Sommaire du dossier :
- L'ère numérique annonce-t-elle la fin du document ?
- Sommes-nous entrés dans l'ère post-documentaire ? Voici ce qu'en pensent les internautes
- Evelyne Broudoux : "Un document est une relation sociale instituée"
- Quand les éditeurs dessinent le document de demain
- Portrait d'un nouveau document : l'exemple de Google Docs
D’après un sondage en ligne lancé par Archimag, vous êtes nombreux à penser que le document n’a pas dit son dernier mot. Mais quel serait, selon vous, le document du futur ? Florilège de réponses.
« Selon vous, est-ce la fin du document ? » C’est la question - on ne peut plus abrupte, on vous le concède - que nous avons posée sur Archimag.com et depuis nos réseaux sociaux. Près de 200 personnes ont répondu à cette mini-enquête en ligne (réalisée depuis la plateforme SurveyMonkey entre le 15 février et le 14 mars 2018) et le résultat est sans appel : le document semble avoir de beaux jours devant lui. 94 % des répondants estiment en effet qu’il n’a pas dit son dernier mot, contre 6 % des internautes, qui considèrent sa fin proche, sinon actée.
Changement de paradigme ?
Pour tout vous dire, chez Archimag, nous nous attendions assez à ce type de résultat. Ce ne sont pas tant ces statistiques qui nous intéressaient, mais plutôt les raisons ayant poussé les sondés à répondre « oui » ou « non » à notre question. Argumenter sa réponse n’étant pas obligatoire pour valider sa participation au sondage, et compte tenu du peu de personnes ayant répondu « oui », nous avons choisi de ne partager ici qu’un seul des commentaires de ces dernières (le plus construit) : « Malgré le concept pertinent de redocumentarisation, je pense que nous avons changé de paradigme », écrit cet internaute convaincu de la fin du document ; « nous sommes désormais dans un environnement orienté usager où les notions de données et de ressources dominent ».
Document du futur ?
Vous vous en doutez, les commentaires prédisant une longue vie au document ont été, en revanche, nettement plus fournis. Pour être précis, nous avons demandé aux internautes ayant répondu « non » quel était, selon eux, le document du futur. Le nuage de tags ci-dessous illustre les mots récurrents apparaissant dans leurs commentaires.
Citons d’abord les termes « numérique » et « électronique » qui sont apparus dans plus d’un tiers des réponses. En effet, une grande partie des répondants à notre enquête estime que le document du futur est le document numérique. « Le document est le support de l’information », explique un internaute ; « il peut être physique (CD, papier...) ou numérique (courriels, tableurs...). Le document n’est donc pas prêt de disparaître tant que les données, l’information ont besoin d’un support ». Un autre répondant prédit que le document du futur sera « un ensemble structuré, électronique, traçable et avec métadonnées, pouvant servir de référence ou de preuve ». Beaucoup prédisent également un mélange ou une hybridation, tels que nous les connaissons aujourd’hui, entre le document papier et le document numérique. Ce que confirme un participant, pour qui le document du futur serait « le même que celui d’aujourd’hui, physique et numérique ».
Plébiscite pour le papier et le livre
La grande surprise de notre enquête est le plébiscite pour le papier et le livre, qui ont été cités dans un quart des commentaires : « Le papier va faire son retour suite à des scandales liés aux pertes de données », écrit par exemple un internaute. « Le “document du futur” sera d’une autre forme (numérique), mais existera toujours. Cependant, pour les actes avec forte symbolique (comme en diplomatie), le papier restera », prédit un autre répondant. Signalons également ce commentaire militant : « Envers et contre tout, rien ne vaut le document papier ».
Parmi les occurrences présentes dans les commentaires, citons également le PDF, le multimédia, les vidéos et le web, revenus régulièrement. Tout comme les métadonnées : « Même si son support et sa forme changent, un document sera toujours le résultat d’une information couplée à ses métadonnées », écrit un internaute. D’autres évoquent des documents « techniques », « ouverts interconnectés », « composés, à la volée, sur mesure » ou encore « interactifs », « contextualisés, partagés, co-créés ».
Prédictions
Nous avons également recueilli des réponses surprenantes. Pour un participant, les documents du futur seront ceux « qui survivront aux catastrophes climatiques et aux aléas de l’électronique ». Il ajoute : « On pourrait penser à des recherches sur les matériaux et les textiles innovants et concevoir des supports et/ou formats lisibles dans le temps ». L’un s’interroge : « Ce serait vraiment inquiétant s’il n’y avait plus de document, quelles seraient les traces des actions des administrations ? ». Et quand l’un évoque « le mail amélioré », un autre prophétise : « Un document qui pourra changer tout le temps, mais existera toujours ». Pourquoi pas ?