La décennie en cours sera numérique ou ne sera pas. Le gouvernement a dévoilé sa feuille de route pour les années à venir en matière de numérique, un chantier prévu pour courir jusqu’en 2030. Baptisée "Décennie numérique", cette initiative repose sur quatre volets qui touchent aussi bien au matériel qu’aux prestations proposées par les services publics.
Sans surprise, la dématérialisation joue un rôle central au sein de ce vaste programme : "dans le cadre de la décennie numérique, l’État français aura dématérialisé l’ensemble des démarches administratives essentielles pour rendre les Français qui le souhaitent plus autonomes dans l’accomplissement de leurs démarches", explique Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ; le tout "en garantissant un numérique accessible, bien conçu, dans un langage simple, tout en accompagnant les Français plus éloignés du numérique grâce à la mise en place de 2 700 France services et la mobilisation de 4 000 conseillers numériques".
Vers une écoconception des biens et services numériques
Ce mouvement est appelé à se poursuivre avec l’accélération de la dématérialisation du permis de conduire et du projet France Identité. Celui-ci se présente sous la forme d’une application qui permet de créer un justificatif d’identité sur un téléphone. Annoncé comme une alternative à la photocopie d’identité, France Identité garantit la fiabilité des données d’identité recueillies et "limite drastiquement leur possible réutilisation frauduleuse".
La feuille de route du gouvernement consacre également un volet aux entreprises, en particulier les TPE/PME qui seront aidées par l’État afin d’accélérer leur processus de digitalisation. Ces entreprises seront accompagnées dans des activités considérées comme vitales : cybersécurité, adoption de l’intelligence artificielle, gestion des données, et informatique en nuage. À ce jour, 200 000 aides ou actions de soutien ont déjà été recensées dans le cadre du dispositif France Num.
Devenue incontournable, la question de l’empreinte environnementale du numérique est abordée sous la forme d’une volonté : intensifier le développement d’un numérique responsable d’ici 2030. Cela passera, entre autres, par l’appel à projets Econum qui vise à privilégier l’écoconception des biens et services numériques afin de répondre aux risques d’épuisement des ressources abiotiques et des matières rares. Le gouvernement encourage le réemploi, la réparation et le reconditionnement afin d’agir sur la durée de vie des équipements.
Un chantier à 154 milliards d’euros
Dans la même veine, un appel à projets "Espace de données mutualisées" a été lancé au mois de juin 2023 afin de financer des espaces de données et de mutualiser des données entre un grand nombre d’acteurs publics. Au-delà des structures, il s’agit pour le gouvernement de plaider en faveur de l’interopérabilité et de la qualité des données "en respectant dans la mesure du possible la conformité aux recommandations de Gaia-X". Cet appel à projets sera clos le 5 juin prochain.
Cette "Décennie numérique" est ambitieuse, mais elle a un coût : "depuis 2020, 154 milliards d’euros ont été mobilisés via France Relance et France 2030 afin d’investir massivement dans les technologies de pointe", explique Bruno Le Maire. Pour le ministre de l’Économie, "les dix prochaines années marqueront une révolution numérique en Europe et dans le monde : l’intelligence artificielle constitue un tournant historique comme nous n’en avons pas connu depuis au moins trente ans avec l’avènement des outils de bureautique et d’internet, et avant cela la révolution de l’imprimerie".