie dans des ouvrages ; il y en aura plus de 70.
Guillaume de Monfreid, petit-fils de l'écrivain était à Carcassonne en présence de trois autres membres de la famille pour léguer aux archives départementales un peu moins d'une demi tonne de documents variés : lettres, écrits, journaux de bord, manuscrits, photographies.
Un patrimoine national culturel
"Il fallait que ces archives trouvent une issue pérenne, elles ne pouvaient pas rester dans le privé, car son travail dépasse largement le cadre familial", commente Guillaume de Monfreid.
"Ces archives sont un patrimoine national culturel qui ne finit pas de nous étonner", a lancé le descendant du Leucatois lors de la remise officielle du legs au département de l'Aude hier midi.
Ce trésor, estimé au total à environ 200.000 euros, et représentant une grande partie de son travail d'écrivain, était resté jusqu'à ce jour chez les ayants droit (dans une pièce dédiée que la famille appelait “les archives”) du bourlingueur de la mer Rouge, disparu en 1974 à l'âge de 95 ans.
Des documents déposés à la BNF
Un nouvel ouvrage en forme de testament spirituel de l'écrivain paru chez Grasset, intitulé "Vivre libre", paru il y a 5 jours, puise justement dans ce fond légué au pays natal d'Henry de Monfreid. Pour Christine Martinez, directrice des archives départementales, il s'agit d'un fond d'une grande richesse ("comme sa vie"), qu'il s'agira de rendre accessible au plus grand nombre. Le classement selon les critères professionnels des archives a démarré, tout comme la réflexion sur la future valorisation. Une partie des écrits d'Henry de Monfreid a été léguée à l'Institut géographique qui a déposé les documents à la BNF.
Tout n'a pas encore été exploité, à en croire le descendant du navigateur audois, "comme la guerre italo-éthiopienne dans laquelle il était partie prenante en tant que correspondant de guerre." Cela fera sans conteste le plus grand bonheur des Audois, qui retrouvent ainsi une partie de leur patrimoine, cette vie d'un homme libre, épris du grand large.