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Le marché de la dématérialisation en 2019 et ses perspectives pour 2020

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    Avec une croissance comprise entre 6 et 7 % par an, le marché de la dématérialisation poursuit sa mue en 2019. (Illustration : Pixabay/PhotoMIX-Company)
  • En 2019, comment se porte le marché de la dématérialisation (qui comprend la gestion de contenu d'entreprise, la capture, la diffusion, le case management, la gestion des processus métier BPM, la confiance et l'archivage électronique, ainsi que la conservation) ? Les perspectives pour 2020 demeurent excellentes, selon les spécialistes de la dématérialisation, boostées par la vague de "transformation" numérique qui gagne désormais les petites entreprises.

    Le marché français de la dématérialisation des documents est-il toujours bien portant en 2019 ? Oui, si l'on en juge les études récemment publiées par plusieurs cabinets. Et oui, encore, si l'on considère la vague de rachats intervenue en 2018 sur ce segment de marché, où les leaders cherchent pour la plupart activement à étendre et à consolider leurs positions (voir encadré).

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    Marché de la dématérialisation : entre 6 et 7 % de croissance par an

    "On estime que le marché de la dématérialisation – qui comprend la gestion de contenu d'entreprise, la capture, la diffusion, le case management, la gestion des processus métier (BPM), la confiance et l'archivage et la conservation – devrait croître de 7 % entre 2018 et 2019", indique Hélène Mouiche, analyste senior chez Markess by Exægis. Il reste donc très dynamique, notamment sur des segments particulièrement porteurs, tels les systèmes d'archivage électronique (SAE), le cloud computing et la dématérialisation de factures. Cet institut d'études estime en outre que "le marché hexagonal des solutions de dématérialisation des processus documentaires et métier, et des services associés" devrait peser de l'ordre de 2,4 milliards d’euros en 2019, avec une croissance de 6,6 % par rapport à 2018. 

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    La hausse s'explique en partie par l'apparition de nouvelles technologies offrant la possibilité d'automatiser davantage les processus documentaires et métier (intelligence artificielle ou robotic process automation, RPA) et par "la recherche d’une confiance numérique, portée notamment par les besoins en solutions de signature électronique".

    > Lire aussi : La signature électronique en 2019 : marché, cadre légal et usages

    Plus optimiste, l'institut d'études sectorielles Xerfi Precepta a pour sa part récemment souligné que le marché français de la dématérialisation croît en moyenne de 6 % par an depuis 2008, en partie grâce à des pouvoirs publics "qui favorisent le tout-numérique" : il aurait atteint 7,3 milliards d'euros en 2018 et devrait continuer de progresser à moyen terme sous l'effet d'une explosion des données et des documents produits, témoigne Philippe Gattet, directeur des études, dans une vidéo. 

    S'y ajoutent, d'après lui, "des progrès technologiques qui enrichissent les offres proposées tout en réduisant leur coût" (notamment la hausse des capacités de stockage, la vitesse accrue de transmission des données, du traitement des données informatisées, et le renforcement du big data et du cloud...).

    Transformation numérique et open source

    Parallèlement, le cabinet IDC relève une tendance globale en faveur de la transformation numérique en France : il évalue à pas moins de 2,6 milliards d’euros le marché hexagonal du conseil en stratégie digitale en 2018 (plus 25 % en un an) et relève que son potentiel amène la quasi-totalité des entreprises de services du numérique (ESN), cabinets de conseil en stratégie et agences digitales à se positionner.

    Dans la même veine, Teknowlogy (ex-CXP) relève un intérêt croissant des géants de l'informatique pour un marché de l'open source et du logiciel libre. "Sur la seule année 2018, les cessions ou introductions en bourse de sociétés évoluant sur le marché de l'open source ont représenté au moins 53 milliards de dollars aux États-Unis", relève cet institut. 

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    Des rachats gargantuesques

    Ce chiffre s'explique par plusieurs rachats gargantuesques, tels celui de Red Hat par IBM (34 milliards de dollars), celui de Github par Microsoft (7,5 milliards de dollars), celui de Mulesoft par Salesforce (6,5 milliards de dollars) ou encore celui de Magento par Adobe (1,7 milliard). Un "tournant" s'est aussi opéré sur le web où l'open source règne plus que jamais en force. En matière de solutions d'infrastructure cloud, Openstack est ainsi perçue comme un "standard". Il serait aussi difficile aujourd'hui de se passer de spécialistes comme Docker (gestion des conteneurs), Cassandra (base de données), Hadoop (framework) et ElasticSearch (moteur de recherche...). Quant aux interfaces de programmation ou application programming interfaces (API), leur développement est désormais essentiellement tributaire d'outils open source tels que Jason et Rest.

    > Lire aussi : Factures fournisseurs : bien mener son projet de dématérialisation

    En France, l’Union des entreprises du logiciel libre et du numérique ouvert (CNLL) table d'ailleurs sur une croissance de 8,1 % du marché de l'open source (logiciels et services) entre 2017 et 2021, après une hausse de 8,3 % entre 2018 (4,8 milliards d'euros) et 2019 (6,09 milliards). Mais la croissance de ce segment, qui tire aujourd'hui la majorité du chiffre d'affaires, est désormais "principalement portée par les solutions logicielles" et les solutions à la demande de type software as a service (Saas), d'après cet organisme.

    Le marché de la dématérialisation en mutation

    Ces tendances touchent au premier chef les acteurs du marché de la dématérialisation. "Les acteurs du marché sont les témoins d'une bascule vers le cloud", indique Hélène Mouiche. Pour cette analyste, la vivacité de la concurrence et les "fortes pressions tarifaires des donneurs d'ordres" induisent en outre une dangereuse dégradation des marges pour les spécialistes, qui sont contraints d'enrichir "leur offre dans et autour de la dématérialisation, tout en accentuant leurs efforts de différenciation".

