Bibliothèque nationale du Liban : mais où sont les hommes ?

La future Bibliothèque nationale, dessinée par l'agence d'architecture Erga. Erga

 

Les travaux de la future Bibliothèque nationale du Liban seront terminés en septembre prochain. Pourtant, l'établissement n'ouvrira pas ses portes, en raison de l'absence de direction administrative et de personnel.

Le puissant bâtiment en forme de U, typique de l’architecture ottomane de la fin des années 1880, s’étend sur plus de 5 000 m² répartis sur deux étages. Les travaux de l’ancien bâtiment de la faculté de droit et des sciences politiques de l’Université libanaise de Beyrouth, réhabilité depuis 2010 pour devenir la nouvelle bibliothèque nationale du pays seront officiellement terminés en septembre prochain. Mais il restera fermé.

Privé d’une grande partie de ses institutions, le Liban semble s’être désintéressé du sort de sa future bibliothèque nationale : depuis trois ans, aucun responsable n’a été nommé en son sein, entravant ainsi le fonctionnement de nombreux services de l’Etat

25 millions de dollars

A la barre du futur établissement, la liste des absents est longue : aucun directeur pour piloter l’institution, ni conseil d’administration et encore moins de comité technique ; aucune équipe de travail n’a été constituée et, comble du comble : pas le moindre bibliothécaire à l’horizon. Aucun logiciel n’a même été prévu pour gérer les fonds numérisés.

Pourtant un don de 25 millions de dollars avait été octroyé par l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani pour la restauration de l’ancien bâtiment alloué à la bibliothèque et même à la construction d’une annexe.

Impossible

Quelques ouvrages et documents en cours de restauration, conservés depuis quinze ans dans des locaux en périphérie du port de Beyrouth, viendront rejoindre les étagères du nouveau bâtiment à sa livraison auprès du ministère de la Culture.

Mais une véritable logistique sera nécessaire pour transporter les 190 000 ouvrages, les 250 000 périodiques et les milliers de manuscrits, plans et cartes destinés à constituer le fonds du futur établissement. « Impossible », estime Gérard Khatchérian, le chef du projet de réhabilitation de la bibliothèque nationale qui précise : « Cela ne peut être réalisable qu’avec la nomination d’un président du conseil d’administration. Or il n’y a même pas eu de décret pour cela. »

 

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Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.