Livres numériques : peut mieux faire

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Le mois de juin n'a pas été avare en annonces pour l'édition électronique : Sony a baissé le prix de ses liseuses de 20% ; le libraire Barnes & Nobles a fait de même et propose désormais un modèle à moins de 150 euros ; Amazon, pour sa part, a consenti une baisse de 40 % sur son modèle Kindle ; quant à Apple, fort de ses 3 millions de iPad vendus dans le monde, il affirme que plus de 5 millions de livres numériques ont déjà été téléchargés via son application iBooks. Ces annonces en cascade confirment s'il en était besoin l'effervescence qui a saisi le monde de l'édition. Il faut dire que le Syndicat national de l'édition confirme cette tendance : en 2009, le livre numérique a représenté 2,7 % du chiffre d'affaires de l'édition française. Apparemment modeste, ce chiffre constitue en réalité une forte croissance par rapport à l'année précédente.

 
On ne sera donc pas étonné de voir que les lignes bougent du côté de l'offre éditoriale. Mais pas forcément au bénéfice des usagers : les formats de fichier rencontrent des problèmes de compatibilité avec certaines liseuses, certaines plateformes de téléchargement sont incompréhensibles, et les prix restent encore élevés. Il suffit pour s'en convaincre de visiter les différentes plateformes pour constater que certains ouvrages numériques sont en effet à peine moins chers que le livre physique. A cela une raison selon le Syndicat national de l'édition : « l’essentiel des économies réalisées par le passage au numérique est absorbé par l’Etat ». Le SNE dénonce « une idée reçue selon laquelle le livre numérique n’a pas de coût de fabrication et un coût de distribution faible mais souvent sous-estimé : en réalité ces coûts sont remplacés par… une TVA de 19,6 % ».
 
 
extension du taux de TVA


 
Lorsqu'il a pris la présidence du Syndicat national de l'édition, le 24 juin dernier, Antoine Gallimard a trouvé sur son nouveau bureau de nombreux dossiers à traiter dont celui de l'extension du taux de TVA à 5,5 % au profit du livre numérique, au même titre que le livre papier. Si les éditeurs obtenaient satisfaction, nul doute qu'ils investiraient plus qu'ils ne le font aujourd'hui la sphère numérique.
 
A ce jour, les plateformes de téléchargement les plus fréquentées sont celles qui sont adossées à des entreprises à forte visibilité : iBooks d'Apple, Amazon, Barnes & Noble... et bientôt le service de vente de livres numériques que Google s'apprête à mettre en ligne après avoir numérisé des dizaines de millions d'ouvrages aux quatre coins du monde. Inutile d'insister sur la très faible présence d'ouvrages en langue française...
 
Mais déjà des initiatives françaises et francophones voient le jour. Eden Reader est une application pour iPad née à l'initiative de Flammarion, Gallimard, et La Martinière. Cette plateforme permet aux éditeurs de mettre leur catalogue numérique à disposition des revendeurs (libraires, portails...) qui, à leur tour, proposent les titres aux usagers. Malheureusement pour Eden Reader, cette application prometteuse a été descendue en flèche par les premiers utilisateurs qui lui ont reproché l'obligation d'ouvrir de multiples comptes avant de pouvoir télécharger un livre... aux pages blanches !
 
 
1001 libraires


 
Les bandes dessinées ne sont pas oubliées. Plusieurs éditeurs se sont regroupés au sein de la plateforme Iznéo BD pour proposer leurs contenus : Lucky Luke, Achille Talon, Adèle Blanc-Sec, Claire Brétecher, mangas... Iznéo BD propose aux internautes de louer un album au prix de 1,99 euros pour dix jours ou un achat au tarif de 4,99 euros. Signalons surtout le projet « 1001 libraires » qui doit permettre à toutes les librairies indépendantes de vendre des livres numériques en ligne. Ce portail devrait voir le jour au mois d'octobre 2010.

Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.