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Sommaire du dossier sur le télétravail des veilleurs et des documentalistes :
- Les veilleurs et les documentalistes face au télétravail
- Veille et documentation : "le télétravail peut vite devenir un grand bazar documentaire"
- Intelligence économique : "on est loin de mesurer les effets pervers de certaines « innovations » liées au télétravail"
- Isabelle Brasseur, manager documentaliste chez Deloitte : une vision avancée du télétravail
- Anne-Marie Reynaud, de l'IRA de Lyon : le télétravail complique l’animation d’un centre de documentation
- Pauline Antoine, veilleuse et manager chez Cision : la liberté de télétravailler
Quel impact le télétravail a-t-il eu sur les veilleurs et les documentalistes ?
La forte baisse des évènements professionnels a eu pour effet de beaucoup restreindre les échanges dans le milieu de l'information et par conséquent notre champ de vision. Il est donc difficile d'évaluer les impacts réels sans enquête "terrain".
Cela dit, le contact direct que nous avons en tant que prestataire avec nos clients – et parmi eux, des professionnels de l'information - nous a montré que, deux ou trois mois après l'irruption du Covid dans nos vies, les entreprises se sont réorganisées de façon pragmatique, dans le privé comme dans le public. La collaboration a pu être rétablie avec une efficacité satisfaisante.
> Lire aussi : Intelligence économique : les veilleurs doivent-ils faire de la prospective ?
Le télétravail pose-t-il des problèmes spécifiques aux veilleurs et aux documentalistes ?
L’évolution naturelle vers plus de télétravail pose des problèmes bien sûr communs à tous, à commencer par la difficulté à faire vivre, avec la même intensité qu’auparavant, sa relation avec l’ensemble de l’organisation.
Comment par exemple faire évoluer sa carrière « à plus grande distance » du management et en dehors des multiples liens relationnels, plus ou moins informels, au sein de la structure ? On est loin aussi de mesurer les effets pervers de certaines « innovations » liées au télétravail. Les réunions dites hybrides en sont un bon exemple : la participation à distance induit forcément un déséquilibre par rapport aux présents, une moindre interactivité avec ses collègues et clients internes. La parole de ceux qui restent trop souvent à distance est forcément moins forte et moins audible. Il peut en résulter à terme une moindre visibilité.
Le risque est ici pour les veilleurs et documentalistes, dans cette question de visibilité et de proximité. Ils ont trop souvent été excentrés au sein de l’organisation qui a d’ailleurs souvent « challengé » et même remis en question leur présence, notamment quand elle s'est autonomisée grâce à internet. La relation à l’organisation est à mon sens la partie la plus sensible dans nos métiers. Le défi est de sans cesse repositionner cette relation pour valoriser la fonction informationnelle, qui suppose écoute et présence.
Et cela a encore plus de sens aujourd’hui, à un moment où l’on assiste à une évolution majeure de la demande client. Le client a de plus en plus besoin d’une information digeste, prémâchée, sous un format tel qu’il puisse l’assimiler le plus rapidement possible. Le veilleur ou le documentaliste tend à devenir le collaborateur à part entière de son client. Sa valeur réside justement dans le supplément de valeur qu’il apporte en traitant le plus intelligemment possible des masses considérables d’information qu’il aura préalablement acquises en en certifiant fiabilité et savoir-faire technique. On est loin du statut neutre d’intermédiaire où le professionnel de l’information se réduisait à un « passeur de documents ».
Un tel lien entre le professionnel et le client suppose de nombreuses interactions et surtout une confiance qu’il faudra établir. Cela passe forcément par une proximité physique à certains moments de la relation.
> Lire aussi : Télétravail et communication informelle : le défi des veilleurs et des documentalistes
Que doit faire une organisation en termes d’accès aux logiciels et aux données ?
Je conçois sans peine une plus grande tentation ou promotion des plateformes de gestion de l’information documentaire ou de veille. Et c’est certainement l’occasion pour les documentalistes et les veilleurs de s’affirmer dans la conduite de projets de transformation.
Mais ils doivent en démontrer l'utilité : collaboration plus efficace au sein de l’organisation, renforcement tangible de la fiabilité du système d’information opérationnel, et lien direct avec la sphère décisionnelle. D’autre part le pro de l’info ne doit pas disparaître derrière l’énormité des tâches techniques générées par l’outil, mais rester au cœur du combat de l’information stratégique et du dialogue avec les décideurs. J’imagine mal un décideur consulter une plateforme. Il a besoin de s’informer et de dialoguer avec des êtres humains proches de lui. L’intelligence, c’est du vivant et de l’humain. Normalement…
> Lire aussi : Veilleur : un métier stratégique encore rare et peu reconnu
Faut-il former les professionnels de l’infodoc à la protection des données en ligne ?
Normalement, ils doivent déjà l’être, puisqu’ils travaillent depuis des dizaines d’années avec des outils et données en ligne, et sont naturellement positionnés sur les problématiques stratégiques de l’entreprise, technologiques comme business. C’est le rôle des informaticiens d’assurer la protection des données de l’organisation. Les professionnels ont autre chose à faire, notamment continuer à exister…