Raymond Bérard, est, depuis le 1er juillet 2013, le nouveau directeur de l’Inist-CNRS. Conservateur de bibliothèque, il était auparavant directeur de l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur (Abes).
1. Quelles orientations souhaitez-vous donner à votre mandat à la tête de l'Inist ?
L’Inist a été conçu initialement pour fournir des services industrialisés à des publics où dominait le secteur privé. Force est de constater qu’aujourd’hui ce modèle ne fonctionne plus, comme en témoigne l’effondrement du service de fourniture de documents (- 82 % de 1997 à 2013), alors que les bases de données Francis (sciences humaines et sociales) et Pascal (science, technologie et médecine) ne répondent plus aux attentes des chercheurs.
Parallèlement, les communautés scientifiques attendent de l’Inist de nouveaux services d’ingénierie documentaire.
L’Inist a pourtant développé de nombreuses activités hors de ces piliers historiques, que la communauté scientifique ne connaît pas toujours suffisamment, qu’il s’agisse de services, de produits (contenus, plateformes) ou d’activités de recherche et de développement.
L’Inist est aujourd’hui rattaché à la direction de l’Information scientifique et technique (Dist) du CNRS. La réorientation de ses missions s’opère dans le cadre de la politique de son institution. L’Inist participe à l’élaboration du schéma d’orientation de l’IST du CNRS (Soist), initiative qui fédère tous les acteurs IST du CNRS et à laquelle l’Inist apporte une contribution majeure. Le Soist, qui constitue le socle programmatique de la politique IST du CNRS, doit donner lieu à un plan d’actions en 2014.
L’heure des choix est donc venue pour l’Inist : les activités historiques seront revues au profit des services et produits qu’appellent les chercheurs et sur lesquels l’Institut est le plus à même d’apporter une valeur ajoutée au sein de la politique IST du CNRS et de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR).
2. Les pratiques de l’Inist relatives à la commercialisation d'articles scientifiques ont provoqué la colère des chercheurs à l’hiver 2013. Allez-vous réviser cette politique de commercialisation ?
Le mouvement que vous évoquez a engagé le CNRS à revoir profondément sa politique de diffusion d’articles scientifiques via Refdoc. Après les premiers aménagements du printemps 2013 amorçant le lien vers les versions disponibles en libre accès, une nouvelle version, OpenRefdoc, mise en service le 18 novembre 2013, témoigne de la volonté du CNRS de réorienter cet outil vers le libre accès.
3. L’Inist poursuivra-t-il son engagement en faveur de l'open access ?
Le virage stratégique de Refdoc montre bien que l’Inist a pleinement intégré les valeurs de libre accès à la science qui fondent l’existence du CNRS. L’Inist retient ces valeurs comme boussole dans la définition du repositionnement de ses services.
Je citerai encore le site Internet Libre accès à l'information scientifique et technique, produit par l’Inist, qui a pour ambition d’éclairer la communauté de la recherche et de l’édition sur les deux voies du libre accès. En outre, des évolutions sont également prévues.
A noter : cette interview a été réalisée avant la décision de la Cour de cassation du 11 décembre 2013 entraînant la fermeture de Refdoc, puis sa réouverture, en mode consultation.