Publicité

Il faut créer une politique nationale d’archivage du Burkina Faso

  • archives-burkina-faso.jpg

    burkina-faso-archives
    Le Centre National des Archives (CNA) est t l’institution qui a la charge de l’ensemble des archives historiques sur tout le territoire national du Burkina Faso (Freepik/diana.grytsku)
  • Les archives du Burkina Faso souffrent d’un désintérêt dont elles sont les premières victimes. Face au manque de volonté politique et de ressources financières, il faut créer une politique nationale d’archivage du Burkina Faso.

    mail Découvrez L'Archiviste Augmenté, la newsletter thématique gratuite d'Archimag dédiée aux professionnels des archives et du patrimoine !

    [De notre correspondant au Burkina Faso] Au Burkina Faso, l’archivage a été introduit en 1917, lorsque le gouverneur de l’Afrique-Occidentale Française (AOF) prit deux arrêtés le 1er juillet 1913 qui créèrent, respectivement, le dépôt des archives de l’Afrique-Occidentale Française à Dakar et dans chacune des capitales des colonies un service d’archives.

    C’est ainsi que des services d’archives virent le jour dans les colonies dont la colonie de Haute-Volta, actuel Burkina Faso. Un pan important de notre histoire, contenue dans des archives, se trouve dispersé dans les quatre coins du monde, au grand dam des générations présentes et futures.

    Les archives au Burkina Faso souffrent du désintérêt dont elles sont victimes, même si des efforts importants sont à noter. Le transfert des documents nécessite des moyens financiers très importants. En effet, des missions doivent être envoyées sur le terrain pour répertorier l’ensemble des fonds concernés. Au Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres au monde, où tout est prioritaire, la question des archives est reléguée au dernier plan.

    > Lire aussi : Au chevet des archives menacées, par-delà les frontières

    Manque de ressources financières du Centre national des Archives (CNA)

    Le Centre National des Archives (CNA) est chargé de la recherche et du transfert des fonds d’archives se rapportant au Burkina, conservés à l’extérieur du pays. Cette structure garante de la conservation et de la diffusion de l’histoire du pays, créée en 1970, essaie tant bien que mal de prendre ses marques.

    Le CNA ne dispose pas d’un budget propre, c’est une véritable erreur car le fonctionnement d’une structure patrimoniale d’une telle envergure et d’une telle importance exige des crédits propres. Par exemple son budget de ces cinq dernières années oscille entre 20 et 40 millions de francs CFA (entre 30 500 et 61 000 euros), il n’existe même pas une ligne consacrée à la modernisation de la gestion des archives.

    > Lire aussi : Édouard Bouyé : "les archivistes ne sont pas des agents de décheterie..."

    Manque de volonté politique pour l'archivage

    Le CNA est l’institution qui a la charge de l’ensemble des archives historiques sur tout le territoire national. Depuis longtemps, cette structure cherche à bien organiser l’ensemble des archives en les regroupant, mais elle se heurte essentiellement au manque d’intérêt porté à la question des archives par les politiques.

    Le manque d’intérêt se manifeste par un manque de volonté des autorités politiques et la réhabilitation en 1995 d’une ancienne bâtisse (ancien hôtel des députés) pour abriter les Archives. La salle où les archives sont conservées n’a pas toutes les commodités (manque de climatisation, de contrôle de la luminosité…) et cela influe négativement sur la survie des archives.

    Les systèmes d’archivage et les pratiques managériales archivistiques ne préoccupaient guère nos décideurs sous motif d’absence de ressources financières et matérielles.

    > Lire aussi : Archives : comment le patrimoine se numérise

    Recommandations

    Les autorités doivent définir une Politique nationale d’archivage du Burkina Faso (PNABF). Son objectif général est de créer un cadre cohérent en matière de gestion de modernisation, de valorisation et de renforcement du système d’archivage national dans les administrations publiques, privées et les collectivités.

    Sur le plan administratif, il faut inventorier l’intégralité des fonds à l’extérieur, cela donnera une idée bien claire et précise de ces archives. Sur le plan infrastructurel, la construction d’un dépôt durable d’archives historiques s’inscrit dans le cadre de la recherche de bonnes solutions de sauvegarde à moindre coût de la mémoire nationale pour les générations présentes et à transmettre aux générations futures.

    Enfin, sur le plan financier, doter suffisamment le CNA de ressources financières lui permettra de faire face à ses nombreux défis dont ceux de la numérisation et du transfert des archives expatriées.

    > Lire aussi : Comment l’Ina apporte son expertise à la Maison des Archives du Congo

    Albert W. Ouedraogo
    [Archiviste-documentaliste et sociologue du développement]

    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
    Publicité

    Serda Formations Archives 2025

    Indispensable

    Bannière BDD.gif