    "Le marché de la dématérialisation s'est beaucoup transformé durant ces derniers trimestres", ajoute Noureddine Lamriri, vice-président product management chez Everteam, éditeur spécialiste des solutions de gestion et de gouvernance de l'information. "Il englobe aujourd'hui une diversité de projets incluant aussi bien l'enterprise content management (ECM) que des solutions qui ont par nature vocation à assurer le passage au format électronique des documents papier. En amont, il y a par exemple la reconnaissance de documents et l'extraction d'information. Et en aval, la gestion électronique des documents (Ged), les workflows ou les systèmes de validation..."

    > Lire aussi : Service public : vers le 100 % dématérialisé

    Un relais de croissance pour les éditeurs : les petites entreprises

    Dans ce contexte, la transformation numérique est passée de la communication à la réalité dans les grandes entreprises qui consommaient historiquement beaucoup de papier – assurances, mutuelles... "Aujourd'hui, soit leurs documents sont nativement numériques, soit ils sont systématiquement convertis du format papier dans un format numérique par les services internes de dématérialisation des documents", indique Noureddine Lamriri.

    Mais les plus petites sociétés, plus attentistes, sont elles aussi sous pression pour se transformer  et de passer au zéro papier, car les avantages de la dématérialisation sont nombreux et les gains de productivité certains. "Or elles ne disposent pas, la plupart du temps, des ressources internes pour acquérir le matériel et monter en compétence", relève ce spécialiste. "Elles font donc appel à des sociétés spécialisées pour les accompagner dans la mise en place". 

    Ce qui constitue un relais de croissance bienvenu pour les éditeurs, les intégrateurs, les distributeurs de matériels de capture et de numérisation des documents ou encore les sociétés de services. Ces tiers se chargent de les accompagner et parfois même de l'externalisation des processus métier (business process outsourcing, BPO).

    > Lire aussi : Numérisation : sous quel format conserver les documents ?


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    Le défi des éditeurs en dématérialisation : la consolidation du marché

    Comment profiter de l'embellie du marché ? Les fabricants et éditeurs ont le choix entre le renforcement de leurs compétences en matière de services ou bien la diversification de leurs savoir-faire logiciels. 

    Certains, comme Everteam, choisissent de faire un peu les deux... En 2018, le français Spigraph, considéré comme l'un des principaux acteurs de la capture documentaire, est ainsi tombé dans son escarcelle. Bénéfice ? "Grâce au réseau des revendeurs de Spigraph, composé de plus de 6 000 partenaires en Europe, Everteam va pouvoir accéder au marché des petites et moyennes entreprises (PME) et proposer de nouvelles solutions pour aider ce marché de masse à avancer sur le chemin de la digitalisation et de la conformité numérique", affirmait alors l'éditeur. Il annonçait quelques semaines plus tard un autre rachat : celui de GlassIG, éditeur d'une solution de gouvernance de l’information.

    Début 2019, Kofax, redevenu indépendant, s'est quant à lui renforcé dans le traitement des documents numérisés : il a annoncé les acquisitions de Top Imaging System et de la branche Nuance Document Imaging de Nuance Communications. Konica Minolta a pour sa part avancé ses pions dans les services et la distribution, avec le rachat du français Groupe Sequoia (180 collaborateurs). Et Cegedim e-Business a amélioré son positionnement sur le traitement et la dématérialisation des documents ainsi que sur la dématérialisation de factures, en intégrant par exemple Ximantix et BSV Electronic Publishing. Enfin, Docaposte, filiale numérique du Groupe La Poste, s'est offert Brains, un cabinet de conseil hexagonal spécialisé dans l'accompagnement à la "digitalisation" des entreprises.

    Vous souhaitez en savoir plus sur la dématérialisation, sur ses tendances, sur les différents logiciels ainsi que sur les impératifs juridiques, les normes utiles et ainsi que des méthodes pour bien gérer vos projets ? Découvez le guide pratique Cloud et zéro papier : la dématérialisation nouvelle dimension, publié en septembre 2019 par Archimag.

    Pour commander le guide pratique, le recevoir en quelques instants ou pour consulter son sommaire, cliquez-ici

    Cloud et zéro papier : la dématérialisation nouvelle dimension

    Cherchant à toujours mieux répondre aux besoins des activités privées et publiques, la dématérialisation ne cesse d’évoluer. Selon le contexte, telle approche conviendra mieux qu’une autre… Affaire d’état du système d’information, de gouvernance et de stratégie. Mais derrière l’engouement pour le cloud (Saas), le marché doit être décrypté. De la Ged au réseau social d’entreprise, de multiples briques et assemblages peuvent servir la dématérialisation, tandis que l’intelligence artificielle bouscule les habitudes.

    Les derniers impératifs juridiques sont rappelés. Les concepts et les normes utiles sont décrits. Des méthodes montrent comment analyser ses processus et flux documentaires et élaborer le Swot déclencheur de son projet de dématérialisation.

    Comment se lancer dans la mise en oeuvre ? En connaissant les outils, matériels et logiciels, en acquérant de la méthode et en prenant exemple sur des retours d’expérience : gestion du courrier, traitement de la facture, signature électronique, coffre-fort numérique, automatisation des processus.

    Feuilletez quelques extraits du guide "Cloud et zéro papier : la dématérialisation nouvelle dimension" en cliquant ici.

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