la meilleure des ondes

 

La technologie d’identification par radiofréquence (RFID) offre des utilisations très innovantes. La bibliothèque de Saint-Germain-en-Laye a misé sur les radiofréquences pour gérer l’ensemble de ses collections.

Saint-Germain-en-Laye avait séduit les rois de France grâce à sa forêt domaniale et aux méandres de la Seine que l’on domine depuis les terrasses de la ville. Il y firent édifier un château qui deviendra l’une des résidences préférées de la famille royale. Louis XIV y verra le jour en 1638. La prospère cité yvelinoise a conservé de ses origines royales un goût certain pour les jardins savamment dessinés mais n’en oublie pas moins de regarder vers l’avenir. La bibliothèque multimédia, inaugurée par le ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres au mois de décembre 2005, offre ses lignes sobres et élégantes dans le cadre bucolique du Jardin des arts à quelques mètres du Théâtre Alexandre Dumas. Cette bibliothèque municipale accueille sur 2 500 m2 et 4 niveaux, 45 000 livres, 6 200 CD et 1 200 DVD dans des locaux particulièrement raffinés. Le nombre de lecteurs adhérents s’élève à 5 500, soit 3 000 nouvelles inscriptions depuis son ouverture. Elle est également l’une des premières à proposer une solution RFIDi pour identifier, gérer et protéger les documents. Si les bibliothèques universitaires ont adopté rapidement ce système, il n’en va pas de même pour les établissements municipaux, encore majoritairement équipés du système de code à barres. Sans compter ceux qui pratiquent encore les fiches en papier. « Nous avons fait un bond dans le temps en passant directement du papier au RFID ! », souligne la directrice des lieux, Viviane Goyat.
 
le secret est dans la migrationi

La migration vers le système RFID a été réalisée par la société 3M au terme d’un appel d’offres lancé au mois d’avril 2004. Trois critères ont présidé au choix du fournisseur : l’équipement total en RFID de la bibliothèque, la compatibilité avec le système informatique Opsys choisi un an auparavant et la normalisation des puces. Cette migration s’est déroulée pendant la construction du nouvel édifice et a concerné tous les documents, y compris les périodiques. Les seize employés ont suivi plusieurs séances de formation afin de se familiariser avec les nouveaux équipements. Délivrés des manipulations de retour et d’emprunt de documents, ils peuvent désormais se consacrer à des tâches de conseil aux lecteurs. Car désormais les usagers eux-mêmes procèdent à l’enregistrementi de leurs documents grâce à une procédure simple : il suffit de passer sa carte de lecteur sous un faisceau laser et de disposer un livre, un CD ou un DVD sur l’automate de prêt. Celui-ci enregistre les prêts et les retours, active et désactive l’anti- vol selon le statut du document. Aucune contrainte de positionnement ne vient alourdir le processus : « L’usager peut poser son document recto ou verso sur l’appareil, cela ne perturbe pas les ondes émises par l’étiquette RFID », commente Daniel Joffre, ingénieur d’affaires chez 3M France. L’automate de prêt se distingue par sa sobriété et peut être intégré dans n’importe quelle architecture ou décoration intérieure. Doté d’un écran tactile, il imprime un récapitulatif de l’enregistrement, avec nom de l’emprunteur, titre de l’ouvrage, auteur, cotei, date de retour.
 
mettre des étiquettes intelligentes

Pièce maîtresse du système d’identification digitale, l’étiquette est composée d’une mini-antenne et d’un circuit intégré. Sa puce contient des informations propres à chaque document et communique ces données par ondes radio aux différents postes de prêt de la bibliothèque. Son contenu est réinscriptible et modifiable. D’une taille de 5 cm sur 5 cm, l’étiquette peut être facilement positionnée à l’intérieur de l’ouvrage. Les CD et les DVD font l’objet d’un traitement particulier : une discrète étiquette digitale en forme de rondelle est disposée autour de l’orifice du disque. Le boîtier est lui aussi pourvu d’une étiquette. Ce double étiquetage permet de déceler un boîtier qui serait restitué vide : « Il arrive souvent que des usagers oublient le disque dans leur lecteur ! », s’amuse Viviane Goyat. Les usagers de la bibliothèque de Saint-Germain-en- Laye peuvent, s’ils le souhaitent, continuer à faire appel à un bibliothécaire pour enregistrer les emprunts et les retours de documents. Les employés disposent pour cela d’un poste de prêt constitué d’une fine plaque qui se pose sur ou sous le mobilier d’origine. Relié directement à l’ordinateur et compatible avec tous les Systèmes intégrés de gestion de bibliothèque (SIGBSystème intégré de gestion de bibliothèque Prologiciel de gestion informatique des différentes tâches d'une bibliothèque: catalogage des documents et gestion de leur circulation, ainsi que la gestion des acquisitions, des périodiques, des autorités.  ">i), il simplifie et diminue les manipulations quotidiennes. Six plaques de prêt sont déployées dans l’établissement. Une présence humaine un rien nécessaire, en particulier dans la section petite enfance.
 
le bon exemple va être suivi

Une autre déclinaison de la technologie RFID intéresse particulièrement les bibliothèques. La société 3M propose un assistant digital de lecture à distance des documents et ce, sans contact physique. Cet assistant, qui tient dans la main, trouve et identifie rapidement un document, valide son statut, prêt ou retour, classe les ouvrages et accélère la recherche de documents placés très haut dans les rayonnages grâce à son antenne pivotante. Il facilite les inventaires, les statistiques, la vérification et le classementi. Autant de fonctions pour remédier aux anomalies de cote ou aux erreurs d’emplacement dans les linéaires. Après Saint-Germain-en-Laye, plusieurs municipalités, dont Paris, ont fait part de leur intention de procéder à l’installation de solutions RFID. Dans un premier temps, quatre bibliothèques municipales de la capitale devraient migrer vers la meilleure des ondes.
 
des applications pour la traçabilité

 
La technologie RFID (radio frequency identification) est une méthode d’identification par radiofréquences. Elle permet de stocker, d’émettre et de recevoir des données à distance. Cette transmission d’informations par fréquences est particulièrement efficace dans les processus de traçabilité. Les usages de la RFID sont multiples : localisation des bagages dans les aéroports, clés électroniques sans serrure sur certains modèles de voiture, contrôle d’accès à certains sites sensibles, gestion de stocks… Jusqu’à l’implantation sous-cutanée de puces dans le cou des animaux à la place du tatouage traditionnel. La RFID se présente le plus souvent sous la forme d’une étiquette adhésive qui est apposée sur un livre, une automobile, un vêtement ou un emballage alimentaire. Cette étiquette est composée d’une puce dont la mémoire a une capacité équivalente à celle des PC produits en 1985. Une grande conférence consacrée à la technologie RFID sera organisée par la Commission européenne à Bruxelles le 16 octobre prochain. www.rfidconsultation.eu
 
 

Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.