Terry Zimmer, veilleur d’abord sur l’humain

Portrait de Terry Zimmer, veilleur, cocréateur du blog Tais-toi quand tu parles et qui anime aujourd'hui le blog Intelligences connectées.

L’intelligence économique, Terry Zimmer est tombé dedans un peu par hasard. C’est après une licence d’économie, sans objectif précis, mais motivé par son aspect stratégique, que le jeune Nancéen intègre le master de l’Icomtec de Poitiers (intelligence économique et communication stratégique), le premier habilité en France sur cette thématique, dès 1996. Entre interpréter les problématiques posées, mettre en place des outils, interroger, trier puis synthétiser pour aboutir à la mise en action d’une information de qualité, l’étudiant se prend rapidement au jeu : « Même si j’ai le sentiment d’avoir fait mes études au fil de l’eau, je me suis immédiatement passionné pour la veille et l’intelligence économique, explique-t-il. Je n’avais plus d’autre alternative ».

renseignement humain

C’est lorsqu’il crée, avec deux autres étudiants, le blog Tais-toi quand tu parles que Terry Zimmer explore l’un de ses futurs thèmes de prédilection : le renseignement humain ou l’art de déployer un maximum de compétences et d’astuces afin de trouver une information de source « humaine ». Il s’explique : « Pour beaucoup, la veille a un côté automatisé, tel un logiciel paramétré pour fonctionner seul. Mais tout n’est pas forcément accessible sur internet : l’angle humain apportant une réelle valeur ajoutée, il est primordial de savoir aussi chercher sur le terrain ! » L’article Comment pirater un compte bancaire en ligne en 7 étapes, publié en 2008 sur son blog, en est une effrayante démonstration. Si l’exposé est aujourd’hui obsolète, de part le renforcement des règles de sécurité des banques, le jeune veilleur en devenir y décrivait, avec une amusante provocation, les détails de cette troublante collecte d’informations. Obtenant un réel écho, l’article a suscité l’intérêt des professionnels.

Depuis la fin de ses études, Terry Zimmer est veilleur à mi-temps au sein du think tank Boostzone Institute, un institut de recherche parisien dédié à l’avenir du monde du travail et à son impact sur les stratégies des organisations. Il est également devenu son community manager et y rédige une lettre mensuelle sur le futur du management.

En parallèle, le jeune homme de 27 ans exerce l’activité de consultant en veille, communication et réputation en ligne tout en alimentant son nouveau blog, Intelligences Connectées, très influent. Enseignant à Sup de Co La Rochelle ou encore à l’Iseg de Strasbourg, il a même occupé, l’année dernière, une chaire à l’université Claude Bernard de Lyon en psycho-criminalistique : « J’apprenais à des médecins légistes, à des avocats ou encore à des commissaires de police comment rechercher des informations sur des personnes ou déterminer le profil psychologique de quelqu’un en s’aidant d’internet. Le renseignement humain n’est jamais loin », explique-t-il avec malice.

réalité augmentée

Sa valeur ajoutée, suffisamment atypique dans le milieu des veilleurs pour être soulignée, Terry Zimmer aime la présenter : « Je suis spécialiste des outils gratuits car j’ai toujours été passionné par faire de la veille sur les outils de veille. Je suis capable de mettre en place des plateformes entièrement gratuites, plus robustes et efficaces que nombre de solutions payantes ». Suivre le compte Twitter d’un prix Nobel d’économie pour s’enquérir des informations qu’il relaye symbolise, pour le jeune veilleur, tout ce qui fait son métier : « Je construis mon expertise à partir d’une source humaine, une réalité augmentée grâce à l’interaction que permettent les réseaux sociaux. Je vois mon équation comme une suite de réseaux de cerveaux humains, bien plus fiable et performante et tous les algorithmes d’un Google ou d’un logiciel de veille payant ».

En véritable hyperactif, Terry Zimmer est également vice-président de l’association L’Atelier des veilleurs, afin selon lui, de « dépoussiérer le secteur de l’intelligence économique dont le nom, il faut l’avouer, ne parle à personne ». Mais s’il regrette de ne pas pouvoir utiliser l'intitulé de son diplôme pour présenter son métier et ses compétences, il est malgré tout heureux d'observer que le secteur a réellement infusé au point de se démocratiser sous de multiples formes. « L’émergence de l'e-réputation en est la preuve : on en parle même dans les cours d'écoles », conclut-il.