La grève qui affectait les Archives nationales a été suspendue mais la détermination de l'intersyndicale reste forte. "Nous continuons d'occuper l'Hôtel de Soubise, nous lançons de nouvelles actions, et nous maintenons notre préavis" prévient Jean-Yves Chiron, représentant de l'intersyndicale CFTC-CFDT-CGC-CGT des Archives de France.
Le mouvement de protestation est né le 14 septembre dernier, dès le surlendemain de l'annonce par Nicolas Sarkozy de l'installation de la future Maison de l'Histoire de France dans l'enceinte parisienne des Archives nationales. Un appel lancé auprès des archivistes, des historiens, des responsables politiques et des visiteurs de l'Hôtel de Soubise a déjà réuni près de 3 000 signatures.
Cheval de Troie
Les archivistes ne digèrent toujours pas l'annonce du président de la République alors qu'ils ont été tenus à l'écart des discussions préalables à l'installation de la Maison de l'Histoire de France sur leur site historique. Celle-ci devrait occuper entre 10 000 et 20 000 mètres carrés soit le tiers du quadrilatère des Archives nationales situé au coeur de Paris : « cette emprise va mécaniquement nous priver d'espace pour entreposer les collections d'archives qui s'accroissent naturellement. Il s'agit d'un cheval de Troie qui va progressivement manger l'espace dédié aux Archives nationales » précise Jean-Yves Chiron.
Leur critique porte également sur l'action de Hervé Lemoine, directeur du Service interministériel des archives de France, à qui l'intersyndicale reproche d'être juge et partie : « M. Lemoine est, par sa fonction, chargé de la protection des archives ; dans le même temps, il est le promoteur du projet de la Maison de l'histoire de France qui affaiblit les archives ». En avril 2008, Hervé Lemoine, alors Conservateur du patrimoine, avait en effet remis un rapport portant sur « la création d'un centre de recherche et de collections permanentes dédié à l'histoire civile et militaire de la France ».
Engagements reniés
La colère des archivistes est d'autant plus vive qu'ils assurent avoir obtenu de la part de Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture entre 2002 et 2004, l'assurance que les magasins du site parisien des Archives nationales seraient rénovés : « ces engagements ont été reniés par son successeur Frédéric Mitterrand ; souligne Jean-Yves Chiron, représentant de l'intersyndicale ; le ministre évoque le projet de la Maison de l'histoire de France comme un lieu de mutualisation de différents musées. Cela s'inscrit dans la logique de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) ».
Après la suspension de leur grève qui aura duré trois jours, les archivistes continuent de mobiliser historiens et personnels des musées en espérant faire tâche d'huile. Une réunion publique est déjà prévue pour le 14 octobre prochain. En attendant un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy que l'intersyndicale considère aujourd'hui comme leur interlocuteur désigné.