Voyons étape par étape, dans le cycle de la veille, quels sont ou peuvent être les apports de l’intelligence artificielle (IA).
Orientation
A quelles questions la veille doit-elle répondre ? Quels sont les besoins de l’organisation ? Ce n’est pas une IA qui détient la clé de la veille, mais la direction de l’organisation, avec en tête une stratégie à suivre. Ses décisions orientent le travail du veilleur.
Collecte
La collecte d’informations vient puiser dans les sources à la fois internes et externes (informations ouvertes, médias, salons, brevets, normes, rétro-ingénierie…). Une plateforme de veille permet de faire face à la multiplicité des sources et à la volumétrie.
L’IA est capable de renforcer le sourcing du veilleur en identifiant de nouvelles sources pertinentes (idée de crawl exploratoire, la solution crawle les liens internes et externes, découvre ainsi des informations et donc des sources).
En lui imposant et en ajustant différents critères (type de site source, son référencement, fraîcheur et fréquence des publications…), l’IA fournit un certain niveau de vérification de l’information et d’évaluation de sa qualité.
Exploitation
Il s’agit d’analyser les informations collectées.
Une fois validée, la matière informationnelle doit être traitée, homogénéisée, de façon à la rendre analysable. On n’est plus uniquement face à des données textuelles, faciles à parcourir par mots-clés ou en texte intégral - et ici on peut demander à une AI de traduire ou de résumer un contenu.
On a aussi affaire à des documents audiovisuels, sonores ou image. Par reconnaissance visuelle et vocale, une AI est capable de découper en séquences, de transformer en format texte, de détecter et reconnaître un logo, une personne, etc.
Aujourd’hui, le veilleur ne peut plus se passer de ces fonctionnalités de traitement.
Recouper des informations, faire ressortir des points saillants, mettre en perspective : là encore l’IA est active. Notamment grâce à la datavisualisation, elle permet de rapprocher des données, faire ressortir des liens, détecter des signaux faibles. Elle peut analyser, dans une certaine mesure, la tonalité (avis et opinions positifs ou négatifs). Elle est même apte à opérer une analyse prospective, mettant en évidence des tendances (de tel ou tel marché, d’une problématique…).
Diffusion
Les informations et enseignements du travail de veille sont structurés et rendus exploitables, interrogeables au bénéfice de la direction et des acteurs concernés. Publication et diffusion peuvent prendre des formes diverses, d’un portail à une newsletter, en passant par l’envoi d’une alerte par SMS.
Dans ce processus, une part d’automatisation est possible, bien sûr avec l’assistance de l’IA. En particulier, celle-ci analyse les comportements des utilisateurs (statistiques de consultation) et adapte en conséquence la diffusion.
Et le veilleur ?
L’IA prend en charge nombre de tâches fastidieuses. Elle progresse encore et est loin d’avoir démontré tout son potentiel. Mais on ne va raisonnablement pas chasser l’humain du processus de veille - ne serait-ce au moins parce que c’est lui qui en est à l’initiative, avec le travail de réflexion stratégique que cela suppose.
Le veilleur pilote son outil. C’est lui qui apporte les validations définitives, les corrections. Il garde le recul nécessaire issu de son expérience, est capable de critique et d’intuition.
Ce à quoi s’ajoute la dimension relationnelle de la veille, faite de savoir-faire et savoir-être inaccessibles à une IA. La veille comprend en effet une dimension collaborative, elle doit s’exprimer sur le terrain, elle a besoin d’un leadership.
Enfin, il revient au veilleur de dresser le bilan de sa veille. L’IA peut l’y aider, mais c’est lui qui en tirera les conclusions.