L'essor de l'open data passe par la coproduction

Data.gouv.fr propose aujourd’hui plus de 350 000 jeux de données publiques DR

 

La Conférence open data a réuni, le mois dernier à Paris, une vingtaine d’acteurs de la filière des données publiques. Au programme : transparence et cocréation citoyenne.

Plus de 350 000 jeux de données publiques sont désormais disponibles sur Data.gouv.fr. Lancé en décembre 2011, le portail du gouvernement français est en passe d’atteindre sa vitesse de croisière. Les données produites par les ministères et les agences de l’Etat y sont progressivement versées « mais de vieux réflexes de rétention de l’information continuent d’entraver l’essor de l’open data », constate Gilles Babinet, chargé des relations entre la France et l’Union européenne pour les enjeux numériques. 

Lors de la Conférence open data organisée le 27 septembre dernier au ministère de l’Economie et des Finances, Gilles Babinet a plaidé pour une accélération de l’ouverture des données publiques : logement social, secteur médical, éducation… « L’ouverture des données publiques est un outil de modernisation et de confiance dans l’Etat. Elle favorise également la transparence et la démocratie. Il vaut mieux pour un Etat ouvrir un portail open data plutôt que faire face à Wikileaks… »

les données brutes ne suffisent pas

Un constat partagé par Jonathan Reichental, directeur de la stratégie numérique au sein de la municipalité de Palo Alto (Etats-Unis) : « Il faut réinventer la façon dont la ville est administrée. L’open data nous a permis de développer de nouveaux services numériques pour les citoyens. Mais les données brutes ne suffisent pas ! Nous avons lancé un appel aux nombreux informaticiens qui habitent Palo Alto pour créer des outils de visualisation de données. Grâce à cette cocréation, nous avons rendu intelligibles des fichiers relatifs à la voirie qui étaient auparavant produits dans des formats bureautiques indigestes ».

Outre-Atlantique, la coproduction est partie prenante de l’écosystème open data. Le portail officiel Data.gov fonctionne avec des moyens modestes selon Jeanne Holm, représentante du gouvernement états-unien pour l’open data : « Avec une équipe de cinq personnes et un budget limité, nous nous sommes appuyés sur les citoyens qui créent eux-mêmes des applications ». Les internautes sont en effet invités à proposer des applications dédiées à la visualisation et au partage de données.

C’est un fait : le monde anglo-saxon est converti depuis longtemps au mouvement open data. Ouvert dès le mois de novembre 2009, le portail britannique Data.gov.uk affiche aujourd’hui 8 700 jeux de données. Pour celui qui est considéré comme le fondateur de l’open data en Angleterre, Nigel Shadbolt, l’impact de ce portail résonne déjà en argent sonnant et trébuchant : « A la suite de la publication de données hospitalières, le nombre de transmissions nosocomiales a baissé de 85 % car les hôpitaux ont adopté de nouvelles pratiques. Cela représente une économie de 9 000 de livres par patient (environ 11 900 euros) soit un total de 45 millions de livres (environ 56 millions d’euros) ».

45 millions d’euros pour les applications

En France, la SNCF a lancé en 2012 un concours ouvert aux développeurs d’applications : plus de 2 000 idées lui ont été soumises. Aujourd’hui, 12 jeux de données sont disponibles selon Patrick Ropert, directeur de la communication de la SNCF : « Avec la cocréation, les usagers enrichissent nos données grâce à leurs propres observations sur les anomalies ou l’immobilier à proximité des gares par exemple ».

Sans surprise, les données du secteur ferroviaire figurent parmi les plus consultées par les internautes… et par la Commission européenne. Celle-ci milite en effet ardemment pour l’ouverture des données sur les transports et leur libre réutilisation. Thibaut Kleiner, membre du cabinet de la commissaire chargée de la société numérique Neelie Kroes, a d’ailleurs annoncé le financement à hauteur de 45 millions d’euros au profit d’applications innovantes. En bonne élève de l’open data, Bruxelles espère même ouvrir son propre portail d’ici la fin de l’année.

Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.