Parlez-vous franglais ? A cette question posée en 1964 par René Etiemble dans le plus célèbre de ses livres, force est de constater qu’elle n’a perdu ni de sa pertinence ni de son actualité. L’expansion du vocabulaire anglo-américain semble ne connaître aucune limite, au risque de voir la langue de Bill Gates devenir un sabir qu’il ne serait plus utile de traduire. Les professionnels de l’informationi sont particulièrement confrontés à ce problème, tant ils croulent sous les anglicismes : workflowi, knowledge managementEnsemble de pratiques et d’outils visant à valoriser le patrimoine immatériel, et en particulier les connaissances d’une entreprise (documentation, gestion des compétences, etc.) Environnement qui encourage la création, le partage, l'enrichissement, la transmisson, la capitalisation et l'utilisation des connaissance pour le bénéfice des clients de l'entreprise et de ses collaborateurs.
">i, records management, text miningi, social networking, crawler, back office… Aussi, les initiatives visant à proposer des équivalents français se sont-elles multipliées.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a pour mission, entre autres, de veiller « à la défense et à l’illustration de la langue française » dans la communication audiovisuelle. Il propose des équivalents français aux termes étrangers grâce à un tableau alphabétique doté d’une interfacei dynamique (1) : le passage du pointeur sur le mot français ouvre une fenêtre qui indique le domaine d’application du terme (informatique, sport, sciences) ainsi que des synonymes. équivalents proposés par le CSA : le flux de travaux se substitue au workflow, le filoutage est préféré à phising et logiciel de groupe de travail remplace groupwarei… Ce dernier exemple témoigne de la difficulté à créer des néologismes français capables de rivaliser, en brièveté, avec l’originali anglais. Ce n’est pas tous les jours que l’on trouve une perle rare, par exemple le mot courriel ">i pour désigner un e-mailcourriel">i.
La Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLF) « veille à favoriser l’utilisation du français comme langue de communication internationale ». Sa base de données terminologiques Criter (2) offre une interface particulièrement sobre : il suffit d’entrer le mot étranger dans le champi terme pour obtenir son équivalent français. La DGLF propose également en téléchargement gratuit des fichiers PDFi d’équivalents français dans les domaines les plus divers : technologies de l’information, économie et finance, défense, ingénierie nucléaire.
Le site Presse francophone (3) dispose d’un très riche lexique accessible par ordre alphabétique. Si les équivalents français proposés sont nombreux et pertinents, certains d’entre eux provoqueront le débat : peut-on traduire records management par gestion des documents administratifs ? La notion d’enregistrementi est ici totalement passée sous silencei. Notons cependant qu’il est également possible de faire une recherche à partir du mot français pour obtenir la version étrangère.
outre-Atlantique, mais en français
Le Québec est une incontournable source d’inventions langagières et son Grand dictionnaire terminologique donne accès à près de trois millions de termes français et anglais du vocabulaire industriel, scientifique et commercial, dans deux mille domaines d’activité (4). La recherche s’effectue en trois temps : choix de la langue d’interrogation, choix de la langue d’équivalence, saisie du terme. Les résultats sont parfois abondants ; ainsi la locution back office donne-t-elle lieu aux équivalents suivants : arrière-guichet (commerce), service de post-marché (finance), application d’arrière-guichet (informatique) ou terminal d’arrière-guichet... En revanche, l’équivalent interface d’administration, parfois utilisé en France, n’est pas référencé en dépit d’une lisibilité plus évidente.