Enrico Cima, architecte de l'information

Enrico Cima DR

 

Il fait partie de cette vaste communauté de Franco-Italiens dont la vie se déroule de part et d’autre des Alpes. En Italie d’abord où Enrico Cima a passé son enfance et sa jeunesse ; en France ensuite où il réside depuis 2002. Italien par son père, français par sa mère, ce multicartes de l’information documentation en connaît un rayon sur le monde des bibliothèques, des métadonnées et du web sémantique : « j’ai beaucoup fréquenté les bibliothèques en tant qu’étudiant et je sais ce que les usagers cherchent. J’ai également une idée de ce qu’il faut faire pour améliorer les outils de recherche documentaire… » constate-t-il.


Ses études l’ont mené de la célèbre université romaine « La Sapienza », un campus qui compte pas moins de 155 bibliothèques, à la prestigieuse Ecole des chartes où il a décroché en 2009 un Master dédié aux Technologies numériques appliquées à l’Histoire. De l’enseignement supérieur en France, Enrico Cima garde un souvenir à contre-courant des étudiants français : « l’université française est de très bonne qualité ; en histoire et en archéologie, les professeurs sont des sacrées pointures ! »


De Paris I à la bibliothèque Mazarine


Entre « La Sapienza » et l’Ecole des chartes, il aura passé trois années dans les bibliothèques non pas comme usager mais comme professionnel. Au Service Commun de la Documentation de l’université Paris I d’abord où il occupe un poste de magasinier pendant deux années. Puis en tant que bibliothécaire adjoint spécialisé au sein de la très mondaine bibliothécaire Mazarine.


Son aventure se poursuit par un stage à l’Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur (ABES) où, de 2009 à 2010, il travaille sur le projet de catalogue en ligne Calames. Au programme, quelques projets ambitieux : développement d’un logiciel web professionnel pour l’encodage au format EAD des descriptions des archives et manuscrits. Mais aussi un travail sur l’interface publique de recherche. « Ce stage m’a permis d’être en contact avec tous les responsables des bibliothèques impliquées dans le projet Calames. Cela m’a également permis d’avoir une bonne cartographie des acteurs du secteur ».


Architecte de l’information


Un bon poste d’observation pour saisir les mutations à l’ordre du jour dans un monde de l’infodoc bouleversé par le numérique. Enrico Cima fait volontiers sienne la fonction très à la mode d’architecte de l’information. Il la définit comme une interface entre les producteurs de contenus (universitaires, chercheurs, étudiants…) et les informaticiens auxquels l’architecte de l’information doit expliquer les besoins documentaires des producteurs de contenus. A l’architecte de l’information ensuite de présenter et d’expliquer les outils de production et de publication.
Ce nouveau rôle, il l’endossera avec bonheur au sein du Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance, une unité de recherche du CNRS située à Tours. Il travaillera en particulier sur les Bibliothèques Virtuelles Humanistes, un portail donnant accès à un généreux corpus de documents portant témoignage de la Renaissance : manuscrits, incunables, livres de la première période de l’édition… « Nous avons développé différents langages informatiques pour encoder ces textes et proposer des fonctions documentaires supérieures comme l’affichage des différentes couches de correction ayant été effectuées ».


Peu connues du grand public, les Bibliothèques Virtuelles Humanistes n’ont pas échappé à Google qui, en 2010, leur a décerné un Google Digital Humanities Award.
Enrico Cima aurait volontiers poursuivi ses recherches auprès de ce laboratoire. Mais, comme tant d’autres professionnels de l’information-documentation travaillant par contrat, le sien ne sera pas renouvelé faute de restriction budgétaire.
Il ne quitte cependant pas le monde documentaire puisque depuis le mois d’avril dernier, il occupe un poste de consultant-archviste chez l’éditeur de logiciels Naoned. Un nouveau métier où il accompagne les clients dans leur déploiement de solutions professionnelles de conservation du patrimoine. « Sous une nouvelle forme, je continue d’être un architecte de l’information… »
 
 

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Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.