Edito de l'Archimag n°262 de mars 2013 - Anachronisme

Michel Remize, rédacteur en chef d'Archimag. DR

 

La numérisation du courrier est une technologie mature. C’est ce que l'on disait il y a dix, quinze, peut-être même plus de vingt ans. « Numérisation » et non « dématérialisation » : le mot n'était pas alors prononcé. Encore aujourd’hui, associez un scanner, une solution de reconnaissance optique de caractères et un workflow et hop ! le tour est joué, vive la gestion électronique des documents ! Ne se pose pas la question de l'usage attendu de cette technologie, tant la réponse est évidente. Il s’agit de faire en sorte que les flux de courriers papier entrant puissent se brancher sur les tuyaux de l’informatique. Ceci sans perte de document, en visant un traitement efficace, en des délais raccourcis. Somme toute, un usage qui ne remet pas en cause la chaîne de traitement du courrier. Du papier au numérique, peu de changements. Tout au plus s'interroge-t-on sur l'emploi de formulaires plus digestes pour les scanners, avec du précasage et sans fond bigarré perturbateur. On classe, traite, retrouve et archive sensiblement comme avant. Les premiers bénéficiaires en sont les organismes sociaux très consommateurs et producteurs de papier. Corollairement, l'emploi dans les services courrier, peu qualifié, se contracte.

Une affaire qui tourne... Et qui n'a pas fini de tourner puisque prestataires et observateurs estiment qu'une marge de croissance existe encore dans ce que l’on qualifie désormais de dématérialisation du courrier. C’est ce thème que nous avons retenu pour le dossier de ce mois-ci. Un choix qui est presque un anachronisme au moment où va se tenir le salon Documation - dont Archimag est partenaire – qui met en avant des thématiques comme la mobilité ou le big data. Voilà bien des préoccupations du moment, tendances plus ou moins lourdes susceptibles de bousculer des habitudes et qui interrogent chacun. Avec tout de même un paradoxe : on sait que les technologies concernées sont prometteuses, on leur prête déjà une certaine confiance, pourtant les usages sont encore largement à créer.

D’un côté, qu’il soit électronique ou papier, un courrier reste un courrier – même s’il peut devenir davantage grâce à des services dématérialisés. De l’autre, permettez par exemple un usage mobile de l'information ou de documents et... attendez de voir ce qu'il va réellement se passer ! On veut aller quelque part, mais on ne sait pas exactement où. À voir la rapidité avec laquelle la technologie évolue actuellement, on est tenté de dire qu’elle a pris le pas sur l'usage. Beau temps pour les technophiles !

Les podcasts d'Archimag
Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".