De son pays natal, le Mexique, elle a gardé un petit accent charmant qu'elle promène dans tous les services d'archives de France et de Navarre. Lourdes Fuentes Hashimoto a quitté la capitale mexicaine sitôt le bac décroché au prestigieux Lycée français de Mexico. Direction : la France mais pas n'importe où : "je voulais vivre dans une ville plus petite que Mexico et ses 9 millions d'habitants ! J'ai posé mon doigt au hasard sur la carte de France et... je me suis retrouvée à Nîmes !" Elle aurait pu tomber plus mal. Elle passera quatre années dans le Sud où tout la ravit : le soleil, les vestiges romains et les études d'histoire et de sciences politiques qu'elle poursuit à Montpellier.
Après un passage par Bordeaux où elle décroche un master d'histoire contemporaine, elle se retrouve à Paris dans un autre établissement prestigieux : l'Ecole des chartes. Nous sommes en 2007 et elle passe un master dédié aux nouvelles technologies : "J'ai adoré l'Ecole des chartes, J'y ai appris l'histoire du livre et l'archivistique bien sûr mais aussi les nouvelles technologies numériques. Je suis très curieuse et, à mes yeux, faire de l'archivage électronique, c'est être résolument généraliste !"
A peine sortie de son master, elle enchaîne une série de postes. D'abord à la bibliothèque Jacques Doucet (Paris) où elle est chargée de classer les archives littéraires d'André Malraux. Puis un passage par l'Association des archivistes français où elle constate une très forte demande de formation à l'archivage électronique. Puis au sein des Archives départementales de Seine-Saint-Denis ; chef de projet, elle repense la réinformatisation des fonds audiovisuels.
Au Quai d'Orsay, il faut être capable de trancher très rapidement
Son arrivée à Paris est l'occasion pour Lourdes Fuentes Hashimoto de fréquenter les innombrables musées et bibliothèques de la capitale. Sa curiosité et sa soif de connaissances la conduisent là où la culture s'exprime. Dans le même temps, elle se désole de voir à quel point les services d'archives et les bibliothèques sont méconnus des citoyens : "C'est d'autant plus surprenant que la France est un pays qui attache beaucoup d'importance à son patrimoine !".
Le patrimoine, elle va avoir l'occasion d'en voir de près. La France passe en effet pour posséder les plus anciens et parmi les plus beaux fonds d'archives diplomatiques au monde. On y trouve les Traités de Westphalie (1648), d'Aix-la-Chapelle (1748), de Tilsitt (1807) annoté par Napoléon...
Lourdes Fuentes Hashimoto décroche un contrat au service des archives du ministère des Affaires étrangères. "J'ai tout appris au Quai d'Orsay où plutôt à La Courneuve qui accueille le site des archives diplomatiques depuis 2009. C'est la meilleure école mais attention ! Dans ce ministère, on travaille beaucoup, dans l'urgence et on apprend à prendre des décisions très vite. Il faut être capable de trancher un problème très rapidement".
Signaux faibles sur l'open data
Elle travaille donc dans l'élégant bâtiment de La Courneuve dessiné par l'architecte Henri Gaudin, mais très vite, elle effectue également des missions dans divers postes diplomatiques français : Australie, Mali, Mexique... Des pays stables et d'autres qui le sont moins où les archives de l'ambassade doivent être protégées. De ces expériences, elles retient une leçon : "Les archives ne doivent pas être pensées comme une forteresse, mais plutôt comme une passerelle. Je tiens à cette idée car la conception de forteresse ou de bunker est encore majoritaire chez les archivistes".
Depuis 2013, Lourdes Fuentes Hashimoto est responsable des archives électroniques au sein de Total. En arrivant chez le géant du pétrole, elle a trouvé une feuille de route sur son bureau : repenser et réorganiser l'archivage électronique. "C'est une progression dans ma carrière et l'aboutissement de plusieurs années passées dans la technologie", dit-elle.
Son compte Twitter compte aujourd'hui plus de 1 200 suiveurs et lui sert à construire son réseau professionnel. Twitter est également devenu son principal outil de veille. Elle y surveille tous les signaux faibles sur le patrimoine mais aussi l'open data et la visualisation des données.