Portrait de Camille Alloing, doctorant-ingénieur-consultant-formateur tombé très jeune dans le monde numérique.
Son blog figure parmi les incontournables références en matière d’e-réputation. Son compte Twitter affiche plus de 7 600 suiveurs. Et sa vie actuelle s’organise entre la mise en place de systèmes de veille au sein du groupe La Poste et l’écriture d’une thèse consacrée à "l’apport de la recherche sociale dans la modélisation d’un processus d’évaluation de la réputation en ligne"… Les journées sont bien chargées pour Camille Alloing, doctorant-ingénieur-consultant-formateur tombé très jeune dans le monde numérique : "Dès 1996, il y avait un accès internet chez mes parents ! Ce qui m’a permis de comprendre très tôt ce qui se passait sur le web".
Sitôt obtenu son baccalauréat en 2002 à Bourges, Camille Alloing s’inscrit à un DUT services et réseaux de communication tout en assouvissant une passion pour le cinéma. A son actif : des reportages pour France 3, de la publicité et des films d’entreprise. "Au bout de six mois, je me suis rendu compte que le cinéma était plus une passion qu’un métier… ".
la découverte de l’intelligence économique
Changement de cap et direction l’université où il passe une licence en management de l’information et se frotte aux fondamentaux des techniques documentaires : classification Dewey, records management, gestion des connaissances… Surtout, il y découvre une discipline : l’intelligence économique. Une découverte qu’il souhaite à tout prix consolider en s’inscrivant en master à l’Icomtec de Poitiers. Entre ses cours et ses stages, il fait un constat : "Les PME ne sont pas intéressées par les discours sur l’intelligence économique. Il faut partir de leurs pratiques pour les sensibiliser à la veille, au lobbying, aux stratégies d’influence".
A l’Icomtec, la route de Camille Alloing croisera celle de l’un de ses professeurs, Christophe Deschamps. Ce dernier lui conseille de créer un blog. Nous sommes en 2008, et le thème de l’e-réputation est encore peu médiatisé. Cadd e-réputation (1) se fait alors rapidement un nom et une… réputation qui lui ouvrent les portes de Performics, une filiale de Publicis rachetée à Google quelques mois plus tôt. Ce stage de six mois le conduit à gérer la réputation numérique de géants du luxe et de la téléphonie via la veille et le community management. Il rejoint ensuite l’agence Resoneo pour y développer le pôle réseaux sociaux et mener des actions de veille et de e-lobbying.
"Je ne crois pas à la génération Y !"
"Mais je souhaitais innover et poursuivre une réflexion sur une possible construction épistémologique de l’e-réputation". Vaste sujet qu’il entreprend sous les conseils bienveillants de deux directeurs de thèse, deux spécialistes de l’intelligence économique : Christian Marcon et Nicolas Moinet.
Grâce à un tweet envoyé sur son compte, Camille Alloing est contacté par le groupe La Poste qui est prêt à l’accueillir dans le cadre du dispositif Cifre qui permet aux entreprises d’embaucher un doctorant. Depuis juillet 2010, il mêle donc réflexion et travail opérationnel. "Mon travail consiste à développer un système de veille permettant de comprendre le contexte informationnel dans lequel La Poste évolue. J’ai défini une cinquantaine de critères destinés à évaluer l’e-réputation de l’entreprise. Le groupe La Poste peut alors communiquer en fonction de ce qui se dit sur lui via les réseaux sociaux".
Dans le temps qui lui reste, Camille Alloing intervient à l’occasion de conférences à l’Icomtec, à l’Ecole des Mines, devant les Urfist (Unités régionales de formation à l’information scientifique et technique). Des publics très différents, jeunes et moins jeunes, qui lui inspirent une réflexion : "Je ne crois pas du tout à la génération Y ! 95 % de cette génération a un compte Facebook, mais une très forte majorité d’entre eux est incapable de porter un regard critique sur le monde numérique. Cela se traduit par une foi aveugle dans ce qu’ils voient sur le web et qu’ils absorbent sans se poser de question".
Peut-être un futur sujet de thèse pour Camille Alloing, lui-même issu de la génération Y